Copenhague a vu son marché immobilier se transformer radicalement ces dernières années. Alors que la capitale danoise attire touristes et nouveaux résidents, une tendance inquiétante s'installe : l'achat de biens immobiliers avec l’idée de les louer sur des plateformes comme Airbnb.


Certains quartiers de Copenhague connaissent une présence de plus en plus importante de touristes et le son des roulettes des valises n’a plus de secret pour leurs habitants. Le lien humain au sein du voisinage disparait peu à peu au profit de la ronde des touristes…
En 2024, 7,3 millions de nuitées ont été effectuées au Danemark via des locations de courte durée privées sur Airbnb, selon les chiffres d'Eurostat. Cela représente donc une augmentation de 19,1 % par rapport à l'année précédente.
Mais peut-on vraiment en vouloir aux Danois de se tourner vers cette solution ? Face à des prix immobiliers qui s'envolent et un coût de la vie toujours plus élevé, la tentation de se dégager un revenu supplémentaire en louant son logement est forte. Entre gain financier et préservation d'un certain art de vivre, le choix peut s’avérer cornélien.
Une réglementation danoise peu respectée
Face à l'essor d'Airbnb dans la capitale, les autorités danoises ont tenté d'encadrer la pratique par une réglementation spécifique. L'objectif était clair : limiter l'impact sur le marché locatif traditionnel et préserver l'équilibre des quartiers. La loi stipule notamment que les propriétaires ne peuvent louer leur résidence principale sur des plateformes comme Airbnb que pour 70 jours par an maximum (qui peuvent être poussés à 100 dans certains cas).De plus, un plafond de revenus a été fixé pour ces locations de courte durée, au-delà duquel des taxes plus élevées s'appliquent.
Malheureusement, la réalité est tout autre, puisque les lois semblent être faites pour être détournées... Le manque de moyens pour contrôler l'application de cette législation laisse quelques portes ouvertes : la déclaration des revenus générés par les locations reste largement basée sur la bonne foi des propriétaires. Nombre d'entre eux dépassent le plafond autorisé, parfois par ignorance, parfois par choix. Lors de la dernière inspection du secteur par l'Agence fiscale danoise, 92 % des 1 500 dossiers examinés étaient erronés.
Il est par exemple facile de contourner la loi et de louer son appartement 365 jours ; malgré le plafond de 70 jours, il est possible de louer le logement par « parties », et de louer ainsi chaque chambre sur cette durée.

Quelles solutions ?
Le problème d'Airbnb au Danemark n'est pas sans solution. Plusieurs pistes pourraient être explorées pour mieux réguler ce marché et retrouver un équilibre.
La première serait de renforcer la coopération entre les plateformes de location et les autorités fiscales. En rendant obligatoire la transmission de données (nombre de nuits louées, revenus générés) par les plateformes aux services fiscaux, il deviendrait beaucoup plus facile de contrôler l'application de la loi.
Parallèlement, la mise en place d'un système d'enregistrement obligatoire pour tous les logements loués sur Airbnb pourrait constituer une avancée significative. Chaque logement se verrait attribuer un numéro d'enregistrement unique, qui devrait être affiché sur l'annonce. Cela permettrait aux municipalités d'identifier facilement les logements dédiés à la location de courte durée et de s'assurer qu'ils respectent bien les règles en vigueur.
Enfin, une réflexion plus large sur le marché du logement danois semble s'imposer. La crise du logement est une réalité à Copenhague et dans d'autres grandes villes. L'encadrement des loyers, la construction de logements sociaux ou l'incitation à la location à long terme sont autant de leviers qui pourraient être actionnés pour répondre aux besoins des habitants et éviter que la location sur Airbnb ne soit perçue comme une solution de dernier recours mais reprenne sa place de facilitateur de tourisme.
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