Face aux limites du modèle administratif actuel, le Premier ministre vietnamien a ordonné, le 21 septembre 2025, une accélération du processus de décentralisation. À travers le télégramme officiel n°168/CD-TTg, il fixe un cap clair : renforcer les capacités des collectivités locales, clarifier la répartition des compétences et améliorer l’efficacité des administrations, sans rompre avec le cadre centralisé du régime. Une réforme ambitieuse, mais encadrée, qui pourrait transformer la gestion publique à l’échelle locale.


Le 21 septembre 2025, le Premier ministre vietnamien a signé le télégramme officiel n°168/CD-TTg, marquant une nouvelle étape dans l’évolution de l’organisation administrative du pays. Cette décision appelle les ministères, organes ministériels, villes et provinces à renforcer l'application des lois relatives à la décentralisation, à la délégation de pouvoir et à la répartition des compétences au sein du modèle administratif local à deux niveaux.
’objectif principal de cette initiative est d’améliorer l’efficacité de l’administration locale, notamment au niveau des communes, en corrigeant les insuffisances existantes et en renforçant les entités locales, afin de mieux répondre aux besoins des citoyens.
Organisation administrative: entre déconcentration et décentralisation
Le Vietnam est un État unitaire, centralisé et socialiste, dirigé par un parti unique, le Parti communiste vietnamien (PCV). Dans ce système, le pouvoir est concentré entre les mains du gouvernement central, tandis que les autorités locales exécutent les politiques décidées à Hanoï, même si elles bénéficient parfois d’une certaine marge d’adaptation locale.
Pour mieux comprendre cette dynamique, il est important de distinguer deux concepts clés souvent confondus : la décentralisation et la déconcentration.
La déconcentration désigne le transfert de certaines tâches à des représentants de l’État dans les territoires, sans leur accorder d’autonomie réelle. Le pouvoir reste centralisé, mais agit depuis le terrain.
La décentralisation, en revanche, implique le transfert de compétences à des collectivités territoriales autonomes, dotées d’une personnalité juridique propre, capables de décider de manière indépendante dans certains domaines, tout en respectant le cadre légal national.
Depuis les années 2000, le Vietnam a engagé plusieurs réformes qualifiées de «décentralisation». Toutefois, il s’agit en réalité d’une décentralisation administrative, très proche de la déconcentration. Le gouvernement central confie davantage de responsabilités de gestion et d’exécution aux autorités locales (dans des domaines comme l’éducation, la santé ou l’investissement), mais le pouvoir politique et juridique reste entre les mains de l’État central et du Parti communiste.
Une décentralisation encadrée par trois axes majeurs
Le télégramme du Premier ministre du 21 septembre 2025 précise trois grands axes d'action pour faire avancer ce projet de décentralisation renforcée.
Premièrement, les ministères et organes ministériels sont invités à évaluer la faisabilité des tâches pouvant faire l’objet d’une décentralisation, à proposer des ajustements adaptés à la réalité locale, à réviser le cadre juridique existant, et à accompagner les collectivités locales dans la mise en œuvre concrète des tâches validées. La date limite fixée pour l’achèvement de cette tâche est le 30 octobre 2025.
Deuxièmement, certains ministères, identifiés comme ayant un taux élevé de procédures centralisées (notamment la culture, l’environnement, les sciences et technologies, ou encore la construction) doivent réviser rapidement leurs textes réglementaires, renforcer la décentralisation effective en garantissant les ressources humaines, techniques et financières nécessaires au niveau local, et mettre en place des mécanismes de suivi et de contrôle pour assurer une application cohérente et maîtrisée de cette décentralisation.
Enfin, les comités populaires provinciaux et municipaux ont pour mission de proposer des ajustements réglementaires adaptés à leur réalité locale, d’allouer des ressources humaines adéquates et de renforcer l’administration publique locale, en s’appuyant sur les lois en vigueur et dans le respect des orientations nationales.
Améliorer l’efficacité de l’administration dans sa globalité
La décision du Premier ministre s’inscrit dans une volonté d’améliorer la gouvernance locale, sans remettre en question le modèle politique centralisé du Vietnam. Si elle marque une avancée notable en matière d’autonomie de gestion pour les entités locales, elle reste étroitement encadrée par l’État central, fidèle à la logique d’une décentralisation fonctionnelle et administrative, plus que politique.
Ce renforcement de la décentralisation pourrait cependant ouvrir la voie à une administration locale plus réactive, plus proche des citoyens, et mieux adaptée aux réalités territoriales.
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