Élu le 19 novembre 2023 comme nouveau président de l’Argentine, Javier Milei, en poste depuis le 10 décembre 2023 arrive à mi-mandat. Après les élections législatives de mi-mandat qui ont rythmé la fin d’année 2025, le président, qui les a remportées haut la main (plus de 40%) a maintenant 1 tiers des sièges du Congrès.


Ce dimanche 26 octobre 2026, Javier Milei remporte à la surprise générale les élections législatives de mi-mandat. Depuis quelques mois, le président argentin commençait à sentir le vent tourner. L'opposition se faisait de plus en plus entendre dans les rues, et sa grosse défaite lors des élections législatives dans la province de Buenos Aires en septembre semblait montrer que les Argentins étaient prêts à changer de cap, deux ans après l'avoir élu président avec plus de 55% des voix. Une victoire qui avait déjà surpris son monde, surtout avec un tel écart pour l'ultralibéral, qui se définissait comme "antisystème". Après deux ans au pouvoir, quel bilan tirer de ce mi-mandat du président ?
Diminution de l'inflation, le pari réussi de Javier Milei
Lors de son élection à la présidentielle, Javier Milei, connus pour sa politique "à la tronçonneuse" avait promis de diminuer l'inflation, supprimer de nombreux gouvernements et surtout de diminuer drastiquement les dépenses de l'état afin de diminuer la dette publique. Sachant que, se programme drastique ne serait pas une promenade de santé pour les Argentins, Javier Milei avait appelé à la patience du peuple pendant 2 ans afin de réguler le pays. Dès son arrivée au pouvoir, le nouveau président a procédé à une dévaluation massive du peso argentin, unifié les taux de change multiples qui paralysaient l’économie, et supprimé ou réduit drastiquement les subventions à l’énergie qui pesaient sur les finances publiques. Pour alléger la masse salariale de l'Etat, il a aussi licencié de nombreux fonctionnaires. Selon l’OCDE, le déficit (sans compter les intérêts de la dette) de 2,3 % du PIB en 2023 est passé à 1,8% en 2024, permettant à l’Argentine d’enregistrer son premier budget équilibré depuis quatorze ans.
Le FMI prévoit une inflation de 41,3% pour l'ensemble de l'année 2025 et s'attend à un ralentissement à 16,4% pour 2026.
Le résultat le plus impressionnant concerne l’inflation. Lorsque Javier Milei prend le pouvoir, l’Argentine connaissait une inflation sans précédent, avec un taux annuel dépassant les 200 %. Deux ans plus tard, l’inflation a été ramenée à 31,8 % en rythme annuel, un niveau certes très élevé selon les standards internationaux, mais qui montre une chute considérable pour un pays habitué à voir ses prix doubler chaque année. Alors, oui, la vie en Argentine est chère, voir très chère selon les produits et si on les compare aux salaires moyens (environ 500 dollars par mois) et aux voisins comme le Brésil. Mais depuis deux ans, les Argentins n'ont pas connu une hausse des prix très spectaculaire comme cela pouvait l'être par le passé.
Qui n'a pas épargné une partie de la population
Plus de 200 000 emplois enregistrés ont été détruits entre décembre 2023 et juillet 2025, selon le Centre for Argentine Political Economy (CEPA), et 18 000 entreprises ont fermé leurs portes. L'industrie a été le secteur le plus touché. Par conséquent, le pouvoir d’achat des ménages argentins a lui aussi fortement diminué. Certains secteurs comme la santé ou encore les étudiants et les retraités se sentent totalement abandonnés par cette politique d'économie drastique où les aides sont de plus en plus supprimées. L'ouverture des marchés internationaux, comme la livraison Amazon ou l'accès plus facile à Shein, augmente la concurrence avec les entreprises argentines. Avec la baisse des subventions, les Argentins sont de plus en plus obligés de multiplier les travails afin de pouvoir survivre. La classe moyenne tend à disparaître et a de plus en plus de mal à finir les fins de mois. Les peuples natifs se sentent aussi de plus en plus persécutés et voient leurs terres diminuer. Javier Milei, dans sa politique (la loi Rigi), fait en sorte d'attirer les grands investissements étrangers, notamment pour ces réserves de lithium (l'Argentine possède la troisième réserve mondiale). Enfin, les programmes mis en place pour lutter contre les violences faites aux femmes ou à la communauté LGBT ont été très vite supprimés.
Aujourd'hui, un Argentin sur trois vit sous le seuil de pauvreté.
Des motifs d'espoir pour la suite ?
Cependant, des signes de reprise sont apparus depuis 2025. Selon ses projections, le FMI projette une croissance s’établirait à 4,5 % en 2025. Des secteurs comme l'immobilier, l'automobile ou le tourisme sort la tête de l'eau. Le marché immobilier argentin est en plein boom, surtout à Buenos Aires, avec une hausse des prix et des transactions depuis début 2024, principalement due à la faiblesse du peso qui rend le marché attractif pour les acheteurs étrangers. En 2019, le pays a attiré 7,4 millions de touristes, le plaçant en tête des destinations en Amérique du Sud. Depuis 2024, l'Argentine retrouve enfin ces standards d'avant Covid, les destinations populaires incluent Buenos Aires, le glacier Perito Moreno et les chutes d'Iguazú.
En 2024, Buenos Aires a été classée comme la 77ème ville la plus visitée au monde.
Javier Milei face aux défis de la fin de son mandat
Stabiliser le peso. C'est l’un des points les plus sensibles de la stratégie du président argentin. Après la dévaluation initiale, le gouvernement a tenté d'enrayer les cercles vicieux d’inflation et de fuite vers le dollar. Cependant, la méfiance envers la monnaie nationale reste bien ancrée au sein de la population. Son alliance et le soutien des Etats-Unis vont dans ce sens, mais cette aide financière aura des conséquences dans le futur. Cela permet à Javier Milei, et à sa politique de souffler un peu. L'aide américaine lui a sûrement permis de remporter ces dernières élections et de s'assurer un tiers des sièges du Congrès, ce qui devrait lui faciliter la vie pour les deux prochaines années et diminuer les négociations. Mais pour que son programme soit une réussite, il faudra relancer la productivité du pays. L'agriculture et les énergies naturelles sont les deux secteurs phare de l'Argentine qu'il faudra arriver à développer dans ces deux ans. Pour cela, selon l’OCDE, l’Argentine devra investir massivement dans ses infrastructures, améliorer son système éducatif et judiciaire, et continuer à simplifier son environnement fiscal et réglementaire.
Il faudra cependant continuer à faire face à l'opposition. Si la récession se prolonge ou si la reprise tarde à bénéficier aux classes populaires, la patience des Argentins pourrait s’épuiser. De plus, Javier Milei avait promis de mettre fin à la corruption. Si le président argentin tire profit de la condamnation de l'ancienne présidente Cristina Kirchner pour corruption, Javier Milei se retrouve aujourd'hui impliqué dans plusieurs scandales. En février dernier, le président argentin s'est retrouvé au cœur d'une polémique autour de la cryptomonnaie Libra (il en a fait la promotion). Javier Milei pourrait être impliqué dans cette "crypto-arnaque" et des enquêtes sont en cours bien que celui-ci ait précisé "n'avoir en aucun cas participé au développement". Puis, depuis fin août, Javier Milei et surtout sa sœur Karina Milei (secrétaire générale de la présidente) sont la cible d'une potentielle corruption. La sœur du président est accusée de détournement de fonds, une enquête est en cours.
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