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JULIEN HAWARI, Mediaquest« défier le status quo dans le monde arabe » 

julien Hawari julien Hawari
Écrit par Tiffany BUSSER
Publié le 1 août 2019, mis à jour le 1 août 2019

Julien Hawari a quitté le Liban pour Paris alors qu’il était enfant. La vie de son père journaliste est menacée mais la famille emporte avec elle sa faculté à défier le statu quo et transformer l’image du monde arabe en Occident.

Julien et son frère Alexandre co-fondent Mediaquest dans les années 90. Aujourd’hui basé à Dubai, le groupe s’est transformé en conglomérat de médias presse et online, économique et lifestyle. Mediaquest est à l’origine d’évènements parmi les plus importants de la région et surfe également sur la vague des datas, du marketing programmatique ainsi que du mobile. Sa présence en Arabie Saoudite, aux Emirats Arabes Unis ainsi qu’au levant, en fait un acteur incontournable de la région.

Ce qui anime Julien Hawari ne l’a pas quitté. Il porte désormais sa vision, mêlée d’éthique, de progrès et de générosité vers le monde de la fintech, avec l’idée d’une meilleure redistribution de la richesse.

 

Lepetitjournal.com/dubaï : Quelle est la genèse du Groupe Mediaquest ?

 

Julien Hawari - Au Liban, dans les années 50, mon père fut à l’initiative de l’un des hebdomadaires les plus importants du monde arabe. « Al Ousbou’al Arabi » était distribué de Casablanca à Mascate et il connut des tirages record. Quittant le Liban pour la France, il créa « Arabies » dans les années 80. Premier média francophone dédié à la culture, la politique et l’économie du monde Arabe, il est un pont, un flux d’échange entre cultures et civilisations.

 

C’est avec la même intention de transformer l’image du monde arabe que mon frère Alexandre et moi avons créée Mediaquest en 1997 à Paris. Aujourd’hui, nous avons un porfolio de marques et media aussi variés que Marie-Claire, Trends, AMEInfo, Communicate, Haya, Buro 24/7… nous avons aussi lancé des évènements tels que Top CEO, arab luxury world ou les Effie Awards pour n’en citer que quelques-uns.

 

Pourquoi vous implanter à Dubai ?

 

À Paris, nous avons démarré la société avec une indépendance éditoriale, mais très vite, nous nous sommes rendus compte qu’il fallait être sur place au plus près de nos clients.

Nous nous sommes implantés ici en 1999 lorsque Dubaï a ouvert une zone franche pour les médias. Dubaï est une porte d’entrée vers le monde Arabe avec une position stratégique. C’est une plateforme économique et d’échange avec le monde Arabe.

 

Comment apportez-vous votre pierre à l’édifice de la région ?

 

En créant des évènements disruptifs comme Top CEO par exemple.

L’idée est née il y a environ 6 ans lors d’une discussion avec un ami à propos d’une transformation profonde de la région. Nous constations l’effet positif de l’arrivée d’hommes et femmes de toutes parts, amenant davantage de « corporate gouvernance » (gouvernement d’entreprise), c’est-à-dire de rigueur et de transparence dans la gestion des entreprises. Comment encourager cela ?

Nous avons décidé de mettre en avant les personnes qui – au-delà des paroles – agissent dans ce sens. C’est notre contribution pour encourager des emplois pertinents et donner de l’espoir aux jeunes de la région.

Chaque année, Top CEO met à l’honneur 100 CEO sélectionnés entre autres sur des critères de création de valeur, de gouvernance interne, transparence, reporting, etc. Toutes les entreprises cotées en bourse sont évaluées selon des critères objectifs quantitatifs et les résultats sont validés par un institut indépendant (l’un des quatre grands auditeurs mondiaux).

Ce rassemblement est le reflet de l’éthique de notre entreprise et il se distingue des autres car il est impossible de payer pour être nominé !

 

 

Donc vous travaillez avec votre frère depuis plus de 20 ans ?

 

Oui. Nous avons une relation de confiance, nous savons que nos intérêts sont protégés. Nous avons développé ensemble l’entreprise en nous basant sur nos points forts respectifs. Mais depuis huit mois, je m’investis complètement dans un projet très différent, une start-up dans la fintech.

 

Pouvez-vous nous en dévoiler un peu plus ?

 

Il s’agit de la création d’un écosystème qui œuvre pour une meilleure redistribution de la richesse. En effet, le capitalisme financier est plutôt destructif, il contraste avec la révolution industrielle portée par le capitalisme où le travail créait la richesse. Depuis 2008, certains mouvements tentent de réconcilier capitalisme et humanisme. Thomas Piketty ou Warren Buffet, entre autres, remettent en cause les fondamentaux, les inégalités, le niveau de dette du système… L’idée est de réinjecter 2 ou 3 % de la richesse vers les couches les plus fragiles, ou vers les micro-entrepreneurs et entreprises créant de la valeur dans l’économie réelle. C’est d’ailleurs un principe existant dans la théorie économique islamique. Le principe de donation de 2.5% de la richesse est d’avantage spirituel et religieux que légal ou gouvernemental.

De plus l’écosystème permet une transparence et une traçabilité de cette redistribution, s’appuyant sur la technologie BlockChain pour allouer une contribution financière à une destination bien précise. Il ne s’agit pas de taxation mais de co-investissement en toute transparence.

Nous allons commencer par déployer notre action dans la région MENA (ou 63% des gens n’ont pas de compte en banque !).

 

 

Comment avez-vous vu Dubaï évoluer en 20 ans ?

 

C’est une méritocratie, avec un aspect « rêve américain » en ce sens qu’il n’y a pas vraiment de contraintes pour limiter votre business. De plus l’intégration des étrangers est considérable, nous sommes dans l’un des rares pays du monde où vous pouvez commander votre Mac Do dans une langue qui n’est pas celle du pays !

Ceci dit l’énergie entrepreneuriale s’est un peu atténuée. La ville a perdu un peu de son âme, elle portait l’espoir et est devenue plus aride. La recherche de la maximisation du profit a pris le dessus au niveau de tous les points de contact, que ce soit au restaurant ou dans l’administration. Les consommateurs sont plus alertes et font attention aux prix dans une situation économique difficile. Il faut donc que les entreprises ou certaines compagnies aériennes soient plus alignés sur les prix par rapport à l’étranger pour éviter d’avoir des prix 30 ou 40% supérieurs à ceux pratiqués ailleurs. Si la ville est extrêmement agréable à vivre, le coût de la vie est devenu cher avec un rapport qualité prix qui n’est pas toujours là.

 

 

À quoi ressemble « votre » Dubaï ?

 

Dubai est vraiment une plateforme pour moi, avec une qualité de vie et un climat exceptionnel. J’aime être en famille, profiter des parcs, recevoir des amis. Sinon je suis assez casanier. Pour ce qui est des restaurants j’ai un coup de cœur pour 3 fils, j’adore Din Thai Fung,  Zuma, BB social sont mes classiques !

 

 

Tiffany Busser
Publié le 1 août 2019, mis à jour le 1 août 2019

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