La Commission du Mékong (MRC), qui réunit le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam (mais pas le Myanmar et la Chine) a organisé la semaine dernière à Luang Prabang, son 13e forum régional des parties prenantes.
Les intervenants qui se sont succédés à la tribune ont été unanimes à tirer la sonnette d’alarme quant aux impacts du changement climatique sur les pays du bassin du Mékong.
Un constat, tout d’abord. En l’espace de 50 ans, la température moyenne a augmenté de 1,4 degrés dans le bassin du Mékong, et le nombre de jours de précipitations fortes ou moyennes a diminué. C’est en tout cas ce qui ressort du rapport établi en 2023 par la Commission.
Une situation de plus en plus inquiétante
Comme l’a fait remarquer Annoulak Kittkhoun, le directeur exécutif de la Commission du Mékong, le rythme d’écoulement du fleuve a lui aussi changé : il est au-dessus de son niveau moyen en saison sèche et au-dessous en saison des pluies, ce qui a un impact considérable sur le phénomène de flux inverse qui se produit d’ordinaire au niveau du lac Tonlé-Sap, au Cambodge, et des répercussions pour le moins préoccupantes en termes de salinisation des terres au niveau du delta, c’est à dire dans le Vietnam méridional.
La quantité de sédiments a également diminué de manière significative, ce qui crée de l’instabilité pour les berges et une érosion côtière inquiétante.
Faut-il le préciser ? La production agricole et aquacole s’en trouve grandement affectée, notamment dans le delta.
Le grenier du Vietnam menacé
Nguyen Nhan Quang, qui fut en son temps secrétaire adjoint du comité national du Mékong, a estimé que la Commission du Mékong aurait tout intérêt à se collaborer avec la Chine pour étudier le débit hydrologique du fleuve : c’est ce qui s’appelle remonter à la source du problème, au sens propre comme au sens figuré.
Le gouvernement vietnamien, lui, n’entend pas rester les bras croisés. Il vient par exemple d’annoncer une aide de 4.000 milliards de dôngs pour aider 13 localités du delta à lutter contre l’érosion.
« La lutte contre l’érosion des berges et des côtes est une priorité absolue, de même que la protection des vies et des biens », a ainsi déclaré le vice-Premier ministre Le Minh Khai.