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Elle retrouve sa famille d'origine dans un village à une heure d’Hanoï

Adoptée à l’âge d’un mois, Léa Chauvet a toujours été curieuse d’en savoir plus sur ses origines vietnamiennes. En 2008, avec comme seuls indices une photo d’elle et de sa mère biologique, et une adresse, elle se lance dans cette aventure à l’âge de 11 ans à peine. Aujourd’hui, elle célèbre sa lune de miel avec son compagnon François et sa famille vietnamienne.

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Léa et sa famille d'origine.
Écrit par Guillaume Marchal
Publié le 31 juillet 2024, mis à jour le 10 août 2024

Léa Chauvet est une Vietnamienne naturalisée française après son adoption en 1997 par ses deux parents, Éric et Marie. À l’âge d’un mois, elle quitte le Vietnam pour s’installer avec sa nouvelle famille. Sa sœur, cambodgienne, a également été adoptée. Curieuse depuis son plus jeune âge, ses parents lui proposent de partir sur les traces de sa famille d’origine. À l’époque, Léa a 11 ans, elle prend son courage à deux mains et accepte. Sa sœur, plus jeune qu’elle, ne se sent pas prête à franchir ce cap difficile. « J’étais très curieuse, je voulais lever le voile sur mon histoire », explique Léa. Les parents décident alors de partir au Cambodge puis au Vietnam pour renouer avec la terre natale de leurs filles adoptives. Aujourd’hui, en 2024, après une histoire teintée d’aventures et de positivité, Léa est revenue au Vietnam célébrer sa lune de miel avec son compagnon et sa famille d’origine.

Une photo, une adresse pour se souvenir

Comme seul indice, une photo de Léa et sa mère biologique et une adresse les guidaient vers un petit village situé à une heure d’Hanoï, Phụng Châu. Une fois arrivée au Vietnam, la famille se rapproche d’un traducteur vietnamien et lui transmet le peu d’informations qu’elle avait à disposition. « Je ne savais pas bien parler anglais, mes parents non plus.

 

Léa et sa mère biologique.
La fameuse photo de Léa et de sa mère.

 

Nous avons cherché le village avec notre traducteur. Ma mère avait laissé une photo de moi bébé dans ses bras », explique-t-elle. Le taxi s’arrête finalement devant une petite bicoque, le traducteur ouvre la portière et fait signe à la famille d’attendre. Quelques minutes plus tard, il revient avec une bonne nouvelle : « Il nous a informés que ma famille était prête à me rencontrer. Je vois un monsieur s’approcher de moi et, à partir de mes yeux, il m’a reconnue. Il m’a pris dans ses bras et m’a serrée très fort. J’ai remarqué que les Vietnamiens ne sont pas très tactiles lors des retrouvailles, mais là, c’était intense », se rappelle Léa avec émotion.

« Quand je rentre dans le village, je sais que je suis chez moi »

En l’espace d’une trentaine de secondes, toute la famille se retrouve devant la maison. « Le traducteur est resté avec nous, ce qui a permis de fluidifier les conversations. Une femme s’est approchée de moi. J’ai compris plus tard que c’était ma tante. Elle m’a montré une photo de ma mère et s’est mise à pleurer », continue Léa. À peine âgée de onze ans, la jeune fille comprend que sa mère biologique est décédée. Elle apprendra par la suite qu’elle s’est éteinte un an après sa naissance. Le contact avec sa « nouvelle » famille se fait rapidement. Léa reviendra au Vietnam à plusieurs reprises pour renouer des liens familiaux, en 2012 et 2019.

J’ai toujours les larmes aux yeux quand je retourne là-bas.

Histoire étonnante, par hasard, en 2012, la famille recroisera leur ancien traducteur dans une ruelle d’Hanoï, avec qui ils retourneront à Phụng Châu. « Je ressens une sorte de connexion quand je reviens là-bas, il y a quelque chose qui me rattache à ici. Quand je rentre dans le village, je sais que je suis chez moi », explique la jeune femme. Cette année, Léa est partie en lune de miel avec son compagnon, François.

 

La famille de Léa.

 

« J’étais tellement heureuse qu’il puisse les rencontrer. J’ai noué des liens très forts avec ma cousine, Dung. Elle nous a même rejoints en France lors de notre mariage. Nous avons partagé un repas avec eux, il y avait tellement à manger, ils ne voulaient plus qu’on parte. J’ai toujours les larmes aux yeux quand je retourne là-bas, ils sont si heureux de nous voir », confie la jeune mariée.

« Chacun vit l’adoption d’une manière différente »

 

Adoption Vietnam
François, Eric, Marie, et Margot, la soeur de Léa.

« Je n’ai jamais regretté et je suis profondément reconnaissante envers mes parents adoptifs de m’avoir donné cette chance de renouer contact avec mes origines. Si j’avais été seule à partir, je ne pense pas que je l’aurais fait. Je pense qu’à 40 ans, c’est plus compliqué de se lancer dans ce genre d’aventure. Plus on attend, plus c’est dur », estime Léa. La jeune femme a aussi une amie vietnamienne, adoptée par une famille française. « Ma meilleure amie veut aussi rechercher sa famille. Je lui ai promis que je l’accompagnerai, c’est aussi l’un des objectifs de ma vie. Chacun vit l’adoption de manière différente, tout le monde n’a pas la chance d’avoir des parents qui peuvent se permettre de payer des billets d’avion », continue-t-elle.

Si j’ai un message à faire passer, c’est qu’il faut se lancer, ne pas avoir de regrets.

« Si j’ai un message à faire passer, c’est qu’il faut se lancer, ne pas avoir de regrets. J’ai aussi un ami dont je suis très proche ; je l’ai aidé à retrouver sa mère, et il a appris qu’il avait des frères et sœurs restés au pays. Ça peut être très dur parfois ; tu te demandes pourquoi tu as quitté le pays et pas tes frères ou sœurs. Il faut s'y attendre. Je pense qu'il faut se préparer psychologiquement à faire face à des échecs », conclut Léa Chauvet, qui se prépare à quitter Hanoi pour rejoindre Sapa avec son compagnon.

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