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ULRICH SOSSOU - Le jeune entrepreneur et son incubateur de startups béninoises

Écrit par Lepetitjournal Cotonou
Publié le 10 avril 2016, mis à jour le 10 avril 2016

Ce mois-ci, la rédaction vous présente le portrait d'un jeune entrepreneur béninois, Ulrich Sossou, qui a cofondé en 2014 l'incubateur d'entreprise TEKXL, une innovation majeure en Afrique de l'Ouest pour le renforcement des capacités entrepreneuriales des startups.

Un mois après le portrait de l'artiste plasticien Tchif, la rédaction dupetitjournal.com/cotonou est allée à la rencontre d'Ulrich Sossou qui nous a reçu au siège de son incubateur d'entreprise situé au c?ur du quartier de Fidjèrossé à Cotonou.

Découvrez dans ce reportage un modèle béninois de réussite qui accompagne les jeunes entrepreneurs dans leur projet de création d'entreprise. TEKXL incube de jeunes entreprises à fort potentiel de développement en leur offrant un lieu de travail, un financement, un encadrement et des formations.

Lepetitjournal.com/cotonou : Bonjour Ulrich, merci d'avoir accepté de répondre aux questions de lepetitjournal.com/cotonou. Pouvez-vous nous dire qui vous êtes ?

Ulrich Sossou : bonjour, je suis béninois, je suis né à Cotonou, j'ai 29 ans et suis co-fondateur d'un incubateur d'entreprises TEKXL, que nous avons créé avec Senam Beheton en 2014. Nous sommes en train de nous implanter dans plusieurs pays en Afrique de l'Ouest, à Dakar dans les prochains mois puis dans d'autres pays.

Quel a été le déclencheur pour vous lancer dans un projet entrepreneurial, êtes-vous issu d'une famille d'entrepreneur ? Avez-vous fait des études sur l'entrepreneuriat ?

Non je n'ai pas une famille d'entrepreneur, mes parents sont médecins et fonctionnaires. J'ai fait des études en ingénierie industrielle et ce qui m'a motivé pour entreprendre, c'est que j'ai toujours voulu faire ça. J'aime créer des choses, trouver des solutions à des problèmes, découvrir, inventer, etc. La seule façon de le faire c'est en étant entrepreneur, ou bien artiste peut-être, à la différence qu'un artiste ne crée pas des choses pratiques, un produit ou des solutions à des problèmes que plein de gens vont utiliser. Sur le numérique je suis complètement autodidacte. J'ai commencé à m'intéresser au numérique au cybercafé de Porto-Novo et j'ai commencé à faire des petits boulots et à pouvoir m'acheter un ordinateur, voilà comment j'ai commencé.

Avant de lancer cette entreprise TEKXL, aviez-vous lancé d'autres projets ?

Avant TEKXL j'ai travaillé à partir de 2006 d'abord en tant que consultant puis en créant moi-même mes propres produits dans le domaine du numérique. J'ai compris que lorsque les gens ont un problème, si tu leur trouves une solution, ils sont prêts à te payer pour cela. J'ai donc commencé à trouver des solutions en tant que consultant et après j'ai décidé de le faire en tant qu'entrepreneur pour répondre à des problèmes plus vastes, que des millions de personnes rencontrent, et pour transformer cette solution en business modèle.

En quoi consiste exactement TEKXL ?

C'est un incubateur d'entreprise pas nécessairement d'entreprises numériques, mais qui utilisent le numérique pour résoudre des problèmes à grande échelle de clients basés au Bénin ou à l'étranger. L'objectif de cet incubateur c'est d'accompagner d'autres entrepreneurs dans la création de leur entreprise à forte valeur ajoutée.

En tant que consultant j'ai eu à travailler sur des solutions à l'attention de milliers, voir de millions de personnes, mais c'était essentiellement pour des entreprises qui ne sont pas au Bénin. En discutant avec mon co-fondateur on s'est posé la question de savoir comment est-ce qu'au Bénin, dans un pays qui n'est pas encore très développé d'un point de vue du numérique, on pouvait mettre nos compétences à contribution.

On s'est dit qu'on allait aider les entreprises ici à développer leurs propres solutions en trouvant un business modèle qui soit à moindre coût pour elles. C'est pour ça qu'on a décidé de faire cet incubateur où l'on ne demande pas aux entreprises de nous payer pour nos services, mais on les aide à monter leur entreprise en prenant des parts dedans. On investit nous-même dans certaines d'entre elles.

Sur la base de quoi se fait la sélection des entreprises qui entrent dans votre incubateur ?

Ce sont souvent des personnes qui ont des projets qui viennent nous voir, mais souvent ce sont aussi des étudiants qui n'ont pas encore de projet et on les aide à en trouver un.

La sélection se fait sur la base de l'engagement de la personne, sur ses aptitudes et sa volonté à devenir un bon entrepreneur et à créer quelque chose de viable et à forte valeur ajoutée.

