Yeung Tong Lung est un admirable chroniqueur de la vie hongkongaise. Rien n’échappe à son regard : ses paysages urbains, mais aussi ses intérieurs et ses habitants.
Quand certains utilisent leur plume pour décrire une ville et ses personnages, Yeung Tong Lung utilisent le crayon et le pinceau et nous offrent une chronique visuelle et vivante de la cité.
Son sujet de prédilection est un Hong Kong populaire, celui des classes laborieuses peu favorisées, ses appartements exigus encombrés de linge, de meubles, de placards et d’objets, ses immeubles aux murs envahis par des plantes parasites qui dissimulent le délabrement des façades, ses fenêtres à la diversité fascinante qui s’ouvrent sur de minuscules intérieurs surpeuplés.. C’est aussi un peintre de la vie quotidienne : il décrit ses habitants dans leur environnement avec parfois cynisme mais toujours de façon très familière : la clinique du docteur, le labo photo, le restaurant populaire ou l’on vient boire le thé de l’après midi et où les ouvriers viennent faire leurs pauses.
Ses portraits n’ont rien d’hyperréaliste ou d’académique, bien au contraire ses personnages nous sont très proches car ce sont ceux que nous côtoyons constamment dans notre quotidien, dans la rue hongkongaise saisis dans un instant de leur vie. On y ressent la chaleur et l’humidité, la fatigue, l’attente parfois ou simplement l’ennui. Il en est de même dans ses intérieurs où vivent des familles entières occupées à la cuisine, aux devoirs des enfants ou se délassant au majong. Il capture de façon naturelle et avec une apparente simplicité, l’âme de cette cité. Quelques scènes sont étranges, une femme évanouie dans un tramway, quelques acrobates dans un public housing qui ouvre sur une magnifique colline verdoyante, une branche d’arbre, tout est simplement objet à peindre.
Yeung Tong Lung est un peintre très secret que l’on voit rarement en dehors de son atelier, Il n’avait pas exposé depuis dix ans lorsqu’il exposa en 2014, et là ,trois ans plus tard, il montre ses nouveaux travaux qu’il a simplement intitulés «Just Painting » , « seulement de la peinture », car c’est de cela qu’il s’agit, de la peinture avant tout, le plaisir de peindre, il laisse les concepts à sa porte et refuse de faire tout commentaire personnel sur son œuvre. Elle est image et se suffit à elle-même.
De la tendresse et de la poésie viennent illuminer une vie parfois monotone
Loin de tout le brouhaha mondain des vernissages et de tout bavardage, il se consacre entièrement à son travail. Né en 1956 au Fujian en Chine, il est arrivé à Hong Kong en 1973, fit sa première exposition solo en 1986, gagnant sa vie en tant que peintre de fresques murales, photographe et réalisateur de cinéma. Un moment peintre abstrait, il est resté en dehors de la vague du pop art chinois, du réalisme et de l’hyperréalisme trouvant son propre style figuratif : son sens de l’espace lui permet de restituer intérieurs et extérieurs selon des perspectives totalement personnelles, ses intérieurs s’ouvrent toujours sur d’autres ouvertures, portes , fenêtres, reflets dans les vitres qui démultiplient l’espace et nous font pénétrer dans le cœur de la cité. Ce n’est pas une vie en rose qu’il dépeint, il y a souvent une bonne dose d’humour noir dans ses tableaux, mais il ne manque pas de tendresse et de poésie qui viennent alléger la dureté et la monotonie de la vie quotidienne.
Exposition : Yeung Tong Lung "Just Painting" du 12 au 22octobre 2017.
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