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Tibi la blanche : l’adolescence au Sénégal racontée par Hadrien Bels

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Écrit par Lepetitjournal Dakar
Publié le 13 octobre 2022, mis à jour le 13 octobre 2022

Le moment charnière de la fin de l’adolescence est difficile à capturer, qu’il s’agisse du Sénégal, de la France ou d’ailleurs. Pourtant, dans Tibi la blanche, un roman qui captive tous les sens, Hadrien Bels raconte les péripéties de trois amis dans la ville de Thiaroye, proche de Dakar. Les trois histoires s’entremêlent et forment des fresques éclairantes sur la société sénégalaise actuelle. Rencontre avec l’auteur qui après avoir écrit Cinq dans tes yeux, sur Marseille, rejoint le Sénégal où une partie de sa famille vit. 

 

Comment avez-vous eu l'idée d'écrire Tibi la blanche ? 

Au départ, c'est surtout une envie de partir, à travers l'écriture, au Sénégal. Ensuite, je pose ma première scène et l'idée du livre vient en écrivant. "Ndànk Ndànk", petit à petit, comme disent les Sénégalais.  

 

Quel est votre rapport au Sénégal ? 

 C'est le pays d'une partie de ma famille. Je m'y sens à ma place. Le rythme de vie sénégalais est différent du français. Les rapports humains sont plus simples et souvent bien plus riches. J'adore ce pays. 

 

Vous mentionnez la pratique d'envoyer des enfants nés en France de famille sénégalaises au Sénégal lorsque l'argent manque ou qu'ils sont « problématiques », est-ce une pratique commune ? 

C'est une pratique qui était plus courante dans les années 90, y compris chez les Français d'origine algérienne. Mais, pour moi, ce n'est pas lié à une question financière. C'est surtout une possibilité. Quand ton enfant a du mal à s'adapter ou qu'il prend une mauvaise direction, tu peux l'envoyer au pays. Et ça peut le remettre dans le droit chemin. En France, la consommation, le rythme de vie, l'hyper individualisme peut faire « péter les plombs », surtout au moment de l'adolescence. Cela touche tous les milieux, y compris les personnes aisées. Retourner vivre au pays c'est se reconnecter à certaines valeurs, à une culture et un respect des anciens. Cette « pratique » comme vous dites, est pour moi, une chance. 

 

Quel rapport les Sénégalais ont-ils envers l'immigration en France ?  

La France et le Sénégal sont très proches. On partage une histoire, pas toujours simple et aussi douloureuse, qui laisse des traces. Et puis, il y a aussi la langue française, que l'on retrouve partout au Sénégal : à la télévision, sur les murs, les taxis, dans les marchés, sur les panneaux de signalisation. Enfin, la jeunesse sénégalaise a très souvent des amis, des frères ou des cousins qui vivent en France, qui viennent en vacances au pays ou avec lesquels ils communiquent via les réseaux sociaux. Aller en France c'est une immigration familière. D'ailleurs, lorsqu'un jeune Sénégalais arrive en France, il a très souvent des contacts sur place. 

 

Vous mentionnez le fait que l'immigration glorieuse concerne plutôt les Etats-Unis ? 

Les Etats-Unis, même pour un jeune Français, c'est spécial. Quand on te dit « J'ai fait mes études à New York », ça en jette plus que : « J'ai fait mes études à Strasbourg ». On a toujours un regard critique vis-à-vis des Etats-Unis, mais ce pays porte en lui une culture mondiale commune. Et puis il y a aussi un déplacement beaucoup plus long et un déracinement culturel plus marqué. Et les Etats-Unis sont toujours reliés à une forme de réussite ou en tout cas « une possible » réussite. On ne peut pas dire que la France dégage la même image  

 

L'adolescence en France et au Sénégal est-elle si différente ? 

Bien sûr, comme celle vécue en Italie, en Espagne, ou même dans un village ou une ville de France. Aucune adolescence ne se ressemble. Même d'un quartier à un autre, qu’on soit à Yoff, à Médina ou à Pikine. Cependant, je dirais que le Sénégal a un espace urbain moins hostile et cloisonné qu'en France. Les jeunes Sénégalais que j'ai pu rencontrer, je les ai trouvés moins tournés sur eux-mêmes. Mais ce qui relie tous les adolescents, c'est ce moment charnière, hors société, dans lequel ils vont devoir faire des choix qui vont compter pour le reste de leur vie.  

 

Pour quel public avez-vous écrit ce roman ? 

Je n'ai pas réfléchi à cette question au moment d'écrire. Mais je me dis que si mon livre permet à certaines personnes de découvrir un peu le Sénégal, à travers mon regard, qui reste celui d'un étranger, ça serait pas mal.  

 

Comptez-vous écrire sur le Sénégal de nouveau ? 

 J'ai envie de vous dire "Si dieu veut" 

 

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