

Depuis le 11 août dernier, des Tangéroises sont en campagne sur les réseaux sociaux. Leur requête : une plage uniquement réservée aux femmes.
A Tanger, une ville très conservatrice, des femmes expliquent qu'elles ne veulent pas «désobéir à Dieu en se dénudant devant les hommes». Sur la page Facebook qu'elles ont créée, les initiatrices de la campagne s'expriment.
Selon elles, le harcèlement sexuel serait de plus en plus fréquent dans la ville, et particulièrement sur les plages. D'autres de leurs motifs sont plus conservateurs : elles émettent la volonté de ne pas désobéir à Dieu en se mêlant aux hommes : «la mixité est contraire aux coutumes de la ville... Preuve en est que ses habitants évitent la mixité pendant les fêtes et les mariages». Elles donnent pour dernier motif la jalousie qu'expriment leurs frères et maris, parfaitement justifiée selon elles.
Pour ces raisons, ces femmes souhaiteraient privatiser la plage de la baie de Malabata : «Nous ne réclamons évidemment pas que cela soit appliqué sur l'ensemble des plages de la ville, nous savons que plusieurs personnes aiment se baigner en famille et que Tanger est une ville touristique qui attire des visiteurs du monde entier».
Elles soulignent aussi que ce projet est réaliste et raisonnable : «Tanger dispose d'une longue bande côtière, où il y a de la place pour tout le monde, alors pourquoi on ne réserve pas une partie de cette côte exclusivement aux femmes ainsi on aura conservé notre dignité et on pourra profiter de nos vacances sans désobéir à Dieu».
Leur campagne se développe aussi en dehors de Facebook, avec la signature d'une pétition qui appelle à des réclamations à la commune urbaine de Tanger. Les autorités de la ville n'ont pas encore réagi depuis le début de la campagne.
Une démarche contestée
Sur la page Facebook, la majorité des commentaires semblent favorables, même si le projet fait naître quelques contestations qui mentionnent « l'islamisation » de la société.
Certains internautes accusent même ces femmes d'adhérer à des idées extrémistes d'organisations terroristes. D'autres encore soupçonnent des motifs politiques, cette revendication arrivant à l'approche des élections communales du 4 septembre. Celle-ci serait donc politisée et nullement religieuse.
Par le passé, une plage avait déjà été réservée aux femmes : il s'agit de la plage de Martil, près de Tétouan, qui, dans les années 60, n'accueillait que des femmes.
Ce mouvement encourage d'autres initiatives similaires dans d'autres villes du pays. A Agadir par exemple, en 2012, une pétition demandait la construction d'une plage privée non mixte à Saïdia. Elle n'avait rencontré aucun succès et n'avait pas donné de suites.
La campagne de Tanger bénéficie, elle, d'une grande couverture médiatique. L'information a été relayée, en plus des médias nationaux, par l'EFE, l'agence de presse espagnole ainsi que certains médias internationaux, comme le journal espagnol El Mundo et la chaîne qatarie Al Jazeera.
Soraya Ben Aziza (www.lepetitjournal.com/casablanca) dimanche 23 août 2015



