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REUSSITE BENINOISE - Green Keeper Africa ou comment utiliser la jacinthe d'eau comme dépolluant

Écrit par Lepetitjournal Cotonou
Publié le 6 juin 2017, mis à jour le 8 juin 2017

 

Fohla Mouftaou est l'un des managers de Green Keeper Africa, une entreprise créée avec David Gnonlonfoun, qui exploite la jacinthe d'eau, véritable fléau des lacs béninois, afin d'en faire un dépolluant. Focus sur une entreprise innovante et économiquement utile pour toute la sous-région.

Lepetitjournal.com/cotonou : Pouvez-vous vous présenter et nous parler de Green Keeper Africa ?

Fohla Mouftaou : Je suis Fohla Mouftaou, pédiatre de formation et je me suis associé à David Gnonlonfoun, ingénieur en bâtiment, BTP et construction.

Nous avions tous les deux la volonté de créer une entreprise innovante, une entreprise qui nous rendrait fier. Nous avions envie d'investir notre temps dans un projet environnemental avec un impact social.

Moi je suis franco-béninois et David belgo-béninois, nous vivons au Bénin à Cotonou et c'est la raison pour laquelle nous avons ouvert cette entreprise ici, même si nous souhaitons clairement notre entreprise, si ce n'est internationale, du moins régionale et dont beaucoup d'africains pourront être fiers.

 

Fohla Mouftaou, Green Keeper Africa

Comment vous est venue cette idée d'exploiter la jacinthe d'eau ?

F.M. : La jacinthe est une plante que l'on connaît depuis l'enfance. David a vécu avec dans sa maison familiale. Il connaissait ses propriétés phyto-épurative avec l'eau. 

On s'est rendu compte que, malgré les efforts fait pour éradiquer cette plante, la jacinthe subsiste quoi qu'il arrive. La plupart des Etat,s à force de perdre en investissement pour la supprimer, ont baissé les bras.

De notre côté, nous étions convaincus qu'avec une approche du secteur privé on pouvait faire quelque chose d'intéressant avec cette quantité de matière première qui était là, qui pourrissait la vie des gens et leur environnement et qui ne demandait qu'à être exploitée.

 

David Gnonlonfoun, Green Keeper Africa

Quelle a été votre idée de départ ?

La jacinthe d'eau est à l'origine un déchet vert que l'on doit ramasser pour permettre de dégager l'environnement. Elle est très bien adapté à son milieu et a une capacité d'adaptation et de prolifération gigantesque. Nous sommes donc en présence d'une matière première non périssable. Il n'y a pas de problème de quantité, la question est plutôt de se demander qu'elle quantité l'on va prélever.

L'idée est d'en prélever suffisamment pour que les personnes qui vivent à proximité de cette jacinthe voient la différence et pour que d'autres plantes puissent apparaître. Il s'agissait de permettre aux gens de retrouver une activité économique sur l'eau en dégageant les voies navigables, l'accès au marché et aux zones de pêches. D'un autre côté on se retrouvait avec une quantité de matière première qu'il s'agissait de valoriser.

C'est en cherchant partout parmi les idées de valorisation de la jacinthe d'eau, projets nombreux, mais à petite échelle, et qui s'essoufflent, que nous avons construit une approche à plus grande échelle et entrepreneuriale qui relève les défis, comme le transport fluvio-lagunaire, la collecte de la jacinthe, le séchage, tout en étant efficace pour ne pas perdre trop d'argent.

Du coup, quel est le produit que vous proposez ?

La fibre dépolluante, qui est notre premier produit et le plus avancé, est un produit connu qui confère à la jacinthe des propriétés absorbantes. On a donc commencé à se lancer dans la collecte, à construire les machines pour voir si elles correspondaient aux produits. On a mis au point tout le processus chimique de fabrication qui exploite les propriétés absorbantes de la jacinthe d'eau.

Quel est donc ce processus ?

Il y a plusieurs clés qui ouvrent ce processus. Il s'agit de bien comprendre la manière de ramasser, de sécher, de transporter sans perdre d'argent, et de stocker la jacinthe d'eau. Une fois que l'on a fait tout cela, on arrive à un produit qui amène à la fabrication de la fibre dépolluante, notre produit, que l'on vend à un certain cout.

