L'Argentine est le 87e pays dans le classement 2025 de la liberté de la presse publié par Reporters Sans Frontières. Une place qui a chuté comparée à l'année dernière. Rapide retour sur l’état de santé de la presse argentine sous le gouvernement Milei.


Article écrit par Chloé Roulet.
"La ligne rouge est franchie" annonce Reporters Sans Frontières (RFS) lors de la publication de son classement mondial de la liberté de la presse 2025. Selon l’organisation, les conditions d'exercice du journalisme sont jugées mauvaises dans 50% des pays du monde et moins de 1% de la population mondiale vit dans un pays où la liberté de la presse est pleinement garantie. Parmi les grands reculs de cette année : L’Argentine. Le deuxième plus grand pays de l’Amérique Latine se trouve à la 87ᵉ place, dégringolant de 21 places par rapport au classement de 2024. Pour cause, RSF pointe du doigt un gouvernement argentin hostile vis-à-vis de la presse et des journalistes.
32 places de perdues en 2 ans pour l'Argentine
Depuis son élection en décembre 2023, le libertarien Javier Milei multiplie les actions portant atteinte à la liberté de la presse. Sa première année de gouvernance a été marquée par la révision de la loi LSCA de 2009 sur la concentration des médias. Cela a entrainé la fermeture de l’agence de presse nationale Télam où 700 journalistes ont été suspendus. Javier Milei a aussi fait des coupes budgétaires, les chaînes publiques tels que Radio Nacional, Canal 7, Encuentro et Paka-Paka en ont payé le prix fort. En parallèle, le pouvoir exécutif a régulièrement attaqué la presse sur les réseaux sociaux ou lors d’interviews. Le Forum argentin du journalisme (FOPEA) a recensé au moins 52 cas explicites de discours stigmatisants envers la liberté d’expression en 2024 tels que des attaques verbales, du harcèlement et du cyberharcèlement. RSF avait d’ailleurs classé l’Argentine au 66ᵉ rang de son classement 2024, soit un recul de 11 places comparé au classement de 2023.
Les attaques contre le journalisme ont augmenté de 53% en Argentine
Entre, l'hospitalisation du photojournaliste Pablo Grillo touché par une grenade lacrymogène lors d'une manifestation et l’installation d’un système pour couper les micros des journalistes lors des conférences à la Casa Rosada, la deuxième année du mandat de Milei poursuit cette dynamique liberticide. Dernièrement, le gouvernement Milei a de nouveau montré son hostilité envers la presse. Le conseiller de Milei, Santiago Caputo a tenté d'intimider le photographe Antonio Becerra lors d'un débat pour les élections législatives de Buenos Aires. La liberté de la presse est de plus en plus menacée dans le pays. Dans son rapport annuel du suivi de la liberté d’expression publié fin avril 2025, FOPEA dresse plusieurs constats. Les attaques contre le journalisme ont augmenté de 53% par rapport à 2023.
Le pouvoir politique est à l'origine de 52% de ces attaques et le président Javier Milei a été impliqué dans 56 des incidents signalés. En effet, le président argentin n’hésite pas à utiliser les termes de "menteurs", "manipulateurs", "extorqueurs" mais aussi de "crétins" ou "tueurs à gage" pour qualifier les journalistes. Cette semaine, il a d’ailleurs déclaré, en majuscule, sur le réseau social X (ex-twitter), "Nous ne détestons pas assez les journalistes."
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