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THE SACREBLUES BAND - Une sacrée bande de musiciens

Écrit par Lepetitjournal Dublin
Publié le 9 juin 2016, mis à jour le 10 juin 2016

 

The Sacreblues Band est un groupe franco-irlandais sympathique et naturel qui se produit à Dublin. Le groupe au son jazz-manouch compte aujourd'hui cinq membres : Johnny Mack (guitare basse, mandoline, banjo), Mélissa Aït Chellel (chant, guitare, flûte), Carl King-Woe (percussions, choeur), Tom Cassidy (guitare) et Lucie Lacombe (violon) depuis peu. Rencontre avec la chanteuse française Mélissa Aït Chellel et le guitariste irlandais Tom Cassidy.

Comment s'est formé The Sacreblues Band ?

Mélissa  Aït Chellel: Au début, c'était un duo. Moi j'ai une formation de musicienne classique et j'ai rencontré John Mack sur Internet. L'Irlande a tout un tas de musiciens fantastiques. Lui a le côté tradi-folk avec son banjo mais il ne connaissait pas les influences françaises. On s'est vite entendu aussi bien personnellement que musicalement. On a rapidement décidé d'enregistrer de façon très informelle. On se produisait régulièrement sur des scènes. Et rapidement, on s'est rendu compte que deux personnes, c'était bien mais que si on pouvait ajouter d'autres personnes, ce serait pas mal. Quand on a goûté au plaisir de jouer à quatre ou cinq personnes, c'est difficile de revenir à deux. Désormais on a guitares, basse, percussion, choriste et violon. Lucie, la violoniste nous a rejoints récemment et elle fait vraiment le lien entre l'Irlande et la France car elle est Irlandaise de mère française. C'est une véritable bilingue dans sa langue et dans son c?ur.

L'album s'appelle Sad Reality mais vous promettez de la gaieté et de la joie. Pourquoi un tel titre alors ?

C'est le titre d'une chanson. Celui d'une chanson de rupture que John a écrite. C'est une rupture traitée avec beaucoup d'ironie : la triste réalité est qu'on sera bien mieux séparé qu'ensemble. Et autant faire une chanson avec du rythme, car on a mieux à faire que de se lamenter sur une histoire qui n'aura menée à rien. La plupart de nos paroles ne sont pas très joyeuses mais il y a beaucoup d'ironie, ce qui est à la fois très français et très irlandais.

Quelle est la thématique de l'album ?

Mélissa : La thématique de l'album est  de se moquer de ce qui peut être dramatique. Il y a une chanson sur un garçon grognon qui n'arrête pas de se plaindre du matin au soir  et c'est une chanson d'amour pour le secouer un peu [Grumpy young man ndlr]. Il y a beaucoup de chansons country sur les amours perdus, il y a une chanson disco sur une histoire d'amour qui a mal tourné (I told you so ndlr). Avec cette ironie de « je suis le dernier à me rendre compte que ça a mal tourné ». C'est John qui écrit les chansons d'amour, ce n'est pas moi (rires).  Mais il y a des chansons d'amour heureuses aussi comme « Swimming in the Blue » ou « Comment se perdre dans le bleu des yeux ». Moi j'ai écrit avec John une chanson clairement anti-austérité qui s'appelle « Blood from a stone ». En Irlande, je vois pas mal de choses qui me révoltent : une politique d'austérité très dure pour les gens ici. Au travers de mes amitiés irlandaises, j'ai perçu beaucoup de déceptions vis-à-vis des mesures mises en place. Mais oui, on chante des choses plutôt tristes sur des mélodies joyeuses parce que la vie est trop courte pour se lamenter.

Vous vous considérez comme quelqu'un d'engagée ?

Mélissa : En tant que groupe, non. Mais dans certaines de nos chansons, il y a une certaine forme d'engagement dans le sens de « ne pas se laissez aller, ne gâchez aucun moment ». Moi je me considère comme assez engagée, dans l'associatif notamment.

Vous définissez votre style comme du « French swing », qu'est-ce que cela signifie ?

Mélissa : C'est l'influence jazz manouche concrètement. On est en plein dedans avec Sad Reality qui ouvre l'album. Il y a aussi un côté rockabilly dans cette chanson. Et tout l'album a été enregistré en prise live donc il n'y a pas de passage par le studio derrière pour ajouter des effets. Après il y a un côté jazzie style Django Reinhardt que j'écoutais beaucoup en France, mélangé avec le rock brut que les gars connaissent le mieux.

 

 

?Beaucoup d'influences?

Qu'est-ce que cela apporte d'être dans un groupe franco-irlandais ?

Mélissa : Il y a vraiment la découverte d'une autre culture. Les Irlandais sont de manière générale, plus relax que les Français. Il y a tellement d'Irlandais qui jouent bien d'un instrument qu'il n'y a pas l'esprit de compétition qu'il peut y avoir en France. La scène est ouverte et tout le monde peut s'y joindre. C'est quelque chose que j'ai énormément apprécié.

