Cette semaine, lepetitjournal.com/francfort a testé pour vous les « Schrebergärten » de la ville ! Ceux-ci abondent non seulement à Francfort, mais aussi dans tout le pays. Mais que sont-ils exactement ?
Propres à l'Allemagne, il existe pourtant un équivalent français qui se rapproche des « Schrebergärten » : les jardins ouvriers. Cet article vous propose une rétrospective de leur histoire qui permettra de mieux comprendre pourquoi les Allemands en sont si friands aujourd'hui !
Ils abondent à l'entrée des grandes villes et font le bonheur des citadins... Les « Schrebergärten », également appelés « Kleingärten », sont des petits jardins qui ne laissent pas les Francfortois indifférents.
Collés les uns aux autres, protégés par des clôtures et arpentés par de petits chemins, ils permettent aux habitants de Francfort de profiter d'un coin de verdure privé. Les Français considèrent les jardins ouvriers comme l'équivalent des « Schrebergärten », qui s'en rapprochent en effet ; et pourtant, leur ampleur est bien plus importante en Allemagne. Ces jardins allemands recouvrent 46 000 hectares du pays et sont au nombre d'un million ! Mais comment sont-ils nés ?
L'origine des « Schrebergärten »
En 1864, le docteur Ernst Hauschild décide de créer une aire de jeux destinée aux enfants défavorisés. Il lui donne le nom de « Schreberplatz », en hommage à son beau-père le médecin et pédagogue Daniel Schreber, décédé trois ans auparavant. Depuis, le nom de Schreber est resté. Le docteur ajoute des parcelles de terres où les enfants avaient la possibilité de cultiver des légumes. Préférant jouer, les parents prennent rapidement la relève et protègent leurs cultures par des clôtures. C'est le début des « Schrebergärten » !
Le concept plaît et de plus en plus de jardins apparaissent car ils permettent aux ouvriers aux revenus modestes, n'ayant pas les moyens d'être propriétaires d'une maison avec jardin, de profiter d'un coin de verdure pour se détendre.
Des règles à respecter
En échange de la possibilité de se détendre, les jardins sont soumis à certaines règles. Tout d'abord, les « Schrebergärten » se louent mais ne s'achètent pas. Pour être locataire, il faut devenir membre de l'association qui administre la colonie. La hauteur des haies est réglementée, le choix des plantes parfois aussi. Une cabane de maximum 24 m2 est autorisée mais il est interdit d'y résider. De plus, les bénéficiaires d'un « Schrebergarten » doivent impérativement consacrer 30% de leur jardin à la culture de fruits et de légumes et faire du compost. La parcelle doit être très bien entretenue. Eh oui, bénéficier d'un coin de détente en plein air a un prix. Mais ces quelques règles à respecter sont essentielles pour favoriser une bonne utilisation de la terre et une bonne entente entre les locataires ! Ceux-ci sont d'ailleurs invités à participer à la vie associative. La plupart du temps, les locataires de « Schrebergärten » adjacents se connaissent et aiment s'y retrouver pour papoter.
Le « Schrebergarten » est caractérisé par une certaine « Gemütlichkeit », mot typiquement allemand dont la signification se rapproche du mot français « confort ». En résumé, c'est un endroit où l'on se sent à l'aise et où l'ambiance est chaleureuse !
Susanne et Jean-Marie, des locataires comblés
Lepetitjournal.com a eu le plaisir d'être accueilli dans un « Schrebergarten » francfortois pour juger de ses avantages. Situé au nord de la ville, loin de l'agitation et de la pollution urbaines, ce jardin est un petit coin de paradis pour ses locataires, Susanne et Jean-Marie : « Nous y allons très régulièrement, dès que les beaux jours sont là, pour profiter du soleil et de la nature. C'est un endroit apaisant et calme, où nous aimons nous reposer ou inviter des amis ».
