En principe, il n’y a plus de cimetière français au Vietnam. Suite aux accords conclus en 1986 entre la France et le Vietnam, 27.000 dépouilles ont été rapatriées et placées dans la nécropole nationale de Fréjus, qui a vocation à les accueillir. Toute règle a néanmoins ses exceptions, et quelques tombes sont restées en terre vietnamienne. Il y a bien sûr celle d’Alexandre Yersin, à Nha Trang, mais il y a aussi celles des soldats, français et espagnols, de l’expédition Rigault de Genouilly (1858), qui se trouvent quant à elles à Danang.


Charles Rigault de Genouilly (1807-1873) a été amiral de France et ministre de la Marine et des Colonies sous le Second Empire. Il est connu dans l’Histoire pour avoir pris la tête du corps expéditionnaire qui s’est emparé de Danang en 1858, puis de Saïgon l’année suivante, marquant ainsi les débuts de la présence française au Vietnam.
Le corps expéditionnaire de 1858 comprenait donc des soldats français, mais également des soldats espagnols. Il s’agissait alors - officiellement tout du moins - de venir en aide aux missionnaires catholiques (français et et espagnols, pour la plupart) qui étaient persécutés par l’empereur Tu Duc, ce qui explique… Mais la France de Napoléon III, elle, avait un véritable dessein colonial, contrairement à l’Espagne du XIXe siècle, éreintée par la perte de ses possessions latino-américaines…


Un lieu de mémoire et de paix
De toute cette aventure, il reste aujourd’hui un cimetière franco-espagnol, qui se trouve donc à Danang, à proximité du port de Tien Sa, là où Rigault de Genouilly a débarqué en 1858.
Il reste actuellement un ossuaire, entouré d’une trentaine de tombes. Certaines d’entre elles sont surmontées d’une stèle indiquant un nom et une année de décès (« Don Juan Romani, mort au combat en septembre 1858 », « Anton Labra, capitane du Génie, né à Lille en 1820, décédé à Danang en 1858 »…).
Il est à noter que beaucoup de ces combattants ne sont pas morts les armes à la main, mais plutôt des affres du climat et de maladie telles que le typhus, le scorbut, le choléra, la dysenterie…
Le Vietnam de l’époque (qui ne s’appelait pas encore Vietnam mais Daï Nam…) était rude, pour les Européens !


Une visite qui ramène aux débuts de l’ère coloniale

Pour les autorités locales, le fait que des « colonisateurs » reposent ainsi en terre vietnamienne ne pose pas de problème aujourd’hui. Le Vietnam est un pays qui a pour tradition d’honorer les morts et qui, après avoir connu tant de guerres, souhaite désormais se faire l’apôtre de la paix.
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