Carême, Vendredi Saint, Dimanche de Pâques? Si vous n'êtes pas issu d'une famille chrétienne, vous n'êtes peut-être pas très familier avec ces mots. Pourtant, il est difficile de passer quelques jours en Irlande entre fin mars et début avril sans en entendre forcément parler. Alors, à quoi ressemble ce fameux "Easter'' irlandais ?
Pâques est la fête religieuse la plus importante en Irlande, après la Saint Patrick bien sûr. Mais cette fête représente bien plus que de s'empiffrer d'oeufs en chocolat le premier dimanche d'avril. Elle se prépare longtemps avant, 40 jours exactement, avec le Carême. Le Carême, qui est de moins en moins respecté en France, est au contraire très populaire en Irlande. A partir du mercredi des Cendres, les Irlandais ont l'habitude de se priver de quelque chose qu'ils aiment particulièrement, ou qu'ils consomment à outrance : la viande dont on se priverait plus traditionnellement en France est donc bien souvent remplacée par les privations de sucreries, chips, Coca-Cola, alcool, cigarettes, voire même de la télévision? Et tout ceci jusqu'au Vendredi Saint, qui doit être le plus gros jour de jeûne. Vous l'avez sûrement remarqué, le Vendredi Saint, les pubs ferment, et la vie semble s'être suspendue? C'est parce que c'est un jour dédié au repos du corps et de l'esprit, avant les fêtes de Pâques. C'est aussi un jour où les Irlandais doivent se purifier : confession, mais aussi coupe de cheveux, d'ongles, nettoyage de Printemps dans la maison, et achat de nouveaux habits. C'est aussi l'occasion de visiter les tombes des ancêtres.
Enfin vient le dimanche de Pâques, jour de fête de tous les chrétiens car jour de la résurrection du Christ. Comme partout dans les pays à tradition chrétienne, c'est un jour de rassemblement et de fête avec la famille ou les amis. Mais en Irlande, pour les courageux, c'est un jour qui commence tôt : traditionnellement, il faut se rendre en famille en hauteur pour assister au lever du soleil, symbole du Christ s'élevant de sa tombe.
Une fête aux origines païennes
Ensuite, c'est l'heure de la messe de Pâques, vêtu de ses vêtements neufs, avant d'en arriver au repas traditionnel irlandais, habituellement composé de viande rôtie avec des pommes de terre, des légumes et de la farce. Après le repas, les enfants partent à la chasse des ?ufs de pâques, mais n'en aurons que les enfants sages qui n'ont pas brisé leur Carême et ont fini en entier le repas de Pâques? (Une règle qu'on finit par abandonner de nombreux parents !). Ce repas, qui marque la fin du Carême, est vécu comme une délivrance, et la fin des privations pour les Irlandais, qui profitent souvent de cette occasion pour retomber dans les excès.
Pâques est bien sûr une fête chrétienne, mais comme souvent, elle se base sur une tradition païenne : depuis des siècles, les Irlandais célèbrent le début du Printemps, où la terre devient fertile, les oiseaux commencent à pondre et les bébés animaux naissent. On retrouve des traces de cette fête païenne dans la symbolique de Pâques : des ?ufs, des agneaux, des oiseaux et des fleurs de Printemps.
Encore une fois, le peuple irlandais démontre dans ces célébrations, même si elles ont largement évolué dans le fond et la forme, leur attachement à un certain héritage culturel. C'est un résumé du charme de l'Irlande : une société qui se modernise à grands pas tout en restant fidèle à certaines traditions ancestrales.
Audrey Lalli