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"Danser Casa", ou le fourmillement créatif de la jeunesse du Maghreb

"Danser Casa", ou le fourmillement créatif de la jeunesse du Maghreb. Casablanca"Danser Casa", ou le fourmillement créatif de la jeunesse du Maghreb. Casablanca
Le chorégraphe de hip hop Mourad Merzouki, le 29 septembre 2015 à Lyon / AFP/Archives
Écrit par Olivier Delagarde
Publié le 25 juin 2018, mis à jour le 25 juin 2018

Avec "Danser Casa", présenté samedi soir à Montpellier Danse et interprété par huit jeunes danseurs marocains, les deux figures du hip hop Kader Attou et Mourad Merzouki mettent en lumière le fourmillement créatif d'une jeunesse souvent privée de moyens d'exprimer son talent.

 

La pièce commence justement par des fourmillements dans les pieds, puis les mains et tout le corps des danseurs, dont une jeune femme à l'énergie communicative.

 

Sur la scène du théâtre à ciel ouvert de l'Agora, ont ensuite éclaté toute la fougue et la virtuosité des huit danseurs sélectionnés fin 2016 à Casablanca parmi 180 auditions.

 

Dans cette pièce sans trame précise, Ayoub Abekkane, Mossab Belhajali, Yassine El Moussaoui, Oussama El Yousfi, Aymen Fikri, Stella Keys, Hatim Laamarti, Ahmed Samoud évoluent aux confins du cirque, des arts martiaux, du hip hop, de la danse contemporaine chers aux deux chorégraphes âgés de 44 ans qui ont grandi dans la banlieue lyonnaise, dans des familles d'origine algérienne.

 

A Montpellier, en première française de ce spectacle crée à Casablanca en avril, les jeunes danseurs ont montré le travail accompli au côté de leurs aînés pour évoluer en groupe, se positionner sur scène, maîtriser des gestes très techniques lors de scènes d'affrontement notamment.

 

"Danser Casa", ou le fourmillement créatif de la jeunesse du Maghreb
Le chorégraphe de hip hop Kader Attou, le 15 décembre 2015 au Théâtre de Chaillot, à Paris / AFP/Archives

 

Une réponse aux préjugés

« Nous avons le désir de transmettre notre expérience – avec l’espoir que ces danseurs continuent à grandir », explique Mourad Merzouki. Tout comme les jeunes interprètes de "Danser Casa", les deux fondateurs en 1989 de la compagnie Accrorap ont commencé à danser dans la rue avant de faire entrer dans les théâtres le hip hop, danse urbaine originaire du Bronx.

 

« La danse est une ouverture et une émancipation », souligne Kader Attou, désireux de se poser en "passeur" pour ces jeunes danseurs tout comme d'autres "ont cru en lui" par le passé.

 

« Quand on voit cette jeunesse, ces talents, ces désirs d’exister, de partager, il est impossible de rester insensible », commente Mourad Merzouki. « Cette énergie positive est à l’opposé de ce que nous traversons en France. Elle apporte la meilleure des réponses aux préjugés que l’on peut avoir en Occident sur le monde arabe », ajoute-t-il.

 

Mourad Merzouki a fondé sa propre compagnie Käfig en 1996, mais les deux chorégraphes s'étaient retrouvés en 2003 avec un spectacle commun présenté en Algérie.

 

En 2008, Kader Attou est devenu le premier chorégraphe de hip hop à être nommé directeur d'un Centre chorégraphique national (NLDR : de La Rochelle). L'année suivante, c'était au tour de Mourad Merzouki, nommé à la tête du CCN de Créteil.

 

« Avec Kader, nous avons envie de vivre une forme de partage, d’échange, créer ensemble », explique Mourad Merzouki. « Même si nos routes se sont séparées il y a plus de 20 ans, nous sommes ravis de nous retrouver et de relever ce nouveau défi ».

 

Quant aux jeunes interprètes de "Danser Casa", très applaudis samedi soir à Montpellier, ils semblent brûler d'envie de marcher sur les pas de leurs aînés et de réaliser leur rêve : exister à travers la danse.

 

(Avec AFP)

 

 

olivier delagarde lepetitjournal.com casablanca rabat
Publié le 25 juin 2018, mis à jour le 25 juin 2018

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