Intronisée à la tête du gouvernement de Hong Kong samedi 1er juillet, Carrie Lam fait ses premiers pas dans des nombreux chantiers qu'elle espère mener à bien. Nouvelle façon de travailler en politique, relations apaisées avec le parlement et l'opposition, et mesures à court et moyen termes: du changement annoncé.
Une prestation de serment en présence de Xi Jinping, et quelques changements de costume pendant la cérémonie qui défraient la chronique? On peut dire que le début de mandat de Carrie Lam est agité ! Loin de cette mini-polémique vestimentaire, nous faisons un zoom sur les chantiers à venir ou déjà commencés, sur lesquels Carrie Lam va devoir travailler pendant sa mandature.
Une politique plus harmonieuse et exemplaire
Surnommée "CY 2.0" pendant sa campagne, en référence à son désormais prédécesseur CY Leung, Carrie Lam souhaite se démarquer d'un homme qui aura quitté la scène politique avec une cote de popularité au plus bas.
Dans cette optique, elle a déjà cherché à dissiper l'idée que le chef de gouvernement domine le conseil exécutif (ExCo), ce pourquoi CY Leung a été vivement critiqué durant son mandat.
Citant la Basic Law, qui prévoit que le dirigeant peut s'affranchir d'une majorité au sein du gouvernement, elle a précisé: "Je pense, moi comme n'importe quel chef exécutif, qu'aucun d'entre nous ne voudrait voir le gouvernement aller de l'avant sur une décision qui n'a pas réussi à rassembler une majorité. Une manière de faire avancer certaines décisions, serait plutôt d'inviter les membres du conseil exécutif, à échanger leurs points de vue avec les ministres et ce dès les premières étapes de l'élaboration d'une politique".
Plus de dialogue également entre le gouvernement et le parlement, lorsque Carrie Lam ajoute : "Je veux moi-même donner l'exemple en demandant à mes ministres d'avoir plus de contact avec les députés. S'il doit y avoir des lobbies, la tâche leur revient, et à personne d'autre".
Lam a également annoncé qu'elle participera aux sessions de questions-réponses avec le Parlement plus fréquemment que ses prédécesseurs (maximum 4 fois par an, en pratique), et que les grandes lignes de la politique hongkongaise seraient dévoilées en octobre et non pas en janvier.
Une prise en compte plus importante de l'opposition
Alors qu'elle a nommé un ministre et un conseiller du camp pro-démocrate, le président Xi Jinping a approuvé l'équipe gouvernementale. "Un bon signe" pour travailler ensemble, selon Carrie Lam, tant que les pro-démocrates montrent leur attachement au pays et respectent la devise "Un pays, deux systèmes".
Elle envisage symboliquement de rouvrir le Civic Square au pied des bureaux du gouvernement alors que la zone est complètement fermée au public depuis septembre 2014 suite aux protestations du mouvement Occupy.
Deux nominations et une posture pour l'instant saluées par les démocrates, si l'on en croit l'attitude des députés de l'opposition qui se sont levés lors de l'entrée de Carrie Lam dans la Chambre parlementaire, chose qui naguère n'était pas fréquente à cause des tensions entre l'opposition et le gouvernement de CY Leung.
Des priorités, des promesses, des perspectives
A court terme, trois "montagnes" se dressent sur la route de Carrie Lam: la régulation des tarifs du métro, la question des indemnités de licenciement, et la gestion controversée de nombreux commerces par la société The Link (en cause l'inflation des loyers, entraînant celle des produits à la vente). Un point commun à ces trois chantiers, qui va rendre la tâche difficile à Carrie Lam, c'est qu'ils mettent chacun en jeu les intérêts d'institutions puissantes?
Carrie Lam va aussi devoir faire face aux réformes demandées par Pékin :
- la loi sur la sécurité nationale visant à qualifier les actes de trahison, de sécession, de sédition, de subversion
- l'enseignement patriotique qui avait échoué sous CY Leung suite aux mouvement social Scholarism.
- l'ouverture d'un poste frontière Chinois / Hong Kong à West Kowloon en plein coeur de la ville
A cela s'ajoutent de nombreuses problématiques: plan anti-pauvreté, crèches, santé, chômage, vieillesse, retraites, recherche et développement, écologie.... de nombreux dossiers épineux pour Carrie Lam.
Alors que Hong Kong est en excédent budgétaire (935 milliards HKD), on peut supposer que des dépenses vont être attribuées à ces chantiers. Et Carrie Lam y est attentive. Au lendemain de son intronisation, elle visitait les quartiers pauvres de Hong Kong et se rendait dans des foyers pour discuter quelques minutes avec les habitants.
A Chuk Yuen, dans les Nouveaux Territoires où des villageois avaient été relogés pour permettre la construction de la frontière avec Shenzhen, elle a annoncé : "Nous allons développer les Nouveaux Territoires pour construire des habitations dans le futur". La même journée, la nouvelle cheffe exécutive a reçu en mains propres une pétition de la part de militants écologistes venus l'accueillir en personne au centre PMQ à Sheung Wan.