Est-ce que vous formez ces jeunes porteurs de projets ?

Oui, nous les formons à des compétences entrepreneuriales, à des compétences techniques et de vente.

Sur quoi vous rémunérez-vous ? Sur le chiffre d'affaire de ses entreprises ?

Non pas sur le chiffre d'affaire, car ce sont des entreprises qui sont censée être à forte croissance et si on prend une part sur leur chiffre d'affaire cela va ralentir leur croissance. L'idéal est qu'elles aient toutes les ressources pour grandir rapidement. On prend un pourcentage de parts dans l'entreprise et c'est une fois qu'elle entre en bourse ou qu'elle est revendue que nous récupérons de l'argent. C'est vraiment un investissement sur le long terme pour nous. C'est un investissement aussi personnel.

Combien de projets accompagnez-vous actuellement?

Nous avons actuellement 6 entreprises incubées ici.

PIKIZ permet de faire du Marketing avec des images pour la promotion sur internet. Après la création d'images, il y a des outils qui permettent sur internet de vérifier l'impact de ces images par exemple sur les réseaux sociaux?

Il y a ensuite Chaperone, un outil qui permet de créer des tutoriels interactifs. Souvent les entreprises sont obligées de former leurs employés aux outils de l'entreprise. Cet outil permet de créer des tutoriels interactifs à moindre coût. Concrètement, ce sont des petites bulles d'aide qui montrent à l'employé comment utiliser les logiciels.

Nous avons également BéninMaison qui est un service de concierge immobilier. Il offre une solution par exemple aux expatriés qui cherchent des maisons à acheter ou à louer. Les processus est parfois lourd au Bénin. Sur ce logiciel, le client explique ce qu'il cherche et l'entreprise se charge de trouver le bien immobilier idéal, elle effectue toute les démarches de visites, puis propose au client deux offres parmi les plus intéressantes. Dans la majorité des cas, cela correspond exactement à ce que recherche le client.

Nous avons aussi Sewema qui est une plateforme de cours en ligne en français surtout dans le domaine du numérique. Il permet d'apprendre comment le numérique peut aider les personnes dans leurs activités.

Nous avons également Intside qui aide les startups dans leur campagne marketing. C'est d'ailleurs elle qui aide les startups ici à faire leur campagne.

Nous incubons enfin ClassAction qui est un nom provisoire, qui n'a pas encore été lancée, qui aura vocation à rassembler des témoignages de personnes lésées par la corruption au sein des administrations et qui souhaitent intenter un procès. Car actuellement les gens au Bénin n'ont pas beaucoup de possibilité de recours de ce style.

Nous avons également une plateforme qui n'est pas encore lancée, mais qui permettra aux photographes africains de vendre leurs photos en ligne et aux entreprises qui cherchent des photos par exemple pour une campagne au Bénin de trouver cela sur une plateforme unique.

Comment voyez-vous le futur de TEKxl ? Pensez-vous que le Bénin ait besoin aujourd'hui de ce genre d'initiative ?

Oui, le Bénin a besoin de ça car le numérique aujourd'hui est un élément très important en terme d'innovation, quelque soit le domaine. Lorsque l'on veut développer des produits ou services, résoudre des problèmes très rapidement, passer par des solutions numériques coûtent beaucoup moins cher, quelque soit le domaine (santé, finance, commerce, etc.). Lorsque l'on veut mettre en place une industrie, il faut de gros financements alors qu'avec le numérique, il faut juste des connaissances, une bonne connexion internet, des ordinateurs pour créer des services à forte valeur ajoutée pour le pays.

J'ai créé par exemple un logiciel pour une entreprise britannique, ce logiciel m'a pris trois semaines de travail et en moins de 6 mois cette solution a rapporté à l'entreprise plus de 5 millions de dollars de valeur, soit 3 milliards de Frances CFA. Ainsi vous voyez que si l'on avait de telles entreprises au Bénin qui peuvent créer en quelques années autant de valeur, ce serait un énorme plus pour l'économie du pays. Regardez aux Etats-Unis des entreprises de ce type qui n'existaient pas il y a quelques années rapportent aujourd'hui des milliards. Si on peut faire la même chose au Bénin avec des petites ressources de base, ce serait vraiment énorme !

Aujourd'hui avec TEKXL on a la capacité d'incuber une dizaine d'entreprise. Chaque entreprise reste environ 18 mois à partir du moment où elle arrive avec son projet jusqu'au moment où elle est capable de générer du revenu.

Très bien, un grand merci Ulrich pour avoir accepter de répondre à ces questions et bonne continuation dans votre entreprise.

Florence Bourrea (www.lepetitjournal.com/cotonou) lundi 11 avril 216

lepetitjournal.com cotonou
Publié le 10 avril 2016, mis à jour le 10 avril 2016

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