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PARC ARCHÉOLOGIQUE D’AGONGOINTO - Un village sous terre au Bénin depuis le 18e siècle

Écrit par Lepetitjournal Cotonou
Publié le 12 janvier 2024, mis à jour le 25 mars 2024

 

Le parc archéologique d'Agongointo, un village souterrain situé au centre du Bénin à Bohicon, est l'une des nombreuses traces historiques héritées du royaume du Dahomey, qu'il est permis de visiter au Bénin. Lepetitjournal.com s'est rendu sur place pour vous faire découvrir cet extraordinaire endroit, encore intact, laissé à la jeune génération et aux touristes de passage.

 

C'est tout un village, pas à la surface ou sur la terre comme on a l'habitude de voir, mais un village souterrain, qu'il est possible de visiter en plein c?ur de la ville carrefour, Bohicon au Bénin. Des maisons sont bâties sous le sol depuis le 17e siècle. Au total, le village est formé de cinquante-six (56) structures excavées de type « AHOUANDO », qui signifie littéralement « abris de guerrier ». Elles sont réparties sur un espace de 7 hectares. Ce site touristique attire un nombre impressionnant de visiteurs, depuis sa découverte en 1998. 

Au 18e siècle, le roi Agadja, surnommé le « Conquérant », était confronté aux invasions des ennemis qui venaient de l'Etat d'Oyo, situé aujourd'hui au Nigéria. À cette époque, le Dahomey n'était pas équipé d'une armée solide et structurée. Ce sont les bras valides des citoyens qui défendaient le royaume face aux ennemis. Dans ces conditions, ces bras valides dépourvus d'armes dignes de ce nom ont fait le choix d'attirer l'ennemi dans une zone complexe afin de le prendre à revers. C'est ainsi qu'ils ont pensé et construit le « AHOUANDO », « abris de guerrier », explique Armiyaou SOGLO, Guide-Animateur au service des visiteurs du village souterrain d'Agongointo.

Une véritable infrastructure, expression du génie qu'incarnaient les béninois de l'époque, a vu le jour. La structure excavée de type « AHOUANDO », dans sa construction, tient compte d'un certain nombre de principes : la géologie (pour le choix du type de sol), la géométrie (pour le choix de la forme à donner l'infrastructure), la physique (pour donner une forme à la voute), l'acoustique (pour contrôler, le son émit à l'intérieur), l'hydrologique (pour fabriquer des zones où on peut recueillir de l'eau). Ces principes ont été mis en ?uvre alors que ces « guerriers » n'avaient acquis aucune connaissance dans ces domaines par le biais de formation. C'est sur le tas qu'ils se sont formés.

Le « AHOUANDO » dans sa forme physique a une entrée circulaire à la surface du sol. À l'intérieur se trouve une pièce principale de forme circulaire également. Il est ensuite doté de compartiments semi-circulaires qui servaient de chambre. Cette infrastructure est entièrement taillée dans le sol à la main, avec des outils archaïques (houe, coupe-coupe, etc.). À la surface, une végétation couvre l'entrée afin d'empêcher l'ennemi de trouver les cachettes. L'infrastructure est dépourvue de trous d'aération, ce qui rend la température constante à l'intérieur. Le feu de cuisson est proscrit à l'intérieur du « AHOUANDO ». C'est une stratégie qui permet de conserver le peu d'oxygène qui s'y trouve et surtout ne pas laisser de traces de vies humaines, de peur d'être repéré par l'ennemi. Dans ces conditions, l'alimentation des guerriers était essentiellement faite de tubercules et de céréales grillées dans d'autres villages et envoyées dans les « AHOUANDO ».

Aujourd'hui, c'est une fierté nationale, inscrite depuis le 28 aout 2008, sur la liste du patrimoine national. Un site touristique qui lève un coin de voile sur les stratégies de défense utilisées au cours de la guerre. Enfants, chercheurs, étudiants, élèves et touristes de passage s'y rendent afin pour découvrir et visiter le site.

Childéric Sessou (www.lepetitjournal.com/cotonou) vendredi 15 juillet 2016.

lepetitjournal.com cotonou
Publié le 14 juillet 2016, mis à jour le 25 mars 2024

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