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Fraude bancaire: 4 milliards d'euros dans la poche de la présidente de Van Thinh Phat

L’énormité de la somme est à la hauteur de celle du scandale qui agite le Vietnam en ce moment. Truong My Lan, la présidente de Van Thinh Phat, société immobilière aujourd’hui en faillite, a en effet réussi, au cours des trois dernières années à retirer et à détourner à des fins personnelles 4,1 milliards d'euros directement en espèces à la Saigon Commercial Bank (SCB).

Fraude bancaire de Van Thinh Phat par la banque SCBFraude bancaire de Van Thinh Phat par la banque SCB

La somme – exorbitante – se subdivise en 108.000 milliards de dôngs (4,1 milliards d'euros) retiré en directement en espèces et l'équivalent de 14,7 millions de dollars : c’est le total des retraits effectués par Truong My Lan à la SCB entre février 2019 et septembre 2022. C’est en tout cas ce qui ressort des dépositions de son chauffeur, Bui Van Dung, et de son assistante, Tran Thi Hoang Uyen, qui ont été interrogés par les agents du ministère de la Sécurité publique.

La question qui se pose aujourd’hui est bien sûr de savoir comment Truong My Lan a pu percevoir une telle somme en liquide dans un intervalle de temps aussi court.

A chaque fois qu’elle avait « besoin » d’argent, Truong My Lan (photo) sollicitait un prêt auprès des dirigeants de la SCB, lesquels le lui accordaient avec une complaisance qui aujourd’hui, est bien évidemment sujette à caution, d’autant que dans la plupart des cas, les prêts étaient décaissés avant même que les formalités administratives ne soient achevées.

L’argent était ensuite transporté par Bui Van Dung (le chauffeur, donc), soit au domicile de Truong My Lan, dans le 3e arrondissement de Ho Chi Minh-ville, soit au siège de Van Thinh Phat, dans le 1er arrondissement.

Après quoi, il était réparti entre différentes adresses, toujours par l’entremise soit de Bui Van Dung, soit de Tran Thi Hoang Uyen. Qu’est-il devenu ensuite, cet argent ? L’enquête devra éclaircir ce point.

Une technique éprouvée durant une décennie

Ce que l’on sait, en tout cas, c’est que le SCB est sur la sellette. Et pour cause… La participation de Truong My Lan s’y élevait à 91,5% ! A un tel niveau, ce n’est plus de participation, mais bien de mainmise qu’il s’agit. Une mainmise rendue possible par des prête-noms (un actionnaire individuel ne peut pas détenir plus de 5% du capital social d’un établissement de crédit, mais qu’à cela ne tienne), qui aura duré une bonne dizaine d’années.

Cette technique des « prête-noms », Truong My Lan en a également usé et abusé pour contracter des prêts auprès de la SCB. 875 sociétés ou particuliers sont concernés. Tous ont déclaré à la police avoir signé des papiers sous ordre de Truong My Lan, mais n’avoir jamais reçu d’argent.

Au total, ce sont 1.284 prêts qui ont ainsi été enregistrés, avec, au besoin, des garanties falsifiées ou surévaluées, dont la valeur totale s’élèverait à 108.000 milliards de dôngs, si l’on s’en réfère à l’enquête en cours (et non à certaines rumeurs tenaces qui en quintuplent la valeur !).

Des pertes colossales pour la SCB

Pour la SCB, les pertes occasionnées par les retraits de Truong My Lan s’élèvent à 500.000 milliards de dôngs. La banque est pour l’instant placée sous tutelle de la Banque centrale : il s’agit d’éviter que les établissements de crédits dans leur ensemble subissent des répercussions négatives.

En ce qui concerne Truong My Lan elle-même, qui est sous les verrous depuis octobre 2022, le ministère de la Sécurité publique a recommandé qu’elle soit inculpée pour corruption, violation des réglementations bancaires et détournements de fonds. A noter que 85 autres personnes partagent son sort, parmi lesquelles des responsables de la Banque centrale et des cadres de la SCB.

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