Il a beaucoup d’envies, de projets, en particulier porter l’accent sur le développement des formations, des langues et des spécialités tout en renforçant l’accompagnement des élèves en orientation post bac.
Charles Pierru, le Proviseur du LFIGP entré en poste à la rentrée de septembre 2023 se décrit comme un « pur produit de l’Éducation Nationale Française ». Certes sa carrière reflète cette description : professeur des écoles, ensuite directeur d’abord d'école maternelle, puis primaire avant de réussir le concours de proviseur tout en soutenant une thèse sur le thème de l’éducation à la santé. Il est familier des affectations à l’étranger et de l’institution de l’AEFE après avoir permis l’ouverture et la double homologation par la France et l'Espagne du Lycée Français International d'Ibiza, et avoir dirigé le Lycée Français International de Hong-Kong. Mais son envie assumée d’échapper à tout prix à la routine et à l’ennui, d’attaquer les « grands chantiers » comme le déconventionnement du « vaisseau amiral » qu’est le LFGIP avec autant d’enthousiasme et une ambition structurée en font un proviseur plus dynamique et ambitieux que l’image traditionnelle que l’on se fait de sa profession.
Lepetitjournal.com/dubai :Quelques mots pour raconter votre arrivée à Dubaï ?
J’ai pris mon poste fin aout 2023, en arrivant depuis Hong-Kong. J’ai choisi les Émirats d’une part car je pensais que c’était le bon endroit au bon moment pour ma famille et mes enfants car mon aîné entre au collège, et j’aimerais pouvoir envisager une certaine stabilité jusqu’à son bac. Mais aussi par envie, car je savais qu’assurer la transition du LFIGP à partir du déconventionnement serait un défi, et il n’y a rien dont j’ai plus horreur que l’ennui !
J’ai besoin pour me sentir épanoui et stimulé dans mon travail de faire face à des gageures excitantes, de pouvoir utiliser ma créativité, et de pouvoir grandir et me développer. Beaucoup de mes collègues rêvent d’une apogée de carrière à Henry IV ou Louis Le Grand, mais pour moi ce n’est pas du tout ce qui me passionne, car ce sont certes les « bijoux de la couronne » de l’Éducation Nationale mais ce sont surtout de belles machines ronronnantes et rutilantes qui roulent presque toutes seules… Ce qui me passionne ici c’est d’arriver dans un moment crucial de la croissance d’un Lycée français de l’étranger, et de le porter dans son développement au mérite de tout son potentiel. C’est exactement ce que je cherchais : un grand chantier passionnant !
Les premières décisions actées de ce grand chantier ?
La première de ces perspectives excitante c’est la validation d’un nouveau campus dont nous avons discuté en octobre à la dernière assemblée générale des parents. La population générale de Dubaï, ce n’est un secret pour personne, a augmenté de façon exponentielle, et avec elle bien entendu - et en particulier - la population des familles francophones. Nous sommes à capacité avec des listes d’attentes dans presque toutes les classes : il était grand temps de travailler sur cette extension.
En termes de pédagogie nous avons aussi obtenu l’accord pour ouvrir le Bac International trilingue, ce qui s’inscrit aussi dans ma volonté de vraiment développer les perspectives de formations, et d’offrir la plus grande variété de parcours possible à nos élèves
Qu’est ce qui a vos yeux, maintenant que nous approchons la fin de cette année 2024 et que vous le connaissez mieux, fait vraiment la spécificité du LFIGP
Avant toute chose des locaux exceptionnels. Et puis son aura et son ancienneté qui en font selon les premières lignes du rapport de l’inspection académique le « vaisseau amiral de l’AEFE au Moyen Orient »….. Ce n’est pas rien et c’est une étiquette magnifique dont il faut se montrer digne : un but que nous atteignons sans peine, avec plus de 40% de mentions TB au bac depuis de nombreuses années.
Un autre signe de sa particularité d’excellence, c’est que le recrutement est vraiment facile : du fait de la réputation de ce lycée il attire les postulant et j’ai ainsi la chance de pouvoir choisir parmi des profils de très haute qualification, c’est aussi cette réputation qui nous protège de la « plaie » que peut être le turnover rapide et très fréquent qui affecte souvent les écoles à l’étranger, et ce malgré les bouleversements engendrés par le déconventionnement.
Le déconventionnement pour ceux qui ne sont pas familier avec les arcanes de l’Education Nationale Française c’est ? En deux mots ?
Oui, excellente question car nous avons effectivement abondamment communiqué sur ce sujet, mais nous nous sommes rendu compte que c’est un concept qui porte à confusion. Donc le point le plus important : cela n’a rien à voir avec l’homologation ! Passer par le déconventionnement c’est simplement changer d’employeur :
le recrutement se fait désormais par le Lycée et non plus par l’État. Notre homologation en tant que Lycée Français ne bouge pas.
Ce qui vous donne plus de moyens ?
Et une certaine liberté : j’ai beaucoup d’envies, de projets, et je souhaite en particulier porter l’accent sur le développement des formations, des langues et des spécialités tout en renforçant l’accompagnement des élèves en orientation post bac.
Développer également le bac français international qui souffre d’une méconnaissance auprès des parents et de beaucoup d’idées reçues erronées : or c’est un bac qui ouvre absolument toutes les portes, y compris à l’international et vers les écoles anglaises. Et non, le bac IB n’est pas obligatoire pour accéder aux écoles anglaises : nous avons eu plus de 50 élèves cet année qui y ont postulé, et tous ont reçus des offres.
Un point qui vous est cher dans les premiers projets de cette première année ?
Nos relations avec l’association des parents d’élèves, sans hésiter ! J’ai créé un échelon supplémentaire de communication qui sert d’intermédiaire entre les parents délégués de classe. J’ai remarqué que les représentants de classe n’avaient pas forcement accès aux autres représentants, ni accès à un recul sur la place de leur classe dans la progression pédagogique d’ensemble. C’est une charge importante, bénévole bien sûr, et ils ont besoin de soutien.
J’ai donc instauré une réunion régulière entre tous les représentants de classe, réunion à laquelle j’assiste, qui nous permet à tous de prendre la température de l’ensemble du Lycée, de dialoguer, de donner la parole aux représentants et de réagir à chaud sur les sujets du jour qu’ils soient spécifiques à une classe ou plus généraux. C’est un cercle vertueux qui engendre dialogue dynamique, action immédiate, progrès : je suis très heureux de cette nouvelle habitude et je crois que les parents aussi.
Best of : Rediffusion de l'article du 12 mai 2024