Un reportage de Conor Creighton publié dans The Irish Times a éveillé notre curiosité et nous avons eu envie de vous en parler afin de changer un peu de la COVID !
De quoi parlent la plupart des mecs (irlandais) entre eux? De ballon ovale ou rond?
Quels contenus partagent-ils par messageries instantanées? Des mèmes marrants? Des blagues grivoises?
Dans leurs échanges, en ligne ou dans la vraie vie, les membres du Dublin Boys Club privilégient l’authenticité.
À l’initiative de deux copains, l’auteur, journaliste et coach, Connor Creighton et le street-artiste Maser; le club voit le jour à Dublin il y a un peu moins d’un an. Dans la limite de 15 personnes et dans le respect des règles sanitaires, ses membres se réunissent une fois par mois, dans l’atelier de Maser ou en extérieur, pour pratiquer le parler vrai.
Sans tabou et loin des clichés
Ces rencontres mensuelles sont garanties sans alcool et les discussions sans plaisanterie.
L’occasion d’avoir de vraies conversations et de laisser libre court à ses émotions. Ici, on ne se contente pas de répondre “ça va.” à la question “ça va?”. On dialogue en toute franchise. L’ingrédient clé, comme le rappelle Conor Creighton, est la vulnérabilité.
S’ouvrir aux autres: un acte de courage
Il est difficile voire douloureux de se montrer tel que l’on est; triste, inquiet ou le coeur brisé. Mais le réconfort vient du fait que les membres savent que dans cet espace de non-mixité, ils peuvent se confier, parler de leur dépression, de leurs désillusions, de leur peur de perdre leur emploi, de relation père-fils, etc.
Le journaliste précise que cet acte de bravoure s’accompagne d’un respect inconditionnel. On s’écoute, sans s’interrompre et sans se moquer.
On demande souvent à Conor si ce club est un “Men’s shed*”. Il répond qu’ici, on martèle les préjugés, les injonctions à ne pas pleurer, à ne pas montrer ses faiblesses, à rester droit et fier quoi qu’il en coûte.
Ici, on se répare et on construit une masculinité plus authentique
Loin de l’esprit de compétition d’un club sportif par exemple, au Dublin Boys Club, on se soutient, on s’entraide, on s’encourage et chacun se sent accepté et valorisé. Conor confie qu’il n’avait jamais eu de relation amicale sincère avec un autre homme auparavant. C’est souvent auprès de ses amies femmes qu’il trouvait la bienveillance ainsi qu’une oreille attentive ou bien une épaule sur laquelle pleurer.
Le club réunit des hommes d’âges et d’horizons différents qui, comme Conor, veulent questionner la masculinité et montrer que l’amitié masculine peut exister en dehors des pubs, loins des écrans géants et pas seulement les soirs de matchs.
Le journaliste rappelle que de nos jours, de plus en plus d’hommes et de jeunes hommes se sentent isolés, sont vulnérables; en proie à la solitude, aux addictions et à des pensées suicidaires. Le Dublin Boys Club se veut être un filet de sécurité si l’un des frères venait à trébucher.
C’est quoi être un homme?
Pour Conor Creighton, la culture mainstream a souvent présenté un seul modèle, une seule voie possible: jouer la comédie et déguiser ses sentiments. Au Dublin Boys Club, on tombe les masques, on laisse le costume de super héro à la maison et on tente de répondre à la question; c’est quoi être un homme ?
Les nouveaux membres sont les bienvenus. L’adhésion au club est gratuite. Pour rejoindre le Dublin Boys Club, visitez leur site internet: thedublinboysclub.com
Découvrez le reportage du Irish Times ici
*Les Men’s Shed ou hangars communautaires sont des organisations locales qui offrent aux hommes un espace pour l’artisanat et l’interaction sociale.