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Colombie: un chef de l'ex-guérilla des FARC arrêté au Mexique

Rodrigo Granda, diplomate en chef de l'ex guérilla des FARCRodrigo Granda, diplomate en chef de l'ex guérilla des FARC
Écrit par AFP
Publié le 20 octobre 2021, mis à jour le 21 octobre 2021

L'ex-guérilla colombienne des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) a annoncé mardi l'arrestation au Mexique de l'un de ses dirigeants, dénonçant une violation de l'accord de paix historique de 2016, selon ce mouvement devenu aujourd'hui un parti politique.

Rodrigo Granda, connu comme le diplomate en chef de l'ex-guérilla marxiste, a été arrêté à Mexico sur la base d'une "notice rouge" d'Interpol, ont affirmé les députés Carlos Lozada et Pablo Catatumbo, dirigeants du parti Comunes issu de l'accord de paix avec les ex-guérilleros en 2016.

Des sources au sein des autorités fédérales mexicaines ont confirmé à l'AFP l'arrestation, refusant néanmoins de donner des détails.

"Ils ont détenu Rodrigo Granda à Mexico", a tweeté M. Lozada, qui a dénoncé "une violation claire" de l'accord de paix qui a mis fin à plus d'un demi-siècle de lutte rebelle.

Le gouvernement colombien a toutefois affirmé que l'arrestation n'avait pas eu lieu à la demande de la Colombie, où Rodrigo Granda vit et circule librement, mais du Paraguay, où il est recherché.

Voyage autorisé 

"Il voyageait accompagné de Rodrigo Londoño, président du parti, et d'autres camarades en délégation", a précisé M. Lozada sur un média colombien, affirmant qu'il se déplaçait avec l'autorisation du tribunal spécial pour la paix (JEP), institution colombienne issue de l'accord de paix et qui enquête sur les crimes commis pendant le conflit. Plusieurs des ex-leaders des FARC font l'objet d'enquêtes de la JEP, mais aucun d'entre eux n'a encore été condamné.

La délégation se rendait au Mexique à l'invitation du Parti du travail pour participer à une convention de formation de gauche, a précisé Rodrigo Londoño dans une vidéo.

"J'en appelle à la communauté internationale pour qu'elle garantisse la sécurité de Rodrigo Granda", a lancé le chef de l'ex-guérilla, refusant cependant de "spéculer" sur l'arrestation de son compagnon d'armes.

Le président Ivan Duque "continue d'attaquer le processus de paix, il a demandé à Interpol de réactiver la notice rouge contre Rodrigo Granda, leader du parti Comunes et signataire de l'accord de paix", a accusé, toujours sur Twitter, le parti Comunes.

"Respectez ceux d'entre nous qui croient en la paix et faites votre devoir en nous laissant participer à la politique!", a commenté cette même formation.

Dans la soirée, le ministre de la Défense colombien Diego Molano a réfuté ces accusations. Il a expliqué sur son compte Twitter que l'arrestation a eu lieu "à la suite d'une notice rouge émise par le Paraguay pour enlèvement, association de malfaiteurs et homicide volontaire".

Rodrigo Granda, 72 ans, vit habituellement en Colombie, où il circule librement avec l'assentiment des autorités.

Il était l'un des négociateurs de la paix à La Havane, processus entamé en 2012 et qui avait abouti à l'accord de paix historique de 2016, suivi du désarmement des FARC. Il avait été déjà arrêté en 2005 lors d'une opération clandestine de l'armée colombienne au Venezuela.

En 2018, un autre leader des ex-FARC et négociateur de l'accord de 2016, recherché aux États-Unis pour trafic de drogue, "Jesus Santrich", avait été arrêté. Libéré en 2019 sur ordre de la Cour suprême, il avait ensuite repris les armes, invoquant le non-respect de l'accord de 2016 par le président Duque. Il est mort peu après au Venezuela lors d'une confrontation armée dont les acteurs restent non-identifiés à ce jour. Rodrigo Granda avait alors évoqué un possible retour à la lutte armée.

L'incident intervient un peu plus d'un mois avant le cinquième anniversaire de l'accord signé à l'époque entre la guérilla et le président Juan Manuel Santos, qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2016.

La Colombie connait ces derniers mois une préoccupante recrudescence de la violence dans plusieurs régions du pays, où sévissent de nombreux groupes armés, dont des dissidents des FARC qui rejettent l'accord de 2016 et ont repris les armes.

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