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Alun Be, photographe, visionnaire, messager

Alun Be, photographe, visionnaire, messagerAlun Be, photographe, visionnaire, messager
Écrit par Irène Idrisse
Publié le 24 février 2018, mis à jour le 6 janvier 2021

Vous avez une nouvelle série de photos qui suscite des termes dithyrambiques « série  sublime »  dit Stéphane Tourne (photographe), « interpelante », «  superbe » etc. Au delà de leur présence esthétique, lesdites photos provoquent des émotions fortes et ouvrent le champ réflexif. En tant que père de ces œuvres, quel message voulez-vous faire passer ?

 

Je prenais en cachette la caméra de ma mère et j'achetais des pellicules noir et blanc avec mon argent de poche à l'âge de 14 ans

Vous êtes architecte, comment la photographie est-elle arrivée dans votre vie ?

La photographie était là bien avant l'architecture. Je prenais en cachette la caméra de ma mère et j'achetais des pellicules noir et blanc avec mon argent de poche à l'âge de 14 ans. La bonne question c'est comment l'architecture est arrivé dans ma vie : c'était un choix pour satisfaire mes parents, et les rassurer par rapport à mon âme artiste de toujours.

 

Quel regard portez-vous sur la photographie africaine ?

Nous pouvons enfin voir les fruits de la photographie africaine. Le monde change, son regards sur l'Afrique, et ce en grande partie grâce à la photographie. L'image est souvent plus forte que la réalité pour beaucoup de personnes, c'est pour cela que la photographie africaine joue un rôle important pour l'image de l'Afrique.

 

La photographie fige ces histoires dans le temps afin qu'elles puissent être racontées aux prochaines générations avec autant d'authenticité

Quels sont vos domaines de prédilection ?

J'adore les visages, ils racontent tant d'histoire. Il faut juste prendre le temps de les lire. La photographie fige ces histoires dans le temps afin qu'elles puissent être racontées aux prochaines générations avec autant d'authenticité.

 

Auriez-vous un conseil à donner à quelqu’un qui souhaite devenir photographe ?

Une bonne photo raconte une histoire, une excellente photo en raconte mille. Il ne faut pas essayer de copier les autres, la liberté commence par l'acceptation de soi, car on est tous unique.

 

Alun Be - Photographe

 

Comment qualifieriez-vous l’ère dans laquelle nous vivons ?

Nous sommes dans une nouvelle ère. Nous ouvrons un nouveau chapitre pour l’humanité.

Il est important de suivre le train car il va très vite…

 

Votre photographie vise t-elle, pour paraphraser Foucault,  à « diagnostiquer le présent »  ou à l’interroger ?

Oui c’est exactement ça ma démarche : refléter à travers mon regards et mes bagages culturels l’état de l’humanité.

 

De par la facilité de la mise en contact, est-on dans une ère de fraternité élargie ou au contraire dans un monde de la fractale : multiples amitiés émiettées et volatiles ?

C’est les deux en même temps, car en effet tout est volatile mais quand une injustice se produit dans le monde elle est spontanément partagée sur les réseaux sociaux sans filtre (ou très peu).

 

Alun Be - Photographe

 

La réalité augmentée ne correspond –elle pas, pour partie, à une quête de la perfection, une aseptisation des choses, une tentative vers l’idéalisation en quelque sorte ? Tout comme l’art nous porte vers le Beau ?

Je ne suis pas un expert de la réalité augmentée, mais il me semble qu’elle nourrit un besoin profond d’évasion pour beaucoup de personnes. La vie paraît souvent plus belle dans un cadre. Mais contrairement à l’art, la réalité virtuelle ne reflète pas toujours le visage de la société.

 

Aimer la réalité augmentée ne revient-il pas à faire à peindre le réel avec les couleurs que l’on désire tout comme un artiste peint une toile ?

Je ne suis pas expert en matière de réalité augmentée donc je ne saurai répondre à cette question.

 

Entre les digital natives et leurs grands-parents, il semble y a avoir eu l’équivalent d’un changement de civilisation. D’après vous, une transmission des savoirs transgénérationnelle  - des ainés vers les plus jeunes - est-elle encore possible ? N’assiste t-on pas plutôt à un inversement de la pyramide de transmission du dit savoir : Les  plus jeunes apprenant aux ainés désormais ?

Je pense que la transmission du savoir est plus équilibré aujourd’hui car la vérité vient de partout ; elle peut provenir d’un bébé ou d’un vieux sage, tant que les informations élèvent il ne faut pas les freiner et se limiter aux schémas classiques de hiérarchie. Nous avons tous quelque choses à apporter aux autres.

 

Alun Be - Photographe

 

Je n’ai pas peur du changement car c’est la seule chose qui est permanente

Doit-on craindre ou louer ce nouveau paramètre d’éducation qu’est le net : tout trouver par soi-même, s’auto éduquer ? Cette autonomie des enfants quant à leur propre éducation ?

Je pense que l’une des plus grandes raisons de notre existence c’est l’évolution. Je n’ai pas peur du changement car c’est la seule chose qui est permanente. Certains luttent contre les choses qui changent, et d’autres s’adaptent et les accueillent. C’est toujours plus facile de ne pas lutter.

 

Le monde va mal. Ce qui veut dire que les aînés se sont fourvoyés dans leur gestion dudit monde : c’est la lecture que les plus jeunes font, en Afrique peut-être plus qu’ailleurs… Assis sur ce fiasco, incapables de reconnaitre leurs erreurs et y apporter des solutions idoines – je parle de la majeure partie des politiques, par exemple – et largués quant aux nouvelles technologies  – là nous parlons des ainés en général  –  la parole et les enseignements desdits ainés sont-ils encore recevables, selon vous ?

Le monde ira toujours mal, tout comme la vie sera toujours belle. Je citerai Lebniz : tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possible. Quand une chose ne va pas, elle est justement là pour nous montrer qu’on se doit de l’améliorer

 

Si  tendresse et amour peuvent eux aussi être sublimés par la réalité augmentée, que peut-on encore attendre du monde réel ?

Comme je le disais plus haut je ne suis pas expert de la réalité virtuelle, j’ai juste utilisé des lunettes virtuelles pour symboliser l’ère digitale. Cela dit, pratiquement tout se fait via le digital de nos jours, même les interviews ; l’homme fusionne avec le digital. Cela dit je ne pense pas que le digital puisse surpasser le monde réel, tout en restant ouvert à cette possibilité.

 

Alun Be - Photographe

 

Quel est le retour que vous avez par rapport à cette nouvelle série de photos ?

Très positive, et le projet à touché des personnes de différentes origines. Il a ce cachet universel même si il a été construit au Sénégal.

 

Quel a été son itinéraire jusque là ?

Je l’ai présenté pour le première fois à Hong Kong, ensuite au 104 de Paris, puis au Lagosphoto festival. La prochaine étape c’est Chicago pour finalement rentrer au Sénégal pour la biennale de Dakar 2018.

 

Un dernier mot ?

Il faut croire en soi, car la perfection est partout, sauf en nous quand on ne se voit plus.

 

Vos préférences

 

Photographie préférée : Ma prochaine photo pour un petit moment

Sentiment préféré : l’amour

Moment préféré : le présent

Trouble préféré : l’attente

Couleur préférée : rouge

Passion triste préférée : Voltaire « Candide»

 

Alun Be - Photographe

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