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CHRONIQUES HONGKONGAISES – Dix ans de tribulations poétiques dans le port parfumé

Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 7 avril 2014, mis à jour le 8 mai 2014

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1997 ? 2007 : dix années essentielles dans l'histoire de Hong Kong, de la rétrocession à la Chine à l'épidémie de SRAS. La perle de l'Orient n'a cessé d'osciller entre Chine et Occident, entre influence communiste et besoin de liberté, entre capitalisme effréné et naissance d'une identité. Gérard Henry, un des plus hongkongais des citoyens français vivant sur cet îlot partagé par 7 millions de personnes, nous conte comme aucun autre quelques moments de vie qui ont jalonné cette décennie

 

Gérard Henry croque désormais la ville autant via ses dessins que ses écrits 

Gérard Henry vit sur l'île de Hong Kong depuis plus de trente ans. Directeur-adjoint de l'Alliance Française et rédacteur-en-chef du magazine Paroles, il signe à partir de 1997 des chroniques diffusées par la Radio Suisse Romande et collabore occasionnellement au Monde diplomatique et à la revue Perspectives chinoises. Chroniques hongkongaises est un condensé d'histoire(s), une décennie de réflexions, tribulations et autres divagations à travers cette ville qui le révulse parfois mais qui n'a jamais cessé de l'étonner, de l'émouvoir et de le fasciner.

Dix années d'histoire hongkongaise traversées au rythme d'anecdotes à hauteur d'homme

Ce recueil, paru en 2008, garde toute son actualité tant Gérard Henry s'attache à nous narrer l'histoire en marche de la Cité-Etat : il nous conte la poésie de cette jungle urbaine et nous fait découvrir ses contrastes saisissants entre traditions et modernité.

Au fil des chroniques, Hong Kong, la perle de l'Extrême-Orient se dessine sous toutes facettes, dans toute sa densité et sa verticalité écrasantes mais sans que jamais l'humain ne soit évincé de cette métropolis car l'homme au coeur de la cité reste le véritable sujet des pérégrinations et observations de Gérard Henry. D'un krach boursier, il retient les offrandes faites aux divinités, les prédictions des géomanciens ou la décompression des traders à Lan Kwai Fong. L'immigration chinoise, il l'illustre par les épouses continentales des pêcheurs hongkongais vouées à vivre cachées sur leurs bateaux dans la crainte d'une descente de police. Politique, culture, schizophrénie entre individualisme forcené et respect des traditions... Page à page, l'on devine peu à peu l'évolution du peuple de Hong Kong qui tente désespérément de se forger une identité propre, nécessaire mais si difficile à acquérir pour ce territoire sans cesse balloté entre l'Angleterre et la Chine.

L'auteur n'hésite pas à jongler de l'anecdotique aux sujets graves. Son acuité à dépeindre les obsessions et les manies des Hongkongais ne peut cacher la tendresse et la curiosité qu'il éprouve pour ce peuple qu'il côtoie depuis plus de trente ans. Et la poésie est omniprésente dans ses chroniques. Pour preuve, cet extrait d'une rencontre incongrue avec une jeune photographe sur le sentier du Dos du Dragon : "Et là soudainement dans le léger creux d'un vallon, la silhouette d'une jeune fille, une Chinoise au long cou gracile, la tête renversée par le ciel. Je m'approchai ? surpris ? "Les nuages, dit-elle, je photographie les nuages. » Elle se tenait là, solitaire, l'appareil photo braqué vers le ciel, laissant glisser de lourdes nuées bleuâtres dans son objectif".

Nostalgie pour les uns, découverte pour les autres, bonheur de lecture pour tous

De culture, il est souvent question mais comme toujours ce qui intéresse l'auteur ce sont autant les hommes qui se cachent derrière leurs ?uvres que les oeuvres elles-mêmes à l'image de "l'empereur de Kowloon" qui introduit et clôt ce recueil de chroniques. Cet homme à moitié fou à l'instar de son île se considérait comme le descendant de l'ancien empereur de Kowloon et ne cessa de défier les autorités anglaises en peignant sur tous les murs de la ville des calligraphies qui auraient pu faire pâlir d'envie les grapheurs urbains contemporains. En 1997, l'artiste qui en refusait le mot, narguait encore de ses pinceaux le dernier gouverneur anglais, Chris Patten, le jour de son départ dans sa Rolls noire. En 2007, il mourut dans l'indifférence de ses compatriotes : l'"empereur de Kowloon" est maintenant disparu, ses calligraphies ont presque toutes été recouvertes et les balayeurs qui l'ont maudit le regrettent. Les Hongkongais qui l'ont aimé sans le savoir ressentent soudainement un vide, comme si la peau de leurs murs s'était figée. Une page est tournée."

Pour les Français et francophones qui ont résidé sur le territoire durant cette décennie 1997-2007, Chroniques hongkongaises de Gérard Henry sont l'occasion d'une lecture nostalgique et d'une redécouverte de la cité. Pour tous ceux qui sont arrivés plus récemment, c'est une introduction idéale à cette île complexe qu'il compare justement à la Métropolis de Fritz Lang : "Construite au rythme des découvertes techniques, elle est née à l'âge du fer, est passée dans celle du béton, de l'acier et du verre, sans jamais regarder vers le passé.". A tous, le recueil offre de magnifiques instantanés, précipités de lumière et de poésie pour mieux se perdre dans l'histoire et la géographie de Hong Kong.

Eric Ollivier (www.lepetitjournal.com/hong-kong), reprise du mardi 1er novembre 2011

Chroniques Hongkongaises de Gérard Henry, Editions Zoe
Disponible à la Librairie Parenthèses, 2/F Duke of Wellington House, 14-18 Wellington Street, Central

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