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Lauréline Epaulard, une Française, danseuse à Tivoli

Laureline Epaulard Laureline Epaulard
© Lauréline Epaulard
Écrit par Joëlle Borgida
Publié le 20 août 2021

Rencontre avec Lauréline Epaulard, danseuse, diplômée du Conservatoire de Paris. Elle travaille depuis quatre ans pour la compagnie de danse de Tivoli qui est un des parcs d'attractions les plus anciens au monde, l'un des lieux les plus visités à Copenhague et qui est par ailleurs très réputé pour ses spectacles. 

 

Lauréline Epaulard danse
Lauréline Epaulard 

 

Comment est venue votre vocation de danseuse ?

J’ai commencé la danse vers l’âge de 8 ans. J’étais une petite fille très dynamique et j’avais besoin de pratiquer beaucoup d’activités physiques : je faisais à cette époque de l’équitation, du foot, du judo, du rugby et de la danse. Ma passion est venue assez naturellement, j’avais besoin de faire toujours plus et mieux.

 

J'ai pris un jour une paire de pointes dans les objets trouvés de l’école de danse pour montrer à ma professeure ce que je savais faire,

J'ai pris un jour une paire de pointes dans les objets trouvés de l’école de danse pour montrer à ma professeure ce que je savais faire, alors qu’à 8 ans normalement, on ne porte pas encore de pointes ! La professeure a repéré mon envie, ma motivation et m’a poussée. J’ai participé à des compétitions, j’en ai gagné et s’est alors posée la question de la suite, du choix de l'école pour continuer à me former.

 

Parlez-nous justement de votre formation et de votre parcours...

J’ai donc passé des auditions et j’ai d’abord intégré le Conservatoire Régional de Paris à l’âge de 14 ans puis j’ai rejoint le Conservatoire National Supérieur de Musique et de danse de Paris dont j’ai été diplômée à 16 ans - en général on l’est plutôt à 18 -.

Ces écoles fonctionnent comme des sections sport étude avec la classe le matin jusque 13h et des cours de danse l’après-midi : danse classique, danse contemporaine, pas de 2, cours de pointes, répertoire, enseignement de musique, d’anatomie, d’histoire de la danse. C’est une formation très complète et très exigeante, c’est d’ailleurs pour cela que l’on est aussi recruté sur son dossier scolaire car lorsque l’on rentre chez soi après 20h, on n’a pas beaucoup de temps pour les devoirs.

Donc une fois diplômée, j’ai commencé à chercher du travail et pour cela il fallait passer des auditions.

Alors qu’à l’école, les élèves sont très encadrés, soutenus, vous réalisez en en sortant que le monde de la danse est extrêmement difficile, avec une compétition internationale et beaucoup de précarité, des petits contrats. 200 danseurs peuvent être auditionnés pour 2 postes ! Vous essuyez beaucoup de refus sans avoir de retour et vous passez par des moments de découragement et de questionnement en vous demandant si vous êtes vraiment faite pour ce métier.

J’ai eu alors beaucoup de chance, et la chance est primordiale dans la carrière d'une danseuse, car j’ai passé une audition dans mon école pour participer à un gala au Japon dans une compagnie nippone. J’ai été retenue et je suis partie avec mon professeur. Cela a été une expérience incroyable qui m’a encore fait davantage aimer la danse et qui m’a fait réaliser que grâce à la danse je pourrais voyager !

A mon retour, j’ai signé un contrat à l’Opéra de Paris pour une petite production puis je me suis installée à Bordeaux où j'avais obtenu un autre engagement.

 

Laureline Epaulard
©Laureline Epaulard

 

Ensuite, j’ai eu envie de partir à l’étranger et j’ai rejoint une amie qui travaillait à ce moment-là à Tivoli à Copenhague.

J’y suis allée au culot en demandant à prendre des classes (entrainement quotidien du matin) dans la compagnie pendant une semaine. Je me suis très bien entendue avec le professeur et le Directeur trouvant que je correspondais au profil de la compagnie m’a proposé un contrat. J’ai été engagée pour le spectacle de Casse Noisette en 2016.

J’étais ravie car le cadre de Tivoli est féerique et par ailleurs, en tant qu’artiste ici, je me suis sentie considérée, les salaires permettant, de plus, d’avoir une bonne qualité de vie.

 

Je suis immédiatement tombée amoureuse de Copenhague et je n’ai eu alors qu’une cesse : être renouvelée, ce qui a été le cas !

