Accusé en 2005 de vol, du viol et du meurtre d’une jeune fille âgée de 13 ans dans la province de Thanh Hoa, M. Le Van Manh avait été condamné à mort lors d’un procès en appel en 2008 par la Cour suprême de Hanoï. Exécuté le 22 septembre 2023 à 8h45 dans la maison d'exécution de la police provinciale de Hoa Binh, la condamnation à mort de l’homme âgé de 41 ans avait pourtant perpétré de nombreuses contestations à l’international.
Selon l’ONG, la Commission internationale de juristes (CIJ), la police a obtenu sous la torture des aveux de Le Van Manh, qui ont ensuite été utilisés pour le condamner. Ce dernier s’est par la suite rétracté, affirmant qu'il avait été contraint de faire des aveux après que la police l’ait battu. Une condamnation aux conditions floues qui apparaît comme contradictoire à l’article 15 de la Convention contre la torture des Nations Unies faisant obligation aux États parties de « veiller à ce que toute déclaration dont il est établi qu’elle a été faite sous la torture ne soit pas invoquée comme preuve dans une procédure, sauf contre une personne accusée de torture pour prouver que la personne accusée de torture a été victime de torture ».
L’acte de décès ne fournit pas de détails quant aux conditions de l’exécution. Il indique « Le Van Manh né en 1982. Nationalité : vietnamienne. Décédé le 22 septembre 2023 à 8h45 dans la maison d'exécution de la police provinciale de Hoa Binh ».
Bien que le recours à la peine capitale demeure dans le pays un sujet discret, il n’en demeure pas moins inhérent au système judiciaire vietnamien qui n’a pas encore ratifié le traité international abolissant la peine de mort. l’ONG Amnesty International estime ainsi au moins 102 condamnations à mort en 2022.
L’exécution au Vietnam, polémique sur la scène internationale
L’affaire devenue en quelques années un sujet polémique, a suscité le débat sur la scène internationale notamment auprès des puissances occidentales. Suite à la condamnation en 2015, la délégation de l’Union européenne au Vietnam et toutes les missions diplomatiques des États membres de l'UE accréditées au Vietnam avaient publié une déclaration dans laquelle ils appelaient « les autorités vietnamiennes à suspendre l’exécution de M. Le Van Manh » (décision n° 02/2015/QD-CA).
Plus tôt, cette semaine, les missions diplomatiques de l'Union européenne, du Canada, de la Norvège et du Royaume-Uni au Vietnam ont exhorté les autorités à faire preuve de pitié envers Manh. "Nous nous opposons fermement au recours à la peine capitale à tout moment et en toutes circonstances, qui constitue un châtiment cruel, inhumain et dégradant et ne peut jamais être justifié, et plaidons pour que le Vietnam adopte un moratoire sur toutes les exécutions", indique le communiqué commun.
Au niveau national, Nguuyen Ha Luan, l’avocat de la famille de Manh, avait par ailleurs envoyé en ce sens une lettre au président vietnamien afin de suspendre l’exécution. Une tentative qui s’était avérée sans succès.
L’exécution de M. Le Van Manh symbolise le combat en faveur des droits de l’homme. La CIJ a, dans cette même perspective, déclarée que l'exécution de Manh "constitue une violation de son droit à la vie et à l'absence de peines cruelles, inhumaines ou dégradantes en vertu du droit international des droits de l’homme."