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Opération Baby-lift : l’exfiltration tourne au tragique

Avril 1975. Le Sud-Vietnam est à l’agonie. Le mois de mars, qui a vu les troupes nord-vietnamiennes s’emparer des Hauts plateaux et des principales villes côtières du Centre, lui a sans doute été fatal. Pour les Américains, dont les troupes se sont retirées du Vietnam en vertu des Accords de Paris de janvier 1973 mais qui auront soutenu le régime de Saïgon à bout de bras, c’est un coup dur. A mesure que l’effondrement du régime sudiste se profile, la question d’une évacuation massive se précise.

Opération Baby-lift : l’exfiltration tourne au tragiqueOpération Baby-lift : l’exfiltration tourne au tragique
Écrit par Lepetitjournal Ho Chi Minh Ville
Publié le 14 mai 2025, mis à jour le 15 mai 2025

Très vite, se pose celle du sort des métis nés de pères GI et des orphelins de guerre en cours d’adoption, aussi bien aux Etats-Unis que dans un pays tiers comme la France ou l’Australie, par exemple. Le Président Ford décide donc de les faire rapatrier aux Etats-Unis au plus vite. Aussi déclenche-t-il l’opération Baby-lift, qui va consister en une exfiltration - aussi rapide que possible - de plus de 2.000 enfants.

 

Cinquante ans après, cinq rescapés du crash du 4 avril 1975 se retrouvent au Vietnam pour les commémorations. On a pu échanger autour de leur histoire, leur parcours, leur lien indescriptible:

 

Revenons donc à l'opération Baby-lift ...

 

Ford donne l’ordre à l’ambassade des Etats-Unis à Saïgon de tout faire pour faciliter l’opération, c’est-à-dire de ne pas se montrer trop regardant sur les formalités, et à l’armée de l’air d’organiser les premiers vols.

 

Graham Martin, l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de la République du Vietnam, fait alors affréter un Galaxy de l’armée américaine, un C-5 A, pour le tout premier vol. Nous sommes le 4 avril.

 

Lorsqu’il atterrit à Tan Son Nhut, le Galaxy débarque armes et munitions. Deux cent quarante-trois orphelins, certains handicapés, attendent dans des bus surchauffés. Il faut en effet une autorisation de départ qui ne peut relever que d’une décision exceptionnelle. Les autorités décident alors qu’une lettre envoyée quelques jours plus tôt au Premier ministre sud-vietnamien par un de ses adjoints chargé des affaires de santé pour l’informer de la situation a valeur de visa collectif ! Il faut dire que la lettre en question était demeurée sans réponse : qui ne dit mot consent.

 

La presse a été convoquée pour l’occasion. Belle histoire en perspective, good story : on débarque des armes et on embarque des enfants.

 

Pour accompagner les enfants, l’ambassade américaine a dépêché du personnel médical et même des épouses d’employés. Plus de soixante adultes monteront ainsi dans l’avion. Cent soixante enfants occupent le pont supérieur, attachés deux par deux sur les sièges. Emmitouflés dans des couvertures, les autres sont relégués dans la soute à bagages.

 

A bord d’un vol Baby-lift

 

L’avion décolle enfin, peu après 16 heures, lourdement chargé. Mais dix minutes plus tard, on entend une explosion : les portes arrière ont été arrachées. Le Galaxy commence alors à perdre de l’altitude. Les masques à oxygène tombent du plafond, mais il n’y en a pas assez et d’ailleurs, comment un bébé s’en servirait seul ?  

 

L’appareil tente de revenir à son point de départ (l’équipage ignorait que l’aéroport le plus proche était alors celui de Vung Tau) mais il s’écrase dans une rizière, non loin de Tan Son Nhut. Aussitôt alertés, des hélicoptères arrivent sur le lieu de la catastrophe, mais pour découvrir un spectacle apocalyptique : certains enfants ont été projetés dans la boue de la rizière. On en récupèrera une soixantaine. Les autres ? Morts.


 

L’appareil a été coupé en plusieurs morceaux…
L’appareil a été coupé en plusieurs morceaux…


 

Emotion internationale.
Emotion internationale.


 

A bord du Baby-lift qui atterrit le 5 avril à San Francisco
A bord du Baby-lift qui atterrit le 5 avril à San Francisco


C’est donc sous de très mauvais auspices que débute l’opération Baby-lift. Il n’empêche. Elle se poursuivra jusqu’au 26 avril. Le Président Ford ira lui-même accueillir les survivants du crash à l’aéroport de San Francisco, le 5 avril. On estime à plus de 3.000 le nombre d’enfants qui ont ainsi pu être exfiltrés du Sud-Vietnam en avril 1975 avant d’être adoptés un peu partout dans le monde.

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