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COMMÉMORATION - Trente ans après, les Mères marchent toujours

Écrit par Lepetitjournal Buenos Aires
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 janvier 2018
Le 30 avril 1977, des mères commencent à marcher sur la place de Mai pour retrouver leurs enfants enlevés par la junte, arrivée au pouvoir un an avant. En 2007, elles exigent toujours la vérité et la justice.

Lundi sur la place de Mai, des membres de l'association des Mères ligne fondatrice ont rappelé les enjeux de leur combat (photo Pierre-Philippe Berson/LPJ)

Tourner en rond pour ne pas devenir folles, un leitmotiv pour les Mères de la place de Mai. Trente ans qu'elles battent le pavé tous les jeudis devant la Casa Rosada. Trente ans qu'elles luttent pour exiger la justice et la vérité à propos des 30.000 morts et disparus sous la dictature, de 1976 à 1983. "C'est honteux ce qui a été fait dans ce pays, et c'est honteux ce qui se produit encore aujourd'hui ! Nous voulons savoir ce qu'ils ont fait des corps", réclame Delia Morel, 78 ans. Lundi, l'association des Madres commémorait ces trente ans de bataille par l'organisation d'un grand concert sur la place de Mai réunissant de nombreux artistes engagés à leurs côtés, dont Charly García.

Moins politique, l'autre association, les Mères de la place de Mai ligne fondatrice, a également organisé un hommage aux disparus. Une manifestation "nécessaire pour la mémoire", estime Candela, nièce d'un disparu. "La majorité des Argentins de notre génération ne s'intéresse pas à cette période de l'histoire du pays", déplore-t-elle. A tout juste 14 ans, elle distribue des tracts pour la réapparition de Jorge Julio López, ce témoin clé qui a permis la condamnation à perpétuité de l'ancien commissaire Miguel Etchecolatz et a disparu le 17 septembre.
Ces derniers jours, plusieurs décisions de justice ont confirmé que le combat des organisations de défense des droits de l'homme n'a pas été mené en vain. La justice fédérale a annulé l'amnistie accordée en 1990 par Carlos Menem aux deux chefs de la junte Jorge Videla et Eduardo Emilio Massera, condamnés en 1985 à la prison à perpétuité pour crimes contre l'humanité. Quant au général Reynaldo Bignone, dernier chef de la junte, il sera jugé probablement l'année prochaine pour avoir organisé le vol des enfants de détenus. Le juge qui vient de terminer l'instruction mentionne au moins 200 enlèvements d'enfants. Une décision attendue depuis longtemps par les Abuelas, les grands-mères de la place de Mai, qui recherchent ces enfants.

Pierre-Philippe BERSON et Laurence RIZET. (www.lepetitjournal.com) mercredi 2 mai 2007

lepetitjournal.com Buenos Aires
Publié le 2 mai 2007, mis à jour le 9 janvier 2018
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