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L'« Oncle Ho », Mais qui était donc Ho Chi Minh ?

Au Vietnam, son portrait est partout. Il a donné son nom à la capitale économique du pays et on en entend parler comme étant « l'Oncle Ho » (ou « Bac Ho »). Mais qui était donc Ho Chi Minh ?

L'« Oncle Ho », Mais qui était donc Ho Chi Minh ?L'« Oncle Ho », Mais qui était donc Ho Chi Minh ?
Crédit : Freelensia
Écrit par Maud Joulié Moly
Publié le 12 juillet 2023, mis à jour le 29 juillet 2023

Ho Chi Minh naît en 1890 près de Vinh sous le nom de Nguyên Sinh Cung (il sera renommé plus tard Nguyên Tât Thanh). Son père est un lettré, fonctionnaire et nationaliste.

L'enfant grandit à Hué, où il suit un enseignement classique de littérature et calligraphie. Il voyage à travers l'Annam, le Tonkin et la Cochinchine pour parfaire sa maîtrise de la langue.

Les voyages et l'éveil de sa conscience politique

En 1911, Il s’engage comme apprenti cuisinier sur un navire français. Il débarque en France et depuis Marseille rejoint le Havre pour se rendre en Amérique.

Ho Chi Minh dans les années 1910
Ho Chi Minh dans les années 1910 - photo Freelensia

Aux États-Unis, sa conscience politique se forme peu à peu au fil de ses expériences. Il assiste par exemple, impuissant, à des lynchages d'Afro-Américains par le Ku Klux Klan, et rencontre des nationalistes coréens en lutte contre les velléités hégémoniques japonaises.

Après un passage en Afrique de l'Ouest et au Maghreb, il retourne en Europe pour s'y installer. A Londres puis à Paris, il effectue des travaux variés : jardinier, balayeur, serveur, chauffeur, nettoyeur de routes, chauffeur de salle, retoucheur de photos.

Les débuts de l'anti-colonialisme

Le jeune homme se révèle doué pour l'apprentissage du français, de l'anglais, de l'allemand et du mandarin. Cela lui permet de faire des rencontres et de progressivement structurer sa pensée anti-coloniale. En 1920, lors du Congrès de Tours, il est l'un des premiers membres du Parti communiste français, qu'il a participé à fonder. Il commence à militer pour l'indépendance de l'Indochine.

Ho Chi Minh commence à apprendre le russe en 1923 en Union Sovietique
Ho Chi Minh commence à apprendre le russe en 1923 en Union Soviétique - photo Freelensia

Le Komintern (Internationale) à Moscou repère son profil et l'invite à rejoindre la Chine pour y développer le mouvement communiste. En 1930, à 40 ans, il met sur pied le Parti communiste indochinois à Canton (Guangzhou) et fonde l'Association de la jeunesse révolutionnaire du Vietnam.

Ho Chi Minh en prison

En 1931, les discours d'Ho Chi Minh inquiètent la métropole, qui décide d'organiser son arrestation par l'intermédiaire du gouvernement britannique de Hong Kong, l'accusant « d'activités révolutionnaires ». Il reste deux ans à la prison Victoria, et à sa libération, retourne à Moscou où il devient un cadre important de l’Internationale.

En 1941, il retourne au Vietnam 30 ans après l'avoir quitté. Avec Pham Van Dong, futur Premier ministre du Vietnam indépendant, et Vô Nguyên Giap, futur chef de l'Armée populaire vietnamienne, il crée le Viet-minh pour repousser l’invasion japonaise.

La lutte contre le Japon

Alors qu'il cherche refuge à Canton, Tchang Kaï-chek, chef chinois anticommuniste, le fait arrêter. Les États-unis voient en sa personnalité un intérêt pour la lutte contre le Japon et organisent donc sa libération. A sa sortie, il se surnomme Hô Chi Minh, « Celui qui éclaire », et rallie la résistance vietnamienne contre le Japon en Indochine.

Proclamation unilatérale d'indépendance

Au printemps 1945, les Viet-Minh, qu'il dirige désormais, contrôlent de plus en plus de territoire dans le Nord. En août, alors que le Japon s'apprête à se rendre, il profite de l'occasion pour appeler au soulèvement général : c'est la Révolution d'Août. Ses troupes s'emparent de Hanoi. Le 2 septembre, les Japonais quittent le Vietnam et il proclame le jour même la République Démocratique du Viêt-nam indépendant.

Or ce n'est pas l'avis de la Chine ni de la France qui cherchent tout deux à rétablir leur autorité sur leurs anciennes possessions. L'accord d'autonomie négocié n'est accepté par aucun des camps et donne lieu à la première guerre d'Indochine (1946-1954).

Les guerres d'Indochine

À l'origine, Ho Chi Minh entend conserver le soutien des États-Unis dans son combat contre les Français. Or dans un contexte de « Peur rouge », les EUA soutiennent le bloc occidental avec des envois importants de fonds et de matériel. La bataille de Diên Biên Phu en 1954 est décisive. Les accords de Genève, signés en juillet, accordent l'indépendance au Laos, au Cambodge et au Vietnam, et sépare le pays en deux zones : Ho Chi Minh dirige le Nord, communiste, et le Sud pro-occidental est confié à Ngo Dinh Diem.

Presque une décennie plus tard, Ho Chi Minh, épaulé par l'URSS, envahit le Sud du Vietnam dans l'objectif de réunifier le pays. Les États-Unis ne supportent pas cette offensive et cela donne lieu au résultat bien connu de la seconde guerre d'Indochine (1963-1975).

Ho Chi Minh continue de diriger le Nord Vietnam jusqu'à sa mort en septembre 1969. Six années plus tard, le rêve de sa vie s'accomplira avec la victoire du Nord et la réunification du Vietnam. La même année, Saigon sera re-baptisée de son nom. Il est embaumé et repose dans le mausolée à Hanoï, contre sa volonté : il souhaitait que ses centres soient dispersés dans le nord, le centre et le sud du Vietnam.

Mémoire nationale

Son rôle déterminant dans l'avenir du pays, mais aussi sa barbe reconnaissable et ses prises de parole percutantes lui ont valu de devenir une véritable icône du Parti communiste vietnamien, qui dirige le pays depuis maintenant presque 50 ans.

On lui doit notamment les citations bien connues : « C'est le patriotisme, et non le communisme, qui m'a inspiré » ou encore « Rien n'est plus précieux que l'indépendance et la liberté », qui permettent de mieux comprendre le Vietnam d'aujourd'hui.

Maud Joulié Moly,
Publié le 12 juillet 2023, mis à jour le 29 juillet 2023

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