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Pour 52% d’expats à Chiang Mai, la pollution serait le motif de départ

Sondage sur la Pollution de Chiang Mai aupres des expatriesSondage sur la Pollution de Chiang Mai aupres des expatries
LPJ Bangkok.com - District de Mae Wang dans les environs de la ville de Chiang Mai
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 2 novembre 2020, mis à jour le 15 mars 2024

Un sondage révèle que pour 52% des expatriés de Chiang Mai, la pollution de l’air est la principale raison qui pourrait les pousser à quitter la ville!

Du 22 juin au 7 juillet, le corps consulaire de Chiang Mai qui rassemble une vingtaine de consuls honoraires a interrogé les membres de la communauté internationale de Chiang Mai sur la problématique de la qualité de l’air dans la région. 

Sur une communauté internationale estimée entre 20.000 et 30.000 personnes, ils sont 1.529 originaires de 45 pays différents à avoir répondu au questionnaire. Un peu plus de la moitié, 52%, estime que la principale raison qui pourrait les faire quitter Chiang Mai est la pollution de l’air. Ce nombre monte à 65% parmi la tranche d’âge des 15-45 ans, ce groupe est un contributeur majeur de l'économie locale, la plupart étant des hommes ou des femmes d'affaires et des chefs de famille.

Des chiffres qui interpellent le consul honoraire britannique Ben Svasti, l’un des initiateurs du sondage. “Quand on voit que 65% des gens actifs sur le marché du travail veulent quitter Chiang Mai à cause de la pollution, ce chiffre est inquiétant. Nous avons rencontré le gouverneur le 20 octobre, nous voulions lui présenter des chiffres sur l’impact économique de la pollution. Par le passé, nous avons déjà essayé de discuter en montrant l’impact sur la santé et cela n’a jusqu’à présent pas vraiment été un succès”.

Selon le sondage, la communauté internationale se sent particulièrement attachée à la ville pour sa qualité de vie, sa culture, ses habitants et pour ses opportunités en termes de business. Ils n’ont pas envie de partir ou d’emmener leur famille et leurs entreprises ailleurs. Ils sont d’ailleurs 44% à ne pas envisager du tout de partir de Chiang Mai. 

Impact sur les entreprises et les écoles

En plus du sondage qui visait à interroger la communauté internationale sur la problématique de la qualité de l’air, le corps consulaire de Chiang Mai mène en parallèle trois autres études auprès des investisseurs étrangers, des hôtels et des écoles internationales. Les résultats complets devraient paraître prochainement.

Néanmoins il ressort que plusieurs entreprises étrangères rapportent qu’il est de plus en plus difficile de recruter du personnel à cause de la réputation de Chiang Mai à la saison des brûlis. À cette période, la ville fait en effet régulièrement partie des villes affichant les plus forts taux de pollution atmosphérique. Les écoles internationales connaissent un problème similaire pour attirer de nouveaux professeurs ou inciter les parents à inscrire leurs enfants. Les entreprises font également face à un taux d’absentéisme plus important pour des infections respiratoires durant la période des fumées entre février et avril. 

L’industrie hôtelière n’est pas épargnée non plus. 83% des hôtels connaissent plus d’annulations de réservations durant la saison des fumées. Le même pourcentage d’hôtels s'inquiètent des effets de la mauvaise publicité qui entourent Chiang Mai pendant la période de février à mai, la ville se classant régulièrement en tête des zones urbaines les plus polluées du monde. Les hôteliers craignent que cette mauvaise réputation ne colle à la peau de Chiang Mai de manière durable.

Face à ces constats alarmants, le corps consulaire a rencontré le gouverneur de la province de Chiang Mai, Charoenrit Sanguansat, pour partager les préoccupations de la communauté internationale au sujet de l’aggravation des feux de forêt et des brûlis. Annette Kunigagon, consule honoraire d’Irlande, résume : “Le gouverneur nous a confié que les problèmes de pollution étaient la priorité numéro une de son agenda. La période des brûlis devrait également être décalée et répartie en deux périodes pour éviter d’atteindre les pics de pollution de l’année dernière”. 

Plan de prévention

Pour lutter contre la pollution de l’air, les autorités prévoient la mise en place d’un plan d’action en quatre points que Sittikorn Chantadansuwan, officier diplomatique supérieur détaché auprès de l'unité d'exécution du Premier ministre, détaille dans une note datée du 20 octobre. 

La première mesure vise à une meilleure coexistence entre les habitants et les forêts, avec un travail de sensibilisation auprès des habitants pour qu’ils deviennent des protecteurs des forêts. 

La deuxième mesure est la mise en place d’un système de prédiction à trois jours sur la qualité de l’air. D’une part, cela pourrait éviter les problèmes de santé en informant à temps la population sur la nécessité de porter un masque et en préparant des zones “saines” avec des purificateurs d’air.

D’autre part, cela permettrait une meilleure gestion des brûlis. “La question de brûler ou ne pas brûler est un autre débat, mais les impacts sur la santé sont vraiment à prendre en compte”, souligne Sittikorn Chantadansuwan. 

Un meilleur système d’observation et des gestions des feux devraient être mis en place dans les 17 provinces du Nord de la Thaïlande pour 2021. Entre 1.000 et 2.000 détecteurs devraient être répartis dans la région, ceux-ci permettraient de tracer en temps réel les feux pour ne pas se baser uniquement sur les données satellites spatiales GISTDA (Geo-Informatics and Space Technology Development Agency)

La dernière mesure concerne l’introduction de l’application Jong Burn (que l’on peut traduire par ‘réserve brûlante’) pour permettre de réguler les feux et d’en autoriser certains. 

“Le gouverneur prévoit de réduire le nombre de feux de 25%. L’année dernière, il avait promis qu’il y en aurait zéro!.. Nous sommes donc dans une vision plus réaliste. Pour autant, là où je ne suis pas spécialement d’accord, c’est qu’il prévoit d’autoriser certains brûlis, avec une soi-disant gestion”, commente Ben Svasti. “Les raisons qui poussent les fermiers à brûler ne sont prises à la source par le gouvernement central. On sait que la pollution vient de l’agriculture, de la collecte de champignons dans les forêts, de raisons politiques, etc. Mais il n’y a aucune décision qui est prise à ce niveau-là”, déplore le Britannique qui vit à Chiang Mai depuis 30 ans.

Les résultats complets du sondage

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