Dans les pays arabes, les femmes se sont découvert un nouveau porte-parole: le septième Art.
Et l’Alliance Française de Dubai a décidé de se faire écho de cette prise de pouvoir ambitieuse !
Dans la continuité du Cycle du Cinéma Arabe, la femme est mise à l’honneur en tant que réalisatrice, productrice ou actrice; l’occasion de la positionner autrement qu’en tant que simple figurante et spectatrice de sa destinée.
« FAIRE un film est une course d’obstacles. Faire un film dans un pays arabe est encore plus difficile. Faire un film dans un pays arabe, lorsqu’on est une femme arabe, est presque impossible. Et faire un film, dans un pays arabe, pour une femme arabe qui choisit de parler de sa condition de femme dans une société arabe, cela est un authentique exploit... ». Wassila Tamzali, responsable du programme des droits des femmes à l’UNESCO résume en quelques mots (justes) la situation dans une profession (et un univers) majoritairement masculin(e).
Oui mais... Comme l’indique la conférencière Alejandra Val Cubero, qui anime les Rendez-Vous autour des cinémas arabes et du Moyen-Orient à l’Alliance Française Dubai, cet « exploit » est l’une des caractéristiques les plus marquantes de cette nouvelle génération de cinéastes avec la présence de plus en plus remarquable (et remarquée) de femmes qui s’imposent avec succès. Le cinéma arabe nous offre désormais des portraits de femmes qui pensent et agissent dans une société contrainte de concilier aujourd’hui entre tradition et modernité.
UNE NOUVELLE GENERATION
Depuis ces dernières années, on assiste à une véritable explosion de jeunes réalisatrices dans le monde arabe. Elles sont d’horizons divers, cosmopolites et bercés entre différentes cultures. Elles reprennent des thématiques déjà abordées telles que la jeunesse, l’exil, la guerre, l’émancipation, mais à travers un regard neuf et original, le tout en utilisant de nouvelles technologies qui apportent un autre relief et une fraicheur à leurs œuvres. Prenons l’exemple du magnifique documentaire «A Present from the Past» (2015) réalisé par l’égyptienne Kawthar Younis, filmé en caméra caché et par Iphone !
LE REVEIL DU MOYEN-ORIENT
Un cas unique est celui des Emirats Arabes Unis, sans industrie cinématographique il y a une dizaine d'années, et qui est aujourd'hui l'un des moteurs du monde arabe avec entres autres la talentueuse Nujoom Al Ghanem, née à Dubai, qui a combiné son métier de journaliste et poète avec sa passion pour le cinéma. Elle sera d’ailleurs mise à l’honneur en clôturant le Cycle du Cinéma Arabe à l’Alliance Française le 5 mars 2018 avec une conférence et la projection de son film-documentaire « Hamama » sur la vie d'une femme âgée guérisseuse qui traite ses patients avec le massage et la cautérisation dans un village près de Sharjah. Pionnière du cinéma émirati, Nujoom a également réalisé « Amal », documentaire portant sur une comédienne syrienne qui s’installe aux Emirats Arabes Unis pour un projet télévisé. Perdue sur cette terre d’exil, elle ne sait plus si elle doit rester ou partir… Mais n’est-ce pas le lot de tous ceux qui rêvent de l’Eldorado des pays du Golfe ?
Il y a aussi le cinéma de la poétesse et réalisatrice Palestinienne Annemarie Jacir considérée comme la première femme à tourner un film en Palestine et qui a écrit, réalisé et produit de nombreux court-métrages dont "A post Oslo history" (1998), "The satellite shooters" (2001) et "Like twenty impossibles" (2003).
FEMMES DE (AU) POUVOIR !
C'est à partir de la Cairo Film School, qu'un groupe de femmes de tous les pays du monde arabe, mais en particulier du Maghreb, commence à tourner. La plupart des femmes sont venues au cinéma avec l'écriture, comme ce fut le cas d'Assia Djebar, de Farida Ben Lyazid, de Nejia Ben Mabrouk, de Moufida Tlatli, de Selma Baccar.
Au Maroc, on peut compter avec le talent de la réalisatrice Leïla Kilani qui, après deux documentaires remarqués, s’est lancé avec succès dans la fiction avec son film puissant "Sur la planche" qui explore la part d'ombre de Tanger et raconte le difficile combat pour survivre d'un quator de jeunes filles.
Autre Marocaine de talent, Leila Marrakchi qui, à tout juste trente ans, a secoué les écrans du royaume chérifien avec « Marock », un audacieux Roméo et Juliette version arabe contant l’histoire d’amour d’une lycéenne musulmane et d’un garçon juif sur fond de jeunesse dorée casablancaise. S’en est suivi « Rock the Casbah », autre film qui a connu un véritable succès au-delà des frontières avec au casting des artistes de talent comme Nadine Labaki ou Hiam Abbass.
En Tunisie, il y a Moufida Tlatli, cinéaste de talent qui a réalisé « La Saison des hommes » ou encore «Les Silences du Palais », projeté en novembre à l’Alliance Française.
De vierge effarouchée et dominée à femme fatale qui conduit les hommes à leur perte, la femme a longtemps souffert de stéréotypes figés. Mais désormais, le cinéma arabe nous offre une pluralité de portraits féminins.
Comme le groupe des Women In Dubai, administré par Wafa Laksiri-Skandry qui nous donne son point de vue sur l’évolution et la place de la femme dans le cinéma arabe, assistez aux prochaines projections et conférences et admirez cette prise de pouvoir par le biais d’actrices et de réalisatrices de talents.
Les conférences sont suivies de la projection des films abordés
Une retransmission du film seul est faite lors d’une date différente
Caramel (2007)
Conférence & Projection: 8 janvier 2018
Retransmission: 14 janvier 2018
Une séparation (2010)
Conférence & Projection: 19 février 2018
Retransmission: 28 février 2018
Hamama (2010)
Conférence & Projection: 5 mars 2018
Retransmission: 15 mars 2018
Sofia BENJELLOUN AMRI (lepetitjournal.com/dubaï)