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Les Enfants du Dragon : un second bâtiment et une crèche à venir

les enfants du dragon les enfants du dragon
Écrit par Loanne Jeunet
Publié le 29 novembre 2018

Marc De Muynck est l’un des 5 finalistes du Trophée Social et Humanitaire, des Trophées des Français d’Asie. Originaire du Nord de la France, le presque septuagénaire a choisi de consacrer sa vie à l’enfance vietnamienne, grâce à l’association Les Enfants du Dragon, qu’il a co-fondée en 2007. Interview. 

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S’il a participé aux Trophées des Français d’Asie, ce n’était pas pour valoriser son propre parcours, mais surtout pour éclairer son projet de construction d’orphelinat, démarré il y a deux ans maintenant. Homme hautement engagé envers son prochain, particulièrement auprès des enfants, auxquels il consacre tout son temps depuis qu’il est à la retraite, Marc De Muynck a d’abord tenté de monter un projet humanitaire en Birmanie. Les modalités pour une autorisation de séjour longue durée étant trop compliquées, il s’est orienté vers le Vietnam, précisément à Saigon, où il s’est installé, et où il a co-créé l’ONG Les Enfants du Dragon.

Lepetitjournal.com : Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vous, votre parcours ?

Marc De Muynck : Je suis retraité depuis 2000, j’ai 69 ans. J’ai mené une carrière militaire pendant 32 ans. J’ai un garçon et deux petits-enfants. Je n’ai pas un tempérament à rester à la maison ou à aller dans un club d’anciens, c’est pourquoi j’ai commencé à voyager seul en Asie ; en premier lieu le Vietnam, ensuite d'autres pays d'Asie : Laos, Cambodge, Thaïlande, Birmanie, et Inde. A cette époque-là, j’avais envie après mon mini-tour du monde, d’entreprendre quelque chose de plus personnel, m’impliquer auprès des personnes démunies. Beaucoup de gens vivent dans des conditions très précaires, dans la misère. Je préférais me tourner vers ces gens-là plutôt que de « passer une bonne retraite », comme disent les copains. En 2006, après l’échec de mon installation en Birmanie, j’ai fait une mission auprès d’une ONG suisse au Vietnam. Je devais endosser le rôle d’enseignant, et du jour au lendemain, j’étais prof de français, sans aucune formation. Ce n’était pas comme cela que j’imaginais l’humanitaire. Je suis revenu l’année suivante pour aider les pauvres, ce qui était mon objectif premier. J’ai commencé par les chantiers de construction au nord de Saigon, avant de demander le soutien d’un ami vietnamien en France pour créer une ONG. On a commencé à varier toutes les activités, et l’association Les Enfants Du Dragon est née.

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Le 1er bâtiment de l'orphelinat, inauguré en novembre 2016. 

Une journée type de votre quotidien vietnamien ?

Il n’y a pas vraiment de journée type… Entre juin et août, voire début septembre, c’est là qu’arrivent le plus de volontaires, en général des étudiants européens. Je consacre mon temps à les aider sur toute cette période. Il faut les loger, les aider quand ils ont un problème, sans compter qu’il y a la barrière de la langue donc ce n’est pas toujours facile pour eux. La plupart sont affectés aux chantiers de construction de maison. Je n’accepte que très rarement les volontaires dans les orphelinats : le fait que des enfants voient des gens défiler sans cesse me gêne, ça les perturbe. Il y a des exceptions cependant, dans le cas où ces jeunes viendraient pour une période de longue durée, avec de vraies compétences. Sinon, mon quotidien consiste à mener avec mon équipe de petites actions auprès de provinces qu’on soutient, au Sud du Vietnam, proches de Saigon.

Décrivez-nous ces actions auxquelles les Enfants du Dragon prennent part ?

Toutes nos actions concernent l’enfance. Nous soutenons trois foyers - l’appellation orphelinat étant réservée seulement aux organismes d’état, qui ont peu de moyens matériels et financiers. La plupart du temps, les enfants recueillis ont été abandonnés par des mamans souvent jeunes, qui n’acceptent pas leur maternité. C’est un problème surtout social. Il n’y a pas tant d’orphelins que ça finalement. On aide aussi une petite école d’affection, (une école qui accueille des enfants pauvres sans papiers et où 3 à 4h de cours par jour sont dispensés par de jeunes enseignants ou professeurs à la retraite), ainsi en sortant du primaire, ils savent lire et écrire.

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Une des 131 maisons de charité construites à l'initiative des Enfants du Dragon.

Nous construisons des maisons de charité, jusqu’ici 131 ont été érigées. Elles sont destinées à des familles pauvres avec enfants, que nous choisissons avec la Croix Rouge. Nous assurons aussi un suivi. Par exemple, pour le cas d’une femme qui avait un travail mais qui ne peut plus s’y rendre parce qu’elle est tombée malade, et sa mère trop âgée pour travailler : mon assistante est partie faire un bilan complet de la situation et je vais lancer un appel aux parrainages. Nous faisons des actions ponctuelles mais nous les prolongeons aussi. Autrement, on entreprend du forage de puits, dans des endroits où l’eau n’est pas distribuée par le réseau public. Toujours avec la Croix Rouge, on choisit des familles qui n’y ont pas accès et on leur fournit des cuves qu’ils remplissent à la saison des pluies et qu’ils peuvent utiliser à la saison sèche.

