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Rencontre avec Denis Segond : chef de choeur de La Traviata

Denis Segond Opera Royal Danemark Denis Segond Opera Royal Danemark
Écrit par Joëlle Borgida
Publié le 26 janvier 2020, mis à jour le 29 janvier 2020

La première de La Traviata a eu lieu à l’Opéra Royal du Danemark samedi 18 janvier dernier. Cette production sera proposée jusqu’au mois de juin 2020. C’est un opéra en 3 actes, crée en 1853 par Giuseppe Verdi d’après le roman d’Alexandre Dumas fils “ La Dame aux camélias”.

 

L’équipe du Petitjournal.com Copenhague rencontre Denis Segond, chef de choeur invité du Kongelige Opera (Opéra Royal du Danemark). Il coordonne le choeur de cette production et nous parle de ce spectacle et de sa préparation.

Denis connait parfaitement ces classiques du répertoire de l’art lyrique tels La Bohême, Carmen, Tosca, la Flûte enchantée. Grace à ces spectacles, nous explique-t-il, les salles sont remplies. L’Opéra Royal gagne de l’argent, ce qui lui permet de financer d’autres productions moins connues et plus confidentielles.

Le choeur de l’Opéra Royal compte 40 personnes avec un parfait équilibre entre femmes et hommes. Depuis 2 ans, il est de plus en plus international avec des irlandais, des anglais, des coréens mais avec aussi bien-sûr des suédois et des danois …

Préparation de la Traviata 

Pour préparer le spectacle, Denis va “enseigner” La Traviata au choeur. Il est accompagné d’un pianiste aux premiers stades des répétitions. Il commence par faire travailler le texte puis quand il est parfaitement su, il peut s’occuper de la musique. Denis reconnait qu’il y a un gros effort de mémoire à faire car même si la plupart des chanteurs ont déjà chanté ce répertoire et le connaissent, ils participent en parallèle à 4-5 productions. Cela fait beaucoup de textes à retenir en même temps ! La mémoire doit s’entretenir tout comme la technique.

La totalité de la saison comprend 12 opéras et concerts.

C’est un choeur professionnel qui maîtrise déjà bien ce répertoire et notamment cette production qui a été créée il y a plus de quinze ans. Pour les nouveaux, des répétitions spéciales sont nécessaires.

De façon générale, pour ce type de production il y a besoin de six à sept répétitions (répétitions musicales et répétitions de scène). Ce nombre est discuté et négocié avec les producteurs du spectacle. Les membres du choeur ont un contrat pour environ 250 répétitions par an qui sont à partager entre toutes les productions de l’année.

“un choeur c’est comme un orchestre, un instrument de précision”

Denis nous explique qu’il y a une attention toute particulière à avoir sur la synchronisation du chœur : Il faut caler les voyelles, qu’elles soient toutes chantées ensemble et identiques, il en est de même pour les “R”. Denis précise : un choeur c’est comme un orchestre, c’est un instrument de précision, dit-il.

Denis continue ses explications : les solistes peuvent se permettre des licences mais le choeur doit être parfaitement coordonné avec l’orchestre car ce dernier ne l’attendra pas. Les morceaux les plus difficiles sont ceux quand solistes, choeur et orchestre jouent et chantent tous ensemble.

Le choeur est situé derrière l’orchestre (il se peut que l’orchestre soit aussi sur scène et que, dans ce cas bien spécifique, le choeur soit devant l’orchestre. Néanmoins dans La Traviata, le choeur est bien derrière et l’orchestre dans la fosse); le choeur entend la musique avec quelques secondes de décalage, il faut donc que le choeur anticipe et chante avec un peu d’avance sur ce qu’il entend.

Denis est présent lors des représentations dans les coulisses, juste derrière le rideau de velours. Il suit la musique et donne des indications aux choristes qui ont toujours un oeil sur lui. Si vous allez écouter La Traviata, vous verrez que le choeur regarde légèrement sur la droite, les chanteurs suivent en effet les gestes que leur adresse Denis.

S’il y a des problèmes de synchronisation entre le choeur et la fosse, Denis les leur signale et les fait rattraper.

Denis travaille en concertation permanente avec le chef d’orchestre. Dans ce genre de production, "chacun parle sa langue, chacun parle toutes les langues en fonction de la situation et cela fonctionne !"

 

Anecdotes sur les coulisses de l'Opéra Royal 

Nous demandons à Denis s’il a des petites histoires qui ont eu lieu lors de spectacles et qu’il pourrait partager.

Il nous raconte qu’il y a 2 ans, lors de la représentation de Rigoletto, une spectatrice est décédée d’un arrêt cardiaque. Elle a été évacuée sans qu’il y ait d’interruption et sans que le public ne s’en rende compte.

Denis nous parle ensuite d’une fonction primordiale dans ce type de production, celle du stage manager. C’est une personne à qui tout le monde répond toujours “merci” (pour lui signaler en fait qu’on a entendu et compris ses indications). C’est le manager qui gère tout et qui contrôle, entre beaucoup d’autres choses, un bouton permettant de tout stopper en cas de problème. C’est ce qui est arrivé il y a 2 ans : un incident technique avec des plateaux est survenu, des enfants étaient sur scène. La stage manager de l’époque a pris la décision d’actionner le fameux bouton ! Le rideau est tombé et la salle a été évacuée. C’est un événement rare dans le monde du spectacle !

La Reine, nous confie Denis, vient assister à l’Opéra Royal régulièrement. Elle ne vient pas forcement à la Première et les artistes ne l’apprennent que quelques minutes avant le début du spectacle.

Parcours de Denis Segond

Denis Segond a été formé au Conservatoire de Nice, au Conservatoire Supérieur de Musique et de Danse de Paris, à la Manhattan School of Music (NY), à Yale University et est également titulaire de trois masters. Il est pianiste et chef d’orchestre. C’était son rêve dès son plus jeune âge.

Il a vécu et occupé différents postes à l’étranger, notamment aux Etats-Unis.

Il a un contrat actuellement avec l’Opéra Royal du Danemark mais, en fonction de son agenda, il peut accepter d’autres projets comme par exemple une production de Lucia di Lammermoor et un concert avec choeur à l’Opéra de Malmö qui aura lieu en 2020 pour lequel il a été engagé récemment. Il donne également des cours de piano.

 

La musique à Copenhague

Denis estime qu’il y a une offre musicale très riche avec des salles comme l’Opéra Royal ou le DR KoncertHuset. Denis trouve que le Danemark se distingue peut-être d’autres pays par la grande richesse des groupes amateurs qui fonctionnent de façon très professionnelle.

Il nous conseille aussi les concerts qui sont donnés à Trinitatis Kirke, à Holmens Kirke ou au Conservatoire de musique situé à côté de Forum.

 

Si vous souhaitez réserver vos places pour aller écouter La Traviata : https://kglteater.dk/en/

Joelle
Publié le 26 janvier 2020, mis à jour le 29 janvier 2020

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