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CULTURE - La politesse à la chinoise

Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 9 mai 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

Carrousel, en partenariat avec Hong Kong Accueil, propose aux francophones de Hong Kong une série de conférences sur la culture chinoise, pour mieux comprendre les us et coutumes de votre pays d'accueil. La conférence du 3 mai était consacrée à la politesse chinoise.

La scène, qui surprend le nouvel arrivant, est un classique de l'expatrié de longue date : une femme avec une poussette arrive devant une porte, mais personne ne prend la peine de retenir le battant pour elle. Autre cas de figure : le passant qui vous écrase les orteils ne s'embarrasse pas d'excuses, ni ne montre de signe de gêne. Pour les Occidentaux en Chine, la messe est dite : les Chinois sont des rustres.

"On pense souvent qu'étiquette et Chinois, cela ne va pas ensemble, s'amuse Lise Guillon, qui anime la conférence. C'est en réalité tout le contraire : le monde chinois est très protocolaire. Tout est codifié." Tout commence avec Confucius, ou presque. Quelques 500 ans avant J.-C., Confucius vit à une époque de chaos social et de guerres intestines entre les seigneurs locaux. Nostalgique d'une époque où le prince gouvernait par bienveillance et non par avidité, il reprend les textes classiques et met au point une doctrine sociale et politique codifiant les rapports sociaux, qui marque, aujourd'hui encore, le monde chinois.

Bienveillance et bienséance
Le Ren, la bienveillance, et le Li, la politesse, sont ainsi les deux faces d'une même médaille qui permet à l'homme qui s'en donne la peine, d'atteindre la "noblesse de c?ur". Confucius, dans un souci d'harmonie et de paix social, codifie tout, ou presque. Les relations entre le prince et son sujet, entre le père et son fils, entre l'ainé et le cadet, entre le mari et la femme, font l'objet d'instructions très spécifiques, qui imprègnent encore très fortement le monde chinois.

La doctrine de Confucius a une influence encore palpable sur les codes sociaux chinois.

Les exemples abondent, en particulier dans le monde du travail. Il est ainsi malaisé de quitter son lieu de travail avant son supérieur, sauf si celui-ci montre des signes de fatigue : pour lui épargner l'aveu de cette faiblesse, l'employé demande à s'en aller, permettant au chef de quitter le travail tout en maintenant la face. Car maintenir la face est l'un des impératifs fondamentaux de la culture chinoise.

Les trois sphères
"Chaque Chinois gère ses relations selon la règle des trois sphères, détaille Lise Guillon. La première sphère est celle de la famille et repose sur la séniorité. La deuxième englobe toutes les autres connaissances, les amis, les collègues, et repose sur un principe de réciprocité. La troisième, enfin, comprend tous les autres, les inconnus, les étrangers. Confucius n'a pas codifié cette sphère-là. Chacun peut donc faire ce qu'il veut." Si le Chinois se montre donc incivil avec l'inconnu, c'est parce qu'il n'a pas d'obligation morale à être poli avec lui.

La société a beaucoup changé, mais ces principes de relations humaines, ancrés depuis 2500 ans, restent très présents. Rejeté par la Chine communiste et Mao Zedong, qui voyait dans cette doctrine un frein pour l'évolution de la société, le confucianisme a été réhabilité, avec succès, à la fin du XXe siècle, notamment par l'actuel président chinois, Hu Jintao. Par méconnaissance de ces principes, les Occidentaux commettent de nombreux impairs, sans comprendre où ils ont fauté. "Une erreur fréquente des patrons occidentaux est de vouloir rendre les relations plus égalitaires, ce qui désemparent les chinois et produit de mauvais résultats, explique Lise Guillon. Dans le monde chinois, il est conseillé de tenir son rang."

Les conférences de Carrousel
Deux heures, c'est peu pour faire le tour d'une question aussi vaste que la politesse à la chinoise. Grâce à une présentation pédagogique et interactive, cependant, la conférence éclaire aussi bien le nouvel expatrié que l'ancien, qui y trouveront des clefs pour comprendre les réactions de leurs collègues chinois et adopter les attitudes les plus efficaces. Les prochaines conférences portent sur la littérature chinoise (le 24 mai), les quatre grands classiques de la littérature chinoise (le 7 juin) et la doctrine de Confucius (le 14 juin). A ne pas manquer !

Lisa Melia (www.lepetitjournal.com/hongkong), lundi 9 mai 2011

Pour les horaires et les lieux des conférences, consulter l'Agenda du Petit journal, le site de Hong Kong Accueil ou celui de Carrousel.

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Publié le 9 mai 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

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