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Des habitants et leur citerne d'eau pluviale

En 2016 vous avez entamé ce que vous appelez votre « projet de cœur », la construction d’un orphelinat dans la province de Long An à Cần Giuộc dans la banlieue de Hồ Chí Minh Ville.. Elle devait initialement être achevée en 2017. Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Il y a deux ans, en novembre 2016, le premier bâtiment a été inauguré. J’ai eu des difficultés à obtenir toutes les autorisations, l’administration est complexe, il faut être patient. C’est du pas à pas. Il a fallu 18 mois pour avoir l’autorisation officielle (que j’ai eue au mois d’avril dernier). La Fondation Abbé Pierre a été donatrice majoritaire pour la 1ère tranche de travaux, mais des entreprises et des particuliers ont aussi participé. Le mois prochain, principalement grâce au soutien de la "Fondation Tryba - A world for children" on démarre la construction du deuxième bâtiment, qui devrait être achevée fin mai 2019. On ajoutera également une crèche qui sera fréquentée par nos enfants - les petits de 1 à 6 ans -, mais elle accueillera aussi les enfants pauvres de la zone de Can Giuoc, en liaison avec la Croix Rouge. A l’étage, je prévois de faire deux dortoirs pour accueillir les volontaires qu’on reçoit en cours d’année. J’ai bon espoir que mi-2019, on ait terminé toutes les grandes opérations de construction.

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Plan de l'orphelinat achevé, d'ici 2019

J’ai aussi commencé à installer un espace aquaponie : je voudrais qu’on devienne autonome, afin de ne plus avoir le souci de courir après les donateurs. Ce sera suffisant pour nourrir les enfants et le personnel. Ensuite, nous avons une ferme de spiruline qui peut générer des bénéfices. On pourra faire pousser des légumes qu’on revendra plus tard. Objectif : arriver à l’autonomie complète de l’orphelinat avec nos propres productions. Nous fonctionnons aussi avec l’énergie solaire, ce qui permet de faire de grosses économies ; je tente de trouver des solutions de développement pérennes.    

Vous évoquiez dans votre candidature aux Trophées d’Asie votre « dernier grand projet », et espériez avoir assez de temps pour le finir. Est-ce à cause de la lenteur de la construction que vous dites cela, ou pour une raison plus personnelle ?

C’est relatif à ma longévité (Rires) j’ai presque 70 ans, je suis conscient qu’on n’est pas éternel. J’ai eu moi-même plusieurs accidents de parcours, qui peuvent me faire penser qu’un jour ou l’autre ça va s’arrêter. Je suis en train de mettre en place les personnes qui vont prendre la suite parce que je ne voudrais pas que tout ce que j’ai entrepris jusqu’ici tombe à l’eau. Combien de temps vais-je encore pouvoir conduire ce projet ?

L’orphelinat prévoyait une capacité de 100 enfants. Combien de petits pensionnaires y vivent aujourd’hui ? Quels âges priment ?

Aujourd’hui, 7 bébés, peuplent l’orphelinat, et 11 personnes (employés salariés) s’en occupent. J’en ai eu 8 pendant 2 jours : une jeune fille de 16 ans a abandonné son bébé sous la pression de sa mère, et de son petit ami qui ne voulait pas reconnaitre cette paternité. Mais la famille du garçon a dû à son tour faire pression car deux jours après, les deux parties sont venues et ont demandé à reprendre l’enfant.

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Effectivement à terme l’orphelinat devrait pouvoir accueillir une centaine de petits, de 0 à 10 ans, car c’est plus facile pour l’éducation. Un enfant qui a eu une expérience dans la rue aura plus de mal à revivre en société.  Ensuite, on les gardera jusqu’à l’âge de 18 ans minimum. S’ils veulent faire des études on les accompagnera, et de la même manière nous accompagnerons ceux qui préfèrent des formations professionnelles. Je prévois d’ailleurs de faire des ateliers de formation professionnelle, mais j’ai le temps de m’organiser d’ici là ! (Rires)

De quoi l’association a-t-elle le plus besoin aujourd’hui ?

Nous avons surtout des besoins pour l’orphelinat. Un bébé coûte très cher, rien qu’en lait et en couches ça fait 100 euros par mois, il faut aussi rémunérer les nounous, à hauteur de 240 à 250€ par mois… Il y a 7 bébés, 6 nounous, 1 assistante, 1 secrétaire-comptable, 2 gardiens et 1 femme de service)… Faites les comptes ! L’orphelinat et les foyers soutenus nécessitent aussi des fournitures scolaires, des produits pharmaceutiques et d'entretien. Heureusement, nous avons quelques donateurs, et parfois des dons en nature ! L’autre jour, une jeune fille est venue apporter du lait, des couches et des produits d’entretien.

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Journée Portes Ouvertes 

Quels sont vos projets, si vous en avez ? Qu’ils concernent Les Enfants du Dragon ou autre chose ?

Mon projet principal est bien sûr de terminer tous les grands travaux. Ensuite, de faire les finitions : j’aimerais créer un espace de jeux extérieur, faire une petite piscine. Ce matin j’ai vu quelques modèles dans le quartier des expat’. Quand tout sera achevé, j’aurai l’esprit tranquille. À mon âge, des projets personnels, je n’en ai plus, hormis ceux de l’orphelinat. Ma principale préoccupation, c’est que tout aille bien pour les enfants.

Mon objectif, dans cette démarche journalistique, c’est surtout qu’on parle de l’association. Je relance la dernière tranche de travaux, alors sait-on jamais. Des lecteurs seront peut-être intéressés pour nous apporter leur aide. On a toujours besoin de donateurs, pour atteindre peut-être l’autonomie complète de l’orphelinat, sans souci de recherche de fonds permanente. 

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Si vous souhaitez soutenir Les Enfants du Dragon : 

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loanne jeunet
Publié le 29 novembre 2018, mis à jour le 29 novembre 2018

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