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Précarité, féminicides, paix : les défis des femmes d’Amérique Latine

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Écrit par Némo Empis
Publié le 15 décembre 2020, mis à jour le 15 décembre 2020

Un panel d’expertes était réuni en visioconférence autour de la députée Paula Forteza pour évoquer la situation des femmes dans la société colombienne. Précarité, féminicides et accord de paix étaient au programme.

Elles étaient huit invitées autour de leur hôte, Paula Forteza. Toutes présentes à la visioconférence organisée par la députée des Français d’Amérique Latine et des Caraïbes pour évoquer la place de la femme dans la société colombienne et plus globalement en Amérique latine. Intitulée, « Précarité, féminicide et paix : les femmes, le coeur actif de la Colombie », la conférence en ligne s’est articulée autour de ces trois thèmes principaux.

Une vision internationale

Parmi les huit femmes, Delphine O, la secrétaire générale de la Conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes a rappelé que cette année devait avoir lieu le sommet mondial sur le droit des femmes. Pandémie oblige, l’événement est reporté à l’année prochaine et aura lieu à Mexico en mars et à Paris en juin. « Cela fait 25 ans et la conférence de Pékin en 1995 que le monde n’avait plus connu de sommet international concernant les femmes », s’est-elle réjouie. Lors de cette conférence - que Delphine O qualifie d’unique -, l’ONU ciblera six point prioritaires parmi lesquels les violences sexistes, les actions féministes pour la justice climatique ou encore les femmes au coeur des innovations technologiques. « Ces thématiques sont aussi importantes en Colombie qu’en Amérique du Sud mais aussi en France et partout dans le monde », a-t-elle précisé. La secrétaire générale a également souligné que la pandémie de Covid-19 avait encore un peu plus creusé les inégalités de genre, et cela, partout sur la planète.

La précarité aux origines des violences conjugales ?

Derrière Delphine O s’est succédé un panel de femmes d’exception sélectionnées par Paula Forteza et son équipe. Au programme, trois thèmes principaux à commencer par la précarité qui touche les femmes colombiennes. Angelica Montes Montoya, présidente du Groupe de Réflexion et d’Études sur la Colombie (GRECOL), a débuté en soulignant que la lutte contre la précarité et les inégalités se devait d’être une cause nationale. « Ce sujet nous concerne toutes et tous, il faut des solutions concrètes et efficaces, a-t-elle affirmé, les progrès existent mais sont trop lents. » Elle a également rappelé que cette situation d’inégalité était un fléau qui détériorait quotidiennement des milliers de vies, et menait parfois à la mort. Angelica Montes Montoya a également évoqué le lien de corrélation pouvant exister entre précarité chez la femme et violences familiales.

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Des mentalités à changer

La corrélation évoquée par Angelica Montes Montoya se fait ressentir en Colombie selon Yamile Roncacio, directrice de la Fondation Féminicides (FEMCOL). Sur les six premiers mois de l’année 2020, ce ne sont pas moins de 315 féminicides qui ont été recensés en Colombie, des chiffres qui semblent avoir été alourdis suite au confinement. Là encore, Yamile Roncacio estime que la cause doit devenir nationale, « nous avons toutes le droit de vivre à l’abri de la violence, c’est fondamental. » Elle estime que la priorité se trouve dans l’importance de faire prendre conscience aux hommes de la gravité de la situation et non plus de remettre en cause l’attitude des femmes. « Quand une fille est victime de violences, les hommes cherchent à savoir pourquoi elle était habillée de telle ou telle manière, il faut absolument faire changer les mentalités », s’insurge-t-elle. La présidente de la fondation alerte sur le fait que ces comportements ne font qu’alimenter la culture du viol.

Vers la paix ?

En 30 ans - avant la signature de l’accord de paix de 2016 en Colombie entre le gouvernement et les FARC - on a dénombré près de 30 000 victimes de violences sexuelles, dont la majorité était des femmes et des filles. Pour Cécile de Caunes, conseillère internationale de la partie signataire de l'Accord de paix devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, les femmes doivent être davantage prises en considération. Il faut leur donner des responsabilités au niveau des décisions gouvernementales notamment. « Seuls 4% des signataires de l’accord de paix sont des femmes. Des décisions majeures sont prises sur la réconciliation des populations mais on n’y inclut pas les femmes, pourtant elles représentent la moitié du peuple colombien », se désole-t-elle. Cécile de Caunes affirme travailler sans relâche pour accompagner les femmes vers le processus de paix. Elle souhaite leur donner de la voix à l’international et trouver une solution plus fluide entre hommes et femmes, ce qui pourrait littéralement changer la situation des femmes dans la société colombienne.

L’intégralité de la visioconférence (en espagnol) est à revoir sur la chaîne YouTube de la députée Paula Forteza.

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