La place du Congrès s'est rapidement remplie de cortèges qui, à partir de 16 heures, laissent déjà entendre le son de leurs tambours. Malgré le commencement de l'hiver austral, le peuple argentin s'est réuni en masse ce mercredi 4 juin pour une nouvelle journée de mobilisation contre le gouvernement d'ultra droite et sa croisade libertarienne.


Un article écrit par Jade Lucas.
La date n'est pas anodine : la veille de la marche marquait le dixième anniversaire du premier rassemblement "Ni Una Menos", un collectif féministe fondé à la suite au féminicide de Chiara Páez dans la province de Santa Fe. À travers le slogan "La dette est avec nous", les militant·e·s dénoncent la baisse incessante des budgets alloués aux programmes d'aides aux femmes et aux personnes LGBTI+ victimes de violences de genre. En effet, depuis son arrivée au pouvoir, le président Javier Milei récidive les attaques contre les droits des femmes. Après avoir supprimé le ministère des Femmes, des genres et de la diversité, il a annoncé souhaiter éliminer la notion du féminicide du Code pénal alors qu'en 2024, un féminicide s'est produit toutes les 39 heures, selon les données du Registre national des féminicides du système judiciaire argentin.

Une résistance de masse
"Le peuple argentin a une histoire qui montre l'intersection des luttes en défense des valeurs liées au social, au politique, au culturel — des principes significatifs de notre identité", rappelle Delfina, conseillère directive du centre étudiant de la faculté de sciences sociales de l'Université de Buenos Aires (UBA). De fait, de nombreuses forces sociales étaient rassemblées pour défendre des causes attaquées par les coupes budgétaires du gouvernement. Les syndicats des travailleur·e·s de santé de l'hôpital pédiatrique Gaharran, qui manifestent depuis plusieurs mois pour une hausse de salaire, ont répondu présents aux côtés des habitué·e·s, les retraité·e·s, qui revendiquent toujours une pension plus digne. "L'attaque concrète contre la politique publique", comme le formule Delfina, touche également les personnes en situation de handicap, les travailleurs de l'État ou le secteur de l'université publique. Une journée marquée par la résistance de masse, propre à une partie du peuple argentin révoltée depuis l'ascension de l'extrême droite au pouvoir. "Au final, la situation est très complexe mais on continue de s'opposer pour créer une société plus juste", conclut la militante et travailleuse sociale. Le bilan de cette marche a été un vrai succès, puisque des milliers d'argentin·e·s ont manifesté et apporté leur soutien aux minorités, sous la devise "Unir les luttes est la tâche".
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