Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

VISITE GUIDÉE : l’ESMA, un lieu de mémoire

Écrit par Lepetitjournal Buenos Aires
Publié le 11 juin 2009, mis à jour le 13 novembre 2012
Pas de tourisme dans ce parcours, mais pour ceux qui s'intéressent au tragique passé des années 1970, cette visite bouleversante est l'occasion d'une prise de conscience. Elle permet aussi un échange très riche avec les militants des droits de l'homme qui ont bataillé pour transformer ces lieux en un espace mémoriel

(Photo: Carlos A. Zito)
L'ESMA
Située dans le quartier nord de Buenos Aires, sur l'avenue Libertador, l'ESMA -à l'origine l'École supérieure de formation des sous-officiers de la Marine- a été utilisée comme principal centre de détention et d'extermination sous la précédente dictature (1976-1983). On estime à 5.000, le nombre de personnes qui y ont été séquestrées et soumises à la torture. Les témoignages de deux-cents survivants ont permis de reconstituer les conditions d'incarcération clandestine des détenus civils. En 2001, une décision de justice confirme l'interdiction de la démolition et en 2004, le gouvernement de Nestor Kirchner et la ville de Buenos Aires créent l'Institut « Espace pour la mémoire, la promotion et la défense des droits de l'Homme ».

Espace dédié à la mémoire des disparus
Grâce à la compétence de jeunes guides, formés sur place comme acteurs sociaux et dotés d'un solide bagage universitaire, l'itinéraire est ponctué de dialogues. «Au tout début, les visites étaient réservées aux familles des disparus puis, en septembre 2008, lorsque l'Armée a complètement délogé les lieux, nous avons organisé des visites plus ouvertes, à un public de plus en plus hétérogène et international », explique Mariana, anthropologue de formation. «Nous privilégions les petits groupes de visiteurs et les présentations de chacun». Passée l'entrée, une chaîne au sol délimite la « zone restreinte » : les bâtiments d'incarcération et de torture (conservés en l'état). On accède au  Casino des officiers, au salon (« Doré ») de réunion et de planification des enlèvements et au sous-sol, au « sótano » où les séquestrés étaient soumis aux tortures. A l'étage, dans une des pièces, plusieurs enfants sont nés, dont neuf ont aujourd'hui été restitués à leur famille. On accède aussi aux combles, surnommées « capucha » où les détenus alignés, séparés par des cloisons, étaient entravés par des chaînes et avaient les yeux bandés nuit et jour. Des panneaux portent des extraits de témoignages des survivants, recueillis notamment lors des procès des militaires.       

Sous l'égide de l'UNESCO
A l'issue du parcours, dans le pavillon central qui abrite les bureaux de l'Institut « Espace pour la Mémoire », il est possible de consulter des photos et des documents historiques. Dans le parc arboré de 17 hectares, une trentaine de bâtiments, voués à la culture et à la recherche, sont aujourd'hui en cours d'aménagement. En février 2009, le Centre international pour la promotion des Droits de l'Homme y a été inauguré par l'UNESCO.

Claude Mary (www.lepetitjournal.com - Buenos Aires) le jeudi 11 juin 2009
    
Visites guidées les lundi, mercredi, vendredi (11 h et 13 h), le samedi à 11 h sur réservation par e-mail : espacioparalamemoria@buenosaires.gov.ar. Durée : environ 2 h 30.  
lepetitjournal.com Buenos Aires
Publié le 11 juin 2009, mis à jour le 13 novembre 2012

Flash infos