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AUDE PENOUTY – "La création de ma marque est un rêve d'enfant"

Écrit par Lepetitjournal Ho Chi Minh Ville
Publié le 4 janvier 2017, mis à jour le 5 janvier 2017

Aude est au Vietnam depuis 5 ans et travaille dans le textile en tant que Responsable du Design chez Asmara. En 2015, elle décide de lancer sa marque "Les Etoiles de Noala", une marque de lingerie et de vêtements d'intérieurs pour femmes. Elle nous raconte ses débuts et ses inspirations, ainsi que ses projets pour l'avenir.

Lepetitjournal.com/Hochiminhville : Bonjour Aude. Depuis combien de temps es-tu au Vietnam, et qu'est ce qui t'a amené ici ?

Aude Penouty : Une opportunité professionnelle m'a mené au Vietnam il y a 5 ans. Je suis enfant d'expatriés en Afrique et après quelques années de travail en Europe, j'avais besoin de tenter une nouvelle aventure, de changer d'air... quoi de mieux que l'Asie pour une carrière dans le textile?

Mon atterrissage au Vietnam est un peu le fruit du hasard, mais j'aime croire qu'il s'agit plutôt du fruit du destin? Il règne dans ce pays et en particulier dans cette ville qu'est Ho Chi Minh une atmosphère de chaos organisé comme il n'y en a nulle part ailleurs et j'aime ça !

La dynamique, la culture vietnamienne et le développement économique font que le champ des possibles est important et les opportunités professionnelles nombreuses... j'aime aussi la culture "système D" des Vietnamiens, tout semble compliqué et si on est patient, tout est pourtant faisable. Et puis j'y ai fait des rencontres que je n'aurais sans doute pas faites dans d'autres circonstances?


Qu'est ce qui t'a donné envie de lancer « Les étoiles de Noala » une marque de lingerie ? Et pourquoi lingerie plutôt que du prêt à porter?

La création de cette marque est un rêve d'enfant, mes grands-parents étaient tailleurs et avaient un magasin de prêt à porter, et mes ancêtres ont fait la route de la soie, je crois que j'ai reçu
le textile en héritage... À l'âge de 12 ans, j'ai su que je voulais créer des vêtements et l'idée ne m'a jamais quittée.

J'ai grandi sur les bords de la Méditerranée, à ?Hyères les Palmiers? et en Afrique, j'ai donc passé beaucoup de temps en maillot de bain, un de mes vêtements fétiches. Par la suite, à ESMOD Paris où j'ai étudié, j'ai eu l'opportunité de choisir une spécialisation lingerie en dernière année, et je suis tombée éperdument amoureuse de la dentelle ! J'ai même fait des robes de mariée pour des copines. Difficile de se fournir en dentelle ici, c'est ma seule grande frustration de création au Vietnam...

 

Quelles sont tes inspirations lors de l'élaboration d'une future collection ?

L'inspiration est vraiment infidèle, elle arrive et repart aussi vite, difficile de l'attraper, je n'ai pas de méthode... Tout peut m'inspirer, une couleur, un mouvement du corps, une photo, un tissu, un baiser d'amoureux, oui je suis une romantique !

Je travaille plutôt avec des muses... parmi mes muses il y a beaucoup de femmes, la comtesse Marie Laure De Noailles ou Joséphine Baker par exemple et plus récemment la danseuse Sabra Johnson, son dynamisme me bluff ! Les femmes sont généralement une grande source d'inspiration, car elles dégagent des styles, des personnalités, des histoires...

Ensuite, je travaille d'abord un vêtement, pour être honnête, je n'aime pas la mode, j'aime le style et les vêtements. Pour moi, le vrai point de départ d'une collection est toujours la matière première, le tissu décide d'une silhouette fluide ou stricte, le tissu décide du ?tomber? du vêtement et la femme qui le porte de son style. Au Vietnam, j'aime travailler la soie, c'est une matière superbe et thermorégulatrice... Elle tient chaud si l'on a froid et reste fraiche et légère en cas de coup de chaleur.

 

La danseuse Sabra Johnson pour Les Etoiles de Noala

 

Quelle est la cible de ta marque ?

La marque est encore très jeune, je l'ai créé en mai 2015, pour le moment la cible évolue toujours?

Cependant, mes clientes sont des femmes qui ont le goût des belles matières, de la couleur et du confort. Elles ont souvent plusieurs facettes, elles sont séductrices, indépendantes et vibrantes et aussi parfois discrètes et douces. Je crois que chacune fait sa propre histoire selon son humeur et les circonstances de son achat.

 

En termes de confection, as-tu rencontré des difficultés auxquelles tu ne t'attendais pas ?

Des milliers ! Et tant mieux, si ça avait été trop facile, je n'aurai peut-être pas eu envie de le faire?

Par exemple, pour revenir à une spécificité culturelle, l'interprétation et la traduction des volumes entre un ?il occidental et asiatique est différent. Lorsque je travaille avec les ateliers, nous devons communiquer pour passer de la version 2D d'un dessin vers un vêtement en volume 3D et nous n'avons pas la même vision des longueurs, des volumes?

Dans la création, se mettre à la portée des autres est essentiel, je passe alors beaucoup de temps à l'étape du développement.

 

Beaucoup d'expatriés lancent leur « side-business » au Vietnam. Comment vois-tu l'évolution de la marque ?

Ma marque est en effet un « side business », je peux donc la faire évoluer tranquillement, faire des recherches de style et c'est ce qui me permet de rester libre dans mes créations. Ma marque est née au Vietnam, mais elle n'est pas enchainée à ce pays. Si un jour je dois partir je l'emmènerai avec moi.

Pour le moment je suis là et j'aime mon travail, carpe diem et un jour à la fois.

D'autre part, après avoir co-géré l'espace Studio Co pendant 2 ans et demi, il fallait que je remette la marque dans un contexte de retail pur et non plus d'une boutique atelier tel que Studio Co. Chose faite avec le lancement de la collection 2017 « Babel Pop » à la boutique The Closet-D2 dans le quartier de Thao Dien (District 2 ndrl).

 

Quels sont tes projets pour la suite ? Es-tu épanouie dans ta vie Saïgonnaise ?

D'ici un an, j'aimerais pouvoir faire évoluer ma base de sourcing, être présente dans plus de points de vente en Asie et peut-être ouvrir un shop on line sur www.lesetoilesdenoala.com

Je suis très épanouie à Saigon, j'y ai mes habitudes et les gens que j'aime dans mon quotidien. Je ne ferme pas la porte à une autre destination, pour le moment je souhaite développer mes projets et je suis souvent contactée pour mon expertise dans la lingerie. Il y a beaucoup de potentiel de développement au Vietnam et je suis ravie d'y contribuer à ma petite échelle.

 

 

 


Propos recueillis par Nathalie Mulot (lepetitjournal.com/Hochiminhville) 5 Janvier 2016

Lepetitjournal Ho Chi Minh Ville
Publié le 4 janvier 2017, mis à jour le 5 janvier 2017