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Abdellatif Kéchiche était à Hong Kong la semaine dernière pour présenter dans le cadre du French Cinepanorama son dernier film La Vie d’Adèle –Chapitres 1 et 2 – qu’on ne présente pourtant plus, tant cette libre adaptation du roman graphique de Julie Maroh, Le Bleu est une couleur chaude, a fait couler d’encre depuis sa Palme d’Or au dernier festival de Cannes et la polémique qui s’en est suivi.
La polémique

"Banaliser l'homosexualité"

Et c’est bien là l’une des plus belles réussites du film, sans doute bien plus utile à la cause homosexuelle que tous les films militants. "Dans mes films, j’essaye de ne jamais mettre en avant de message politique, de ne jamais aborder frontalement un discours que j’aurais, que j’aborde la banlieue, la communauté immigrée ou l’homosexualité. Pour moi, c’est la meilleure façon de nuire à un message que d’en faire un discours. Je préfère m’attacher aux rires, aux larmes, aux émotions de mes personnages : c’est la meilleure façon de faire passer un message politique ou social. (…) Si j’avais appuyé ici sur le militantisme, le film serait devenu communautaire et uniquement visible par la communauté. Or, j’ai même essayé de faire oublier ce thème pour que les spectateurs puissent s’identifier aux personnages."
Une histoire d'amour universelle

Un roman d'apprentissage
Bien qu’Emma en bon Pygmalion fasse l’éducation d’Adèle, lui apprenne à aimer, à faire l’amour, à manger des huitres, la jeune fille reste largement rétive à son enseignement – elle n’obtient d’ailleurs que 14/20 à l’examen sexuel - car Adèle est bien trop sensuelle, trop pragmatique et instinctive pour se laisser dresser. A la connaissance qui nie et exclut l’autre, elle préfère celle qui se partage et la révèle à elle-même, celle de l’école qui chez Kéchiche est un lieu de générosité, d’inclusion et de salut. Le film multiplie d’ailleurs les scènes de classe et s’ouvre sur un cours de français et une lecture de la "Vie de Marianne" de Marivaux.
Depuis son premier film La Faute à Voltaire, la littérature tient une place prépondérante dans l’œuvre de Kéchiche et tout particulièrement ici dans la vie de son personnage adolescent : "elle participe de la création de son être". Chaque leçon de français, chaque texte lu en classe illustre l’état d’esprit de l’héroïne, préfigure ce qui va suivre comme si tout était déjà là, écrit. C’est d’ailleurs sans doute pourquoi Adèle, devenue adulte, choisit de devenir institutrice, pour retrouver ce cocon de savoir tangible, transmissible car comme toujours chez Kéchiche, en dehors de ce lieu matriciel, tout demeure incertain, chaotique et l’art et la vie chahutent et démunissent tous ceux qui s’y risquent là où l’école donne et console.
Florence Morin (www.lepetitjournal.com/hong-kong/) mercredi 4 décembre 2013
Crédits photos Emmanuelle Delattre - http://www.pixel-eyes.net/
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Infos pratiques: "Blue is the warmest colour" (La Vie d'Adèle) sortira sur les écrans hongkongais le 2 janvier 2014 |
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