Il faut savoir que les danseurs sont engagés à chaque fois pour une saison : hiver, été …

La saison d’hiver est en intérieur dans le Concert Hall pour les spectacles de Casse Noisette ou de La reine des neiges. En été, il y a 2 spectacles par soir, tous les soirs sauf le lundi et ils ont lieu sur la scène extérieure, le Pantomime Theatre qui se situe dans les jardins et qui est très ancienne. Une des spécificités de Tivoli est de proposer des spectacles de pantomime avec les personnages de Pierrot, Colombine, Arlequin.

 

Quel est votre quotidien à Tivoli ?

En été par exemple, on se lève le matin à 8h pour suivre la classe à 9h45, on finit les répétitions à 15 heures, on a une petite pause puis il faut être de retour à 18h pour les 2 spectacles.

 

C’est un rythme intense mais c’est ce que l’on aime faire.

Il faut surtout éviter de se blesser et prendre soin de son corps. Il est nécessaire de bien se nourrir, de dormir. Dès que l’on commence à danser, on doit apprendre à vivre avec son corps qui est son instrument de travail !

 

Combien de danseurs travaillent à Tivoli ?

Nous sommes entre 15 et 23 en été et le double en hiver car il s’agit de grosses productions auxquelles participent les enfants de l’école de danse de Tivoli également. Le recrutement est très international, en arrivant en 2016, il y avait quelques Français mais je suis la seule actuellement.

 

Quels sont vos projets pour la suite ?

J’ai signé un contrat avec l’Opéra Royal pour la production de Faust qui débutera en mai. J’y avais déjà dansé dans l’opéra contemporain Nixon in China et dans Flagermusen.

 

Comment cela se passe-t-il , vous n’avez pas de contrat d’exclusivité ?

Je suis employée par Tivoli mais il existe un partenariat entre eux et l’Opéra Royal, ainsi des danseurs de Tivoli peuvent être amenés à aller travailler là-bas. Bien sûr si je participe à un spectacle sur une scène, je ne peux pas prendre part à un autre alors que je voudrais tout faire !

 

Vous préférez le classique, le contemporain ?

J’ai été formée en danse classique mais avec le temps j’ai envie de découvrir de nouveaux styles, de nouveaux chorégraphes et c’est toujours bien de pouvoir montrer que l’on a des expériences dans divers répertoires.

 

Quels sont vos chorégraphes préférés ?

Marius Petipa pour le classique, Jiří Kylián pour le contemporain et bien entendu le Danois, Auguste Bournonville qui est très important ici !

 

On sait que notamment pour les artistes de spectacle vivant, la situation avec le Covid est difficile, comment cela se passe-t-il pour vous ? Comment gardez-vous votre forme physique et arrivez-vous malgré tout à travailler ?

Nous avons eu la chance de pouvoir danser cet été alors que dans beaucoup d’autres endroits, ce n’était pas le cas et nous avons pu faire les classes jusque décembre.

Il faut savoir qu’à Tivoli de toutes façons, on ne travaille pas en janvier, février.

C’est compliqué de danser, de faire des pointes chez moi mais je pratique le yoga, fais des étirements et je marche 7km tous les jours pour m’entretenir. Je donne depuis quelques temps aussi des cours de renforcement.

Quand les restaurants étaient encore ouverts, j’ai travaillé au Saint Jacques où Lau Christian et Daniel Letz m’ont formée puis à la crêperie La Pétanque, Yannick m’a aussi donné ma chance. Je ne connaissais rien à la restauration mais j’étais volontaire, on m’a donné les moyens et j’ai su faire !

Maintenant je travaille chez Letz Shop le vendredi et je viens de commencer à la SFO (garderie) du Lycée français où je voudrais proposer des activités aux enfants autour de la danse.

 

Que pourriez-vous dire à de jeunes danseurs et danseuses qui vous liraient ?

Je ne me suis jamais interrogée sur mes choix. Même si j’ai dû mettre d’autres choses entre parenthèses, faire des concessions, l’univers de la danse m’a tout de suite plu, j’y ai grandi et il m’a permis de devenir celle que je suis. J’ai dû quitter dès l’âge de 16 ans ma famille pour m’installer à coté du conservatoire afin d’avoir davantage de temps à dédier à la danse. J’ai déménagé plus tard à Bordeaux et ensuite à 18 ans à Copenhague.

La situation n’est pas facile et j’espère pouvoir re-danser dès ce printemps mais je me rends compte que quoi qu’il arrive et sans doute grâce à ce que j’ai déjà vécu, j’arrive à évoluer. J’ai fait beaucoup de rencontres et parce que l’on me fait confiance et que j’ai de la volonté, je réussis à trouver des activités intéressantes même en dehors de la danse !

 

 

 

Un grand merci à Lauréline de nous avoir accordé un peu de son temps pour cet entretien et nous espérons avoir bientôt la chance de la retrouver sur scène. 

 

 

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