Tom : La musique et le son sont différents entre les deux pays. Le son ici est plus rock (ACDC, Led Zeppelin). Je n'avais jamais joué le type de musique que l'on joue avant : du blues?

Mélissa : C'est beaucoup d'influences en fait. Et les gens nous disent qu'ils n'entendent pas ce genre de son ailleurs.

Qui compose les chansons ?

Mélissa : Essentiellement John et moi, soit en duo soit de notre côté. Et on fait les arrangements tout ensemble. Je compose les chansons en français, et pour celles en anglais cela dépend. Parfois c'est John tout seul, parfois tous les deux ou moi toute seule. Sur cet album, il y a la première chanson que j'ai écrite en anglais et fait réviser de manière approfondie pour ne pas sonner trop français (rires).

Et Tom apporte beaucoup d'épaisseur sur les chansons. Le fait d'avoir un guitariste soliste amène beaucoup de choses.  Car je ne joue que la guitare rythmique et je ne suis pas guitariste à la base. Donc il y a plus de mélodies dans cet album.

Avez-vous écrit dès le début en français et en anglais ?

Mélissa : Oui les paroles en français me viennent facilement, et il n'y a pas vraiment de pression que le public comprenne les paroles.

Comment ces chansons aux paroles françaises sont-elles perçues par le public justement ?

Ils aiment la sonorité, la rythmique de la langue française. Et très souvent, ils me demandent si c'est du Zaz que je joue. Mais ils aiment beaucoup peut-être parce que cela participe encore à notre différence. Les Irlandais ont un amour de la langue française, c'est la langue étrangère la plus apprise dans les écoles, ça les relaxe.

Comment est-ce que vous décidez dans quelle langue vous allez écrire ? Est-ce que cela dépend du thème par exemple ?

Mélissa : Cela varie. Cela me vient plus facilement en français, mais le français est peut-être un peu moins rythmique que l'anglais. Dans cet album coécrit avec John, il n'y a qu'une seule chanson en français, alors que sur les deux albums précédents, il y en avait plus. Après cinq ans en Irlande, l'anglais me vient plus naturellement, j'ai moins peur de la page blanche ou de sonner trop français. Les chansons sont mélangées maintenant avec un couplet en français et en refrain en anglais. Mais il n'y a pas de règle. J'ai écrit une chanson en français sur une thématique assez difficile : le stress, l'anxiété et le laissez-aller et d'un autre côté, j'ai une chanson d'adieu à l'un de mes proches en anglais. C'est en fonction du style aussi, le blues me vient plus facilement en anglais. La beauté de la langue anglaise est que l'on peut faire passer beaucoup d'émotions en très peu de mots. C'est aussi une langue modale avec laquelle on peut beaucoup plus s'amuser. Car le français est toujours très précis et rattaché à un mot alors qu'il y a plus d'ambiguité en anglais.

Les membres irlandais du groupe ont-ils une relation particulière avec la France ?

Tom : Euh.. Mélissa est la seule Française que je connais. J'aime la France mais je ne sais pas parler.

Mélissa : John parle un peu français lui. Lucie aussi évidemment, et vraiment très bien. Sa mère est professeur de français. Elle fait très attention aux détails de la langue. Elle est maître de ch?ur à l'Alliance française, elle partage des chansons avec les Irlandais qui aiment la langue française.

Qu'est-ce qu'ils connaissent de la musique française ?

Tom : Jacques Brel est Français, non ? Non ! Ah mais il chante en français. Euh Yael Naïm. Edith Piaf.

Qu'est-ce qui vous paraît typiquement irlandais dans le groupe ou au quotidien ? Et à quelle occasion, vous avez entendu dire que c'était typiquement français ?

Mélissa : Quand je suis arrivée en Irlande, je ne savais apparemment pas faire le thé correctement. C'est un rituel avec les Irlandais. Cela a été très difficile d'atteindre le niveau d'exigence requis par mes collègues irlandais qui me disaient « il n'y a qu'une Française pour faire du thé aussi dégoûtant » (rires).

Et le truc vraiment irlandais, c'est de taquiner tout le temps. Et aussi bien quand on répète que quand on joue, il y a pas mal de vannes qui fusent. C'est un sport national. Au début, j'ai eu du mal à m'adapter. Mais si tu montres que tu es susceptible, c'est fini, ils appuient sur le bouton tout le temps.

The Sacreblues Band participera le 14 juin prochain à la compétition King Kong Club au Whelans. En attendant, toutes leurs chansons sont disponibles sur leur site : http://thesacrebluesband.bandcamp.com

 

Tiphanie Naud (www.lepetitjournal.com/dublin) Vendredi 10 juin 2016

Crédit photo et vidéo : The Sacreblues Band

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Publié le 9 juin 2016, mis à jour le 10 juin 2016

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