Vous trouvez les prix du vin salés à Dublin ? Spoiler : ce n’est pas (seulement) la marge du caviste. Entre un marché minuscule, des coûts d’importation et une fiscalité qui pèse lourd, la bouteille part déjà handicapée avant même d’arriver en rayon.


Vous trouvez les prix du vin salés à Dublin ? Spoiler : ce n’est pas (seulement) la marge du caviste. Entre un marché minuscule, des coûts d’importation et une fiscalité qui pèse lourd, la bouteille part déjà handicapée avant même d’arriver en rayon.
Un marché minuscule, peu d’économies d’échelle
L’Irlande compte environ 5,3 millions d’habitants. C’est peu face à des pays comme la France, l’Espagne ou même le Royaume-Uni. Résultat : les importateurs irlandais ne peuvent pas négocier de gros volumes auprès des producteurs. Le prix au litre grimpe mécaniquement. Là où un distributeur espagnol peut remplir des camions entiers, son homologue irlandais doit se contenter de quantités réduites – et donc plus chères.
La localisation : un obstacle logistique
Ajoutons à cela la géographie. Chaque bouteille de vin vendue en Irlande doit être importée par bateau depuis l’Europe continentale ou encore plus loin bien entendu pour les vins d'Amérique du Sud par exemple. Cela entraîne des coûts supplémentaires de transport, d’entreposage et de distribution. En comparaison, un restaurateur portugais peut s’approvisionner directement chez le viticulteur voisin, sans frais intermédiaires.
Le poids de la fiscalité
Mais la vraie différence se joue ailleurs : dans les taxes. Comme le rappelle John Wilson dans The Irish Times, l’accise sur une bouteille de vin en Irlande s’élève à 3,20 € – et au double pour un vin pétillant. À cela s’ajoute la TVA de 23 %, qui s’applique… sur le montant déjà taxé. Autrement dit, le gouvernement impose littéralement une taxe sur une taxe. Avant même d’ajouter la marge du distributeur ou du caviste, une bouteille coûte donc déjà plus de 4 € en taxes.
En comparaison, les pays producteurs comme l’Espagne, l’Italie ou le Portugal appliquent zéro accise sur le vin, et des taux de TVA plus bas. Pas étonnant qu’on puisse boire un verre de Rioja au prix d’un café à Madrid, alors qu’à Dublin, il faut parfois dépenser le double ou le triple.
Un minimum légal qui renforce l’écart
Depuis l’introduction du prix minimum par unité d’alcool, une bouteille standard de 12 % d'alcool coûte au moins 7,40 € en Irlande. Même si les marges des distributeurs ou des restaurants sont similaires à celles d’autres pays européens, leurs coûts de base sont tellement plus élevés qu’il est impossible de rivaliser avec les prix du sud de l’Europe.
Un luxe fiscalisé
On le voit : la rareté du marché, les contraintes logistiques et surtout la fiscalité font du vin un produit de luxe en Irlande. Les campagnes menées depuis des décennies par le secteur des boissons pour une réduction de l’accise n’ont, jusqu’ici, donné aucun résultat. Tout porte donc à croire que lever son verre de Bordeaux ou de Verdejo à Dublin restera longtemps encore un plaisir coûteux.
Fun Fact pour terminer !
Surprise : l’Irlande est officiellement classée parmi les pays producteurs de vin. Les volumes sont modestes, mais il existe quelques vignobles bien réels — du Lusca au nord de Dublin à des domaines dans le comté de Cork et le Waterford. Des cuvées artisanales, souvent premium, qui valent la découverte.
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