

Depuis le début du mois de juillet 2015, la province de Kiên Giang au Sud du Vietnam est touchée par une sècheresse accrue provoquant l'assèchement des lacs-réservoirs et accentuant le phénomène de salinisation. Les conséquences sont alors préoccupantes pour la population qui se retrouve désormais privée d'eau douce.
Montée des eaux, glissement de terrain, sècheresse, pénurie d'eau potable? les conséquences du réchauffement climatique se font sentir au Vietnam. L'exemple est notamment frappant dans la ville de Rach Gia et les districts de la province de Kiên Giang qui enregistrent, depuis juillet 2015, le plus important degré de sècheresse de ces 15 dernières années. « La province de Kiên Giang se trouve au niveau de l'embouchure du fleuve du Mékong. Les 200 km de littoral de la province subissent directement les conséquences de la montée des eaux salées », indique Nguyên Phu Quynh, chercheur à l'Institut des sciences hydrauliques du Sud lors d'un entretien avec le journal Le courrier du Vietnam. Près de 2.000 ha de terre ont été touchés par l'intrusion progressive d'eau de mer. Ce phénomène annuel de salinisation prend fin à la mi-mai. Or cette année, il s'est prolongé durant quelques mois, entrainant alors l'infiltration d'eau salée dans les sources d'eau douce et les terres agricoles.
Les deux principaux lac-réservoirs de la compagnie d'eau de Rach Gia peuvent contenir, en temps normal, jusqu'à 500.000 m3 d'eau. Mais, le 13 juillet dernier, il ne restait plus que 50.000 m3 d'eau douce dans l'un d'entre eux. Les habitants sont alors confronté à une pénurie d'eau potable qui selon M. Le Anh Tuan, de l'Institut de recherche sur le changement climatique de l'Université de Can Tho, est due « au retard des pluies sur le Mékong en amont, au Laos et en Thaïlande », (d'après un communiqué paru sur le site du consulat de France à HCMV). Face à cette situation préoccupante, les autorités locales et les paysans du delta du Mékong tentent, tant bien que mal, de combattre la salinisation des terres et d'assurer l'approvisionnement des habitants en eau douce.
Solutions temporaires
Les stations d'épuration et de traitement des eaux sont équipées pour faire face à l'acidité et aux impuretés, mais se trouvent démunies devant cette salinisation croissante. La compagnie d'eau de Rach Gia puise désormais l'eau douce dans d'autres lacs afin d'approvisionner les écoles, les établissements médicaux et les organisations importantes. Cette dernière tente également de conserver un niveau d'eau acceptable dans ces lacs-réservoirs en ajoutant de l'eau de mer, tout en veillant à conserver un taux de sel raisonnable. Mais la forte teneur en sel dans les canalisations rend la tâche difficile.
De son côté, le Comité populaire de Kiên Giang a proposé d'alimenter les lacs-réservoirs en transportant de l'eau douce à l'aide de péniches. Ce système s'est avéré bien trop complexe pour être mise à exécution. Par conséquent, les habitants de Rach Gia vivent désormais sous le régime du rationnement de l'eau.
Entre 2011 et 2014, un projet a muri sous la direction de Nguyên Phu Quynh de l'Institut des sciences hydrauliques du Sud. Ce dernier, a étudié la possibilité de construire un réseau de digues dans la baie de Rach Gia pour y créer un lac de 436 millions de m3 d'eau. « Le manque d'eau douce à Kiên Giang va s'accentuer dans les années à venir. Il est donc impératif d'effectuer des réserves en eau douce pour la saison sèche, explique Nguyên Phu Quynh, dans les colonnes du Courrier du Vietnam, en ajoutant que la construction d'un réservoir dans la baie de Rach Gia apparaît comme la solution la plus efficace ». Ce projet a été remis au ministère des Sciences et des Technologies mais, au grand dam des vietnamiens, aucun aménagement durable n'a, pour le moment, vu le jour dans la province de Kiên Giang.
Valérie Péré (lepetitjournal.com/Hochiminhville) 21 Août 2015
Crédit Photo : TNMT/CVN

