Entre la diminution de l'objectif de croissance du PIB à 7,5% et l'annonce d'un déficit commercial record depuis dix ans par l'agence Dow Jones, ce début d'année est bien sombre pour l'économie chinoise. En février 2012, les importations ont augmenté de 39,6%, alors que les exportations ont connu une croissance ralentie à 18,4%, générant un déficit commercial de 31,48 milliards de US$
Des ouvrières chinoises produisant du textile à exporter
La Chine connaît son premier mois de déficit commercial depuis un an, après un excédent de 27,28 milliards en janvier. En février 2011, le déficit fut plus faible qu'en 2012, atteignant seulement 7,3 milliards de US$.
Ce début d'année est difficile. Les exportations ont enregistré une croissance de seulement 6,9% (cumul des chiffres de janvier et de février), surpassées par les importations qui ont augmenté de 7,7%, et générant un déficit commercial global de 4,25 milliards de US$.
Sur l'ensemble de l'année 2012, Pékin a prévu une croissance du commerce extérieur de 10%, un objectif qui reste bien éloigné des 22,5% de croissance en 2011 et qui n'est même pas sûr d'être atteint.
Un début d'année délicat
A ce déficit commercial, s'ajoute une croissance de la production industrielle à son plus faible niveau depuis juillet 2009, et de piètres résultats de la vente au détail d'après Junwei Sun, économiste chez HSBC. La situation économique chinoise serait encore plus délicate qu'en 2008, lors de la crise américaine des subprimes.
Le ralentissement de la demande intérieure inquiète également les économistes qui incitent le gouvernement à prendre des mesures adaptées. L'Etat adopte actuellement une politique monétaire expansionniste, en diminuant le niveau des réserves obligatoires des banques pour faciliter le crédit.
Les analystes tentent de rassurer le public en affirmant qu'il est fréquent pour le pays d'enregistrer un déficit commercial en début d'année. Le commerce extérieur chinois s'est contracté en février à cause des festivités du Nouvel an chinois. Les fabricants s'approvisionnent également souvent en composants importés en début d'année, et généreront des exportations plus tard dans l'année, comblant le déficit ponctuel. Cependant, en 2011, le déficit commercial n'atteignait que 890 millions de US$ en janvier et février.
Les répercussions de la crise occidentale
Le déficit commercial mensuel considérable de la Chine serait principalement lié à la contraction de la demande en Europe et aux Etats-Unis, une tendance qui ne risque que de s'accentuer. Ce déficit prouve la dépendance de l'économie chinoise envers les pays industrialisés. L'Union européenne est son premier partenaire commercial avec 79,8 milliards de US$ d'échanges en janvier et février, suivi par les Etats-Unis à 66,05 milliards de US$.
Une croissance des importations
Les douanes ont rapporté un bond des importations, en particulier du pétrole qui a atteint un montant record de 19,47 milliards de US$ pour un volume de 23,64 millions de tonnes. Le prix du baril est en constante augmentation à cause des tensions géopolitiques récentes au Moyen Orient. Les importations de cuivre ont également presque doublé sur un an en février et celles de minerai de fer ont progressé de 34%.
Le désaccord des Etats-Unis et de la Chine enfin résolu ?
Les Etats-Unis accusent fréquemment la Chine de maintenir artificiellement un yuan faible et d'offrir des subventions à certaines exportations pour doper la balance commerciale. En 2011, les Etats-Unis ont enregistré un déficit commercial record de près de 300 milliards de US$ avec la Chine. Les chiffres de février offrent un argument en or au gouvernement chinois qui affirme que la Chine ne profite plus du succès de ses exportations et que le yuan est en train de s'apprécier. Mais les Etats-Unis ne sauraient se reposer sur un déficit chinois mensuel? Si la tendance se confirme véritablement à long terme, les termes du débat changeront, mais nous n'en sommes par encore là.
Clara Leonard (www.lepetitjournal.com/hongkong.html) mercredi 14 mars 2012
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