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GERMAIN – "Le Vietnam est parfait pour lancer un concept sans prendre trop d’engagements ou de risques"

Écrit par Lepetitjournal Ho Chi Minh Ville
Publié le 10 août 2016, mis à jour le 11 août 2016

Germain, au Vietnam depuis maintenant 3 ans, a lancé dernièrement "MarketOi", startup qui livre des repas ou des courses sur demande, de magasins tiers. Pour Lepetitjournal.com Ho Chi Minh Ville revient sur son parcours d'expatrié et ce qui l'a amené au Vietnam.

Lepetitjournal.com/Hochiminhville : Bonjour Germain! Depuis combien de temps es-tu à Saigon?

Germain : Salut, moi c'est Germain, et je suis au Vietnam depuis 3 ans. En 2013 j'ai décidé de m'expatrier. A ce moment-là, j'avais un studio sympa à Paris, un bon poste chez un opérateur télécom ; ma vie s'installait tranquillement. Journées rythmées entre vie perso et vie pro.

Et il y a ce rêve d'ado que je nourrissais déjà depuis quelques années : m'expatrier, loin, où ça n'a rien à voir. Besoin de sortir de Paris, où je vivais depuis mon enfance.

Au fond, je suis attiré par l'Asie du sud-est: le dynamisme, l'esthétique, le climat ; et je veux savoir ce que ça fait de vivre là-bas. Pas juste un voyage touristique de 3 semaines.

A un moment, début 2013, tout s'est aligné dans ma vie : pro comme perso, c'était le moment.

 

Pourquoi Ho Chi Minh Ville?

Parce que Hong Kong ou Singapour, je trouvais ça trop « développé » - ou pas assez dépaysant -, et parce que Phnom Penh ou Vientiane, peut-être trop rural par rapport à ce que je recherchais. Saigon et Bangkok se présentaient comme les 2 bons compromis possibles. J'avais voyagé et aimé le Vietnam alors ça s'est fait comme ça : partons à Saigon, et éventuellement on bougera ensuite.

Puis j'ai commencé à rencontrer des gens sympas, qui sont devenus des potes très vite. Des opportunités de boulot en IT se sont présentées assez vite, aussi. Alors je me suis dit que j'étais au bon endroit.

 

Et puis cette envie de startup??

Cette expatriation au Vietnam était liée aussi à une remise en question, un mid-life crisis peut être. Après quelques mois ici, un nouveau déclic m'a fait réaliser un peu violemment que je n'étais pas éternel. On le sait, c'est rangé quelque part dans la tête, mais on n'y pense pas forcément.

Cette prise de conscience allait, à partir de ce moment, conduire mon quotidien; il devenait urgent de passer à l'acte.

Avec un concept en tête, j'ai décidé de me lancer.

C'était donc la réalisation de 2 grands rêves en moins de 6 mois. Il me faudra un peu expérimenter et chercher avant de trouver le bon projet.

 

D'où t'est venue l'idée de monter MarketOi, et de proposer un système de livraison regroupé ?

L'idée est venue de la lecture d'un article sur Instacart, la célèbre marketplace d'épicerie en ligne aux Etats-Unis. J'ai trouvé le concept excellent. A adapter au Vietnam? En quelques mois, et après quelques brainstorms entre potes, je décide de franchir le pas.

C'est simple: livrer des courses ou repas sur demande, de magasins tiers. Tout de suite, un ?shopper? dédié part vous chercher vos légumes, un smoothie, un Mc Do... d'un magasin ou plusieurs. En général, on livre en 30 minutes. Par exemple, ça permet de livrer des fruits et légumes bio ou des viennoiseries de qualité à des personnes qui ne sont pas à côté des rues commerçantes comme Thao Dien.

L'idée c'est de faciliter la vie des gens. Plus de temps libre pour soi et être dépanné quand on est à la bourre. En quelques clics, on s'occupe de vous.

 

Quelles ont été les difficultés rencontrées? Les facilités?

Très vite, tout s'est mis en place.

En moins de 3 mois, fin juillet 2015, MarketOi est lancé en « bêta » : phase de test avec les premiers utilisateurs,des amis ou amis d'amis. A partir de là, la communauté d'utilisateurs s'est développée, sans qu'il y ait de lancement officiel. Et depuis ça grossit, en s'accélérant. Ce qui a marché tout de suite, c'est la livraison de petits déjeuners le weekend. Maintenant, on a de plus en plus de livraisons de dîners.

Les difficultés viennent surtout plus tard, quand le projet a 6 à 9 mois, et que ça prend de l'ampleur.

Les sujets à traiter se sont multipliés, il faut rentrer dans les clous : renforcer la structure légale, industrialiser les processus opérationnels et business? Côté humain, il faut gérer les talents, et parfois l'usure liée au projet, tout comme le turn-over.

Heureusement, ce challenge accru vient à un moment où le nombre de commandes augmente et les clients en redemandent. C'est le meilleur carburant possible pour le moral des troupes, et ça aide à passer les difficultés.

 

 

Selon toi, le Vietnam est-il un pays propice à ce type de business? Aux startups en général?

Le Vietnam est très bien pour lancer un concept sans prendre trop d'engagements ou de risques, pour ?bootstrap?:
? La communauté d'entrepreneurs est vivante et impliquée dans le partage de conseils. Beaucoup d'excellentes rencontres.
? Des informaticiens doués et avec un salaire raisonnable
? Une population importante et technophile à Saigon, curieuse de jouer avec une nouvelle app et partageant sur facebook

Bref, le Vietnam réunit beaucoup de critères favorables. Après, il faut fidéliser le staff, car ils peuvent aussi quitter le navire du jour au lendemain. Ça passe par le partage de ce qui se passe dans la startup, la raison d'être du projet, la création et le maintien de l'esprit d'équipe (nhau et karaoké, j'aime bien cette manière de faire)...

 

Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un souhaitant se lancer dans l'aventure, et monter sa startup?

Pour un entrepreneur qui voudrait se lancer ici, je conseillerais premièrement de dérouler le projet assez vite, car si l'idée est bonne, on ne reste pas longtemps seul sur le créneau, ensuite bien fidéliser ses équipes, enfin s'intéresser assez tôt aux aspects légaux (trouver un bon avocat branché startups, créer la boîte, écrire les contrats, ?)

Et pour quelqu'un qui hésiterait à lancer son idée: en quelques semaines et avec quelques centaines de dollars, on peut commencer avec une vidéo qui illustre le concept.

Ça permet de faire réagir les gens, l'entourage, déjà.

Ensuite on peut aller plus loin, faire un prototype et à partir de là, une série contrôlée de « stop ou encore » s'en suit, le tout infusé d'une bonne dose d'énergie et de persévérance.

En conclusion, pour un entrepreneur, on a un terrain pour se lancer dans l'aventure : il y a tout, ici !

 

 

 


Propos recueillis par Nathalie Mulot (lepetitjournal.com/Hochiminhville) 11 Août 2016

Lepetitjournal Ho Chi Minh Ville
Publié le 10 août 2016, mis à jour le 11 août 2016