Quelle est la taille de votre entreprise aujourd'hui ?

Aujourd'hui nous sommes une entreprise de 14 personnes qui travaillons sur l'ensemble de ce processus en interne, salariés de l'entreprise, et nous avons environ 800 personnes qui travaillent sur le processus de la collecte.

Qui sont vos clients ?

Nous avons différents segments de client : tous ceux qui stockent, exploitent ou transportent des produits pétroliers et qui sont régulièrement confrontés à des problèmes de fuites et de pollution environnementale.

Il leur faut, et c'est quasiment une obligation pour eux, avoir une réserve d'intervention en cas de fuite. Ils doivent avoir sur le site de quoi intervenir.

Ensuite il y a ceux qui transportent des hydrocarbures par bateaux, avions, camions.

Nous avons également d'autres types de clients qui gèrent des parcs de gros engins, camions? et le BTP qui ont des engins de levage par exemple stockant des huiles hydrauliques. Lorsque par exemple il y a des raccords ou durites qui explosent, il y a directement des centaines de litres au sol et il faut intervenir.

D'un autre côté il y a également tout ce qui est industriels, par exemple des pompes hydrauliques, des circuits explosent, des tonneaux se renversent, etc.. c'est bien d'avoir à portée de main un produit absorbant, organique et qui a ce côté vertueux qui donne d'autant plus de valeur à leur démarche. Nous avons enfin comme clients tout ce qui est automobile, garages, qui sont confrontés à des huiles de vidanges lors des entretiens. Pour mieux gérer le parc automobile, avec une technique adaptée de contrôle des fuites, ils peuvent avoir des garages plus propres, etc.

Donc nos clients sont du domaine pétrolier, de la dépollution, des gens qui travaillent avec des chaines de garages, des fournisseurs de BTB, etc.

Quels sont vos projets d'investissement ?

On pense beaucoup à la grande consommation, c'est à dire, viser plus les particuliers, lorsque l'on élargira notre champ d'action.

On souhaite aussi dépasser notre produit de fibre absorbante, et on travaille depuis le départ sur plusieurs autres produits, par exemple un service de dépollution des sols, on mettrait en place dans le sol de la matière organique qui auraient un rôle absorbant des particules polluantes, mais qui stimulerait également la croissance de certains microorganismes pour leur permettre de digérer les hydrocarbures, de les utiliser pour faire chuter la quantité de polluants dans le sol. On investit beaucoup là-dessus.

On travaille également sur l'utilisation de la fibre pour la fabrication de textile, essayer de faire des système de serviettes, de pads, d'essuie tout ? puis peut-être de matelas, de tapis, de semelles de chaussures, etc.

On travaille aussi sur l'utilisation de la fibre pour l'isolation des bâtiments, pour faire des panneaux comprimés, isolation phoniques, isolation par rapport au feu.

On travaille sur la fabrication d'énergie à partir de la jacinthe mais également à partir des déchets, une fois que l'on récupère ces déchets, qu'est-ce qu'on en fait ? Ne faut-il pas utiliser d'autres techniques dans le cadre d'un processus d'économie circulaire, pour fermer la boucle d'une manière ou d'une autre ?

Avez-vous un dernier mot à nous dire ?

Depuis le début de notre entreprise on a fait le choix de ne pas se fermer par peur que l'on nous copie.

On a fait le choix de rencontrer plein de parties prenantes pour explorer ensemble les opportunités de la jacinthe d'eau. Quand le projet est pertinent on a énormément de personnes qui nous appuient et qui contribuent au projet.

Si Green Keeper est une entreprise qui réussi c'est grâce à toutes les personnes qui nous ont accompagnées, qui ont donné de leur temps.

Je souhaite aussi à travers ce média, remercier toutes les personnes qui nous ont accompagnées et avec lesquelles nous avons noué des partenariats.

Propos recueillis par Florence Bourreau le 23 mai 2017 (www.lepetitjournal.com/cotonou) mercredi 7 janvier 2017

Pour en savoir plus sur Green Keeper Africa : http://www.greenkeeperafrica.com/

crédit photo: Green Keeper Africa

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Publié le 6 juin 2017, mis à jour le 8 juin 2017

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