Que ce soit allongé dans un transat au milieu d'une végétation florissante, ou assis à une table en sirotant une boisson, le soleil dans le dos, c'est à en oublier que nous sommes bel et bien à Francfort ! Et il n'est pas pour autant laissé à l'abandon pendant la saison froide : « L'hiver aussi, nous aimons nous retrouver dans le jardin, dans la cabane qui est chauffée. Nous y jouons souvent au tarot avec des amis ! », rapporte Jean-Marie.
Toutefois, bénéficier d'un « Schrebergarten » demande du travail, car les locataires plantent et entretiennent souvent eux-mêmes leur jardin. La végétation y est dense et variée, et Susanne et Jean-Marie, comme tout autre locataire, l'entretiennent avec perfection. « Nous avons beaucoup d'arbres fruitiers : un cognassier, un pommier, mais aussi des fraises, des groseilles, de la rhubarbe et différentes herbes qui nous permettent de parfumer nos plats. Nous avons des réserves de fruits pour toute l'année, parfois même plus ! »
Tous les « Schrebergärten » sont organisés de la même façon : « Il y a une partie pelouse, une partie fruits et une partie fleurs », explique Susanne. Jean-Marie ajoute que « Les arbres ne doivent pas dépasser une hauteur de 2,50 mètres pour des raisons de sécurité : en cas de tempête, des dégâts matériaux ou un accident peuvent vite arriver ».
Par ailleurs, un « Obmann », équivalent d'un surveillant, est chargé de la coordination des jardins ; il vérifie que les parcelles sont bien entretenues et que les règles sont respectées. Mais les relations entre les « Obmänner » et locataires sont souvent davantage amicales que formelles.
Une vie associative active
Membres du club, comme tout locataire d'un « Schrebergarten », ils assistent à plusieurs rendez-vous au cours de l'année et doivent participer à des tâches communes. Susanne explique : « Il y a deux réunions annuelles avec tous les membres du club et huit heures de travail commun par an. Tous les membres se doivent d'y participer pour entretenir les parties communes, comme les petites allées qui permettent d'accéder à plusieurs jardins. Tout cela se fait dans une ambiance chaleureuse. En cas d'impossibilité, les locataires payent 20 euros par heure de travail non faite. Il existe aussi quelques événements, dont les deux principaux sont la Fête de la récolte (« Erntedankfest ») et le carnaval. A l'origine, la Fête de la récolte avait pour but de remercier Dieu pour les bonnes récoltes de l'année écoulée. Aujourd'hui, cette fête est davantage l'occasion de se retrouver tous ensemble dans une ambiance festive. Il en va de même pour la fête du carnaval. Il n'y a aucune obligation pour les membres du club de participer à ces événements : c'est selon nos envies et nos disponibilités ! »
Une salle commune, munie d'une grande table, de nombreuses chaises, d'un bar, d'une cuisine et d'une cheminée, permet d'accueillir les membres lors d'événements particuliers. Le « Waldtag », littéralement « Journée de la forêt », fête typiquement francfortoise, est aussi l'occasion de se retrouver autour d'un verre d' « Apfelwein », d'un peu de « Handkäse » et d'autres spécialités de Francfort.
De nombreuses demandes
Bien que propres à ce pays, les « Schrebergärten » n'attirent pas que les Allemands. « De nombreux jardins sont aussi occupés par des étrangers vivant à Francfort, en particulier des Italiens, des Croates, des Turcs, des Vietnamiens », raconte Susanne. Les « Schrebergärten » sont tellement appréciés qu'ils restent très demandés en Allemagne. « Pour ma part, j'ai dû attendre un an et demi avant d'être bénéficiaire de mon jardin. Mais cela en vaut la peine ! ».
Si vous souhaitez vous aussi bénéficier d'un Schrebergarten, le groupe « Die Stadtgruppe Frankfurt der Kleingärtner e. V. » ou le « R.V. Kleingärtner Frankfurt/Rhein-Main e.V. » vous aidera dans votre recherche.
Maxence Jarriand
Rediffusion du mercredi 27 juillet 2016
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