Depuis l’élection du président Javier Milei en novembre 2023, la mobilisation étudiante a redoublé d’efforts entre manifestations, assemblées générales et débats. Braulio est l’un des étudiants mobilisés. Pour Lepetitjournal.com, il partage ses impressions sur le contexte politique de l’Argentine, les origines de son engagement et sa vision de l’avenir politique de son pays.
Ce que le mandat de Milei va changer pour l’Argentine
Braulio se définit comme un éternel optimiste. « C’est parce que je suis un artiste », dit-il. Même s’il les a mises sur pause, ses études de théâtre lui ont bien appris à voir les choses du bon côté. C’est pour ça qu’il a été surpris par l’élection de Javier Milei il y a près d’un an, contrairement à ses compagnons de lutte qui l’avaient vu venir. Son optimisme le mène aussi à se concentrer sur les points positifs de l’élection de Milei malgré la situation politique très tendue, la crise économique, l’inflation et la pauvreté qui augmentent. Pour lui, le peuple commence à remettre en question la responsabilité du gouvernement et de la bureaucratie dans l’état du pays. « Des personnes qui ont travaillé toute leur vie réalisent enfin la brutalité de ce qui est en train de se passer. » Par la suite, les choses vont pouvoir changer et le prochain président ne sera pas aussi extrême. C’est en tout cas les espoirs qu’il nourrit. Même ceux qui ont voté pour Milei il y a un an commencent à reconnaître qu’ils se sont trompés. « C’est difficile pour eux, ils sont trop fiers pour admettre qu’ils se sont trompés, ils sont argentins après tout », blague-t-il. En attendant, lui se rend dès qu’il peut aux mobilisations (notamment devant la place du Congrès) mais aussi dans des assemblées générales à l’UBA, réunissant parfois 500 étudiants.
Une économie en crise qui a guidé le vote
Braulio est un garçon très bienveillant et conscient de la complexité du contexte politique de son pays. À aucun moment il ne se pose en juge des gens et surtout pas des jeunes qui ont voté pour Milei. Son petit-ami même en fait partie. Complètement désillusionné par le contexte politique argentin, il pensait que le meilleur choix serait Milei. Aujourd’hui, il a compris que non. Pour Braulio, Milei a manipulé l’opinion publique tout comme il l’a fait avec son petit-ami, en critiquant le gouvernement précédent sur des problèmes bien réels mais en proposant de fausses solutions, sur la base de son profil d’économiste. La situation économique argentine est critique. De fait, leur vote est principalement basé sur leur condition matérielle. Ils ne s’intéressent pas en priorité aux droits sociaux mais surtout à savoir s’ils auront à manger dans leur assiette, explique le jeune Argentin. Il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui 50 % de la population argentine est sous le seuil de pauvreté.
Un militantisme fondé sur un sentiment d’injustice
À la manière dont il parle de ce contexte politique, économique et social, il est évident que Braulio est réellement touché par les événements : un sentiment d’injustice s’empare de lui face aux gens qui tombent dans la pauvreté par la faute du gouvernement en qui ils avaient placé leur confiance. C’est ce même sentiment d’injustice qui le guide depuis qu’il a commencé à se mobiliser et qui n’a cessé de croître depuis sa petite enfance, jusqu’à devenir tellement grand qu’il a ressenti le besoin de rejoindre un groupe de mobilisation.
Il se souvient qu’à 5 ou 6 ans déjà, lors d’un voyage à Buenos Aires (il vient de la province) pour voir sa famille pendant les fêtes, il avait été frappé par la pauvreté de certains porteños. Encore aujourd’hui, cela reste un souvenir marquant et déterminant pour le militant qu’il est devenu. Il se remémore également sa première action militante : un blocage dans son village pour protester contre la fermeture d’une école d’art. Son action avait donc commencé à l’échelle locale. Aujourd’hui, il s’engage pour une cause plus large.
Quel avenir pour la politique du pays ?
Après avoir évoqué le passé, Braulio se tourne vers l’avenir. Selon lui, Milei ne restera pas longtemps au pouvoir au vu de la mobilisation populaire en cours depuis son élection. Il n’est pas devin, mais il anticipe une situation semblable à celle de 2001. Entre le 20 décembre 2001 et le 1er janvier 2002, la crise économique et la contestation sociale qui en avait découlé avaient conduit le pays à voir passer cinq présidents différents.
Du haut de sa vingtaine tout juste atteinte, il se projette peut-être trop sur l’avenir politique de l’Argentine. Mais comme tout militant, il a une opinion et n’hésite pas à la partager. Il a le sentiment que la lutte dans la rue s’intensifie, que le peuple résiste et que le gouvernement actuel ne pourra pas imposer ses mesures à une population qui lui est hostile.