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Racheté en janvier par le chinois Fosun, le Club Med a inauguré le 30 juin son premier village balnéaire en Chine au large de Hong Kong, Zuhai et Macao. Un nouveau resort de plus de 340 chambres qui marque l'accélération du développement du groupe dans l'Empire du Milieu. Alors que 6 nouveaux sites doivent voir le jour d'ici 2020, le spécialiste des vacances "all-inclusive" rêve déjà d'une cinquantaine de villages en République populaire.
Depuis 65 ans, le Club Med, s'attache à faire découvrir à ses Gentils Membres (GM) les plus belles destinations de la planète. De Cancun à Phuket, de Kemer (Turquie) aux Maldives, la liste est longue - 66 villages disséminés dans 26 pays - mais la formule reste unique. Pour l'actuel PDG du groupe, Henri Giscard d'Estaing, elle se résume en deux mots : "bonheur et liberté". "Le bonheur, si je veux", disait lui aussi un slogan des années 1980, qui se décline désormais aussi en Chine.
Henri Giscard d'Estaing, Dong'ao Island, le 30 juin 2015 © Florence Morin
"Un marché au potentiel explosif "
Depuis 5 ans, le leader mondial du all-inclusive a fait le pari de faire découvrir aux Chinois l'hédonisme des vacances à la française. En 2010, le groupe a ouvert sa première station de ski à Yabuli près de Harbin avant d'inaugurer trois ans plus tard un premier village "Nature et découverte" au c?ur des monts verdoyants de Guilin, (site classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO). Avec Dong'ao (dont la partie haut de gamme est déjà exploitée depuis l'été 2014), le groupe s'attaque aujourd'hui au segment du balnéaire, sur une île préservée du sud du Guangdong, un petit paradis de la "riviera chinoise" aux allures presque méditerranéennes.
Avec plus de 126,000 GM en 2014 (Hong Kong et Taiwan compris) et un taux de croissance de 18% sur un an, la Chine est désormais un marché-clé pour le Club Méditerranée, le second après la France. "Un marché au potentiel explosif " comme le souligne Gino Andreetta. "Il y a 1,4 milliard de Chinois, qui gagnent de mieux en mieux leur vie. », rappelle le directeur de la division Greater 
Convivialité, cosmopolitisme et lâcher-prise
Dong'ao Island © Club Med
A seulement 27 ans, Fuyo est un adepte inconditionnel du Club Med. En 3 ans, ce cadre chinois de l'industrie Internet a fait six séjours à Yabuli, six à Guilin et quelques autres dans des resorts d'Asie. "J'adore l'enthousiasme des équipes GO. Lors de mon premier séjour, le chef de village m'a organisé un anniversaire très spécial.", raconte le jeune homme quand on lui demande les raisons de tant d'assiduité. "Et puis je me suis fait aussi beaucoup d'amis au Club Med, des amis de tous âges, j'y ai même rencontré ma copine." Winnie, qui est à ses côtés, confirme. "J'étais GO à Binh Danh Island quand nous sommes rencontrés. C'est un boulot incroyable. On rencontre des gens différents, venus de pays différents. Tout peut arriver au Club Med, ça a changé ma vie."
Angie, une jeune Hongkongaise qui vient pour la première fois au Club partage elle aussi cet enthousiasme pour la rencontre et la convivialité cosmopolite. "Le nombre de gens différents que l'on rencontre ici est incroyable. Cela n'a rien à voir avec les resorts chinois. Les GO sont marrants. Leur conversation est très différente de celle des locaux. Ils sont moins timides, plus curieux. Ils ont plus envie de parler, de partager avec nous." Les clients que nous croisons au bar ou sur la plage plébiscitent eux aussi "l'atmosphère internationale" du village balnéaire.
"Ce que les Chinois viennent chercher au Club Med, c'est ce que celui-ci offrait déjà il y a 40 ans : la création de lien.", explique Quentin, responsable des activités loisirs. "ça les éclate de déjeuner avec un Mexicain, et le soir même de danser sur la piste avec des Français, des Mauriciens." "Les Chinois sont très joueurs, très déconneurs," renchérit Vahap, moniteur de voile, "Ils n'attendent vraiment que ça, qu'on les prenne, qu'on les entraine."
Pour Sébastien Portes, directeur du Club Med Hong Kong, la force de la marque en Chine, c'est justement ce "pas de côté", cette expérience du "lâcher prise". "En nous installant en Chine, nous n'avons rien changé. Fosun, qui est arrivé en 2010 au capital et qui en janvier dernier a investi un milliard d'euros pour racheter la marque, ne veut surtout pas qu'on touche à l'ADN français. Après le rachat, il a décidé de maintenir le siège à Paris et le comité de direction en l'état. La marque, il l'a achetée pour vendre la French touch. Les Chinois viennent chez nous par ce que nous sommes français, parce que nous leur amenons le luxe à la française."
Glocalisation
La conquête de l'Empire du Milieu ne se fait pourtant pas sans quelques compromis. Au restaurant French Riviera, multiculturalisme oblige, les dim sum côtoient le b?uf bourguignon et les fromages français. Dans l'ascenseur, point de bouton 4 : le chiffre de la mort a été évacué comme dans de nombreux buildings chinois. Marbres, larges couloirs, chambres immenses, salles de mah-jong et de karaoké? L'hôtel du club 4 tridents, construit par le groupe Gree, partenaire local du Club Med, a d'ailleurs été conçu selon les
Beach party, Dong'ao Island © Florence Morin
Et ces adaptations au marché local ne s'arrêtent pas là. A l'occasion de l'inauguration de Dong'ao, le Club Med a confirmé l'ouverture d'ici 2020 de trois complexes de loisirs à proximité des villes de Pékin, Shanghai et Canton. Labellisés "Club Med Joyview", ces resorts spécialement conçus pour le marché chinois accueilleront la clientèle urbaine des grandes agglomérations. Un développement spécifique qui n'exclut évidemment pas le déploiement de nouveaux villages : une deuxième station de ski est ainsi annoncée à Beidahu dans la province de Jiling pour l'hiver 2017. Deux projets sur l'ile d'Hainan sont également en signature ainsi qu'un troisième dans la province du Yunnan. Six ouvertures chinoises en 5 ans, le rythme est soutenu, ce qui n'est sans doute pas pour déplaire au président de Fosun, Guo Guangchang. Interrogé par le quotidien les Echos, le propriétaire du Club Med table déjà sur ?plus dix villages dans les cinq ans à venir et plus de cinquante dans le futur".
Florence Morin (www.lepetitjournal.com/hong-kong) lundi 13 juillet 2015
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