Il n’est pas facile de lutter contre la rumeur, ce n’est pas Edgar Morin qui nous contredira. Et c’est malheureusement à cela que doivent faire actuellement face les autorités birmanes. Une rumeur d’enlèvements d’enfants à la sortie des écoles se propage en effet depuis la semaine dernière dans plusieurs grandes villes du pays, dont Yangon évidemment. Le mécanisme est toujours le même, classique et bien étudié mais dramatiquement si efficace même s’il se met en place de manière presque spontanée mais faisant toujours écho à des doutes, des angoisses et des préjugés sociaux : quelqu’un affirme un événement en reconnaissant ne pas en avoir été directement témoin mais le tenir en revanche d’une « source sûre », qui est toujours un proche - un ami, de la famille, etc. – enfin, « quelqu’un en qui on peut avoir toute confiance ». Et ensuite l’événement en question – faux bien sûr – est propagé avec bonne conscience, cette dernière étant un autre élément clef du processus. Pendant longtemps, cela est passé par le bouche à oreilles, fonctionnel mais lent, mais l’avènement des réseaux sociaux a couronné cette pratique sociale néfaste et parfois mortelle. Dans le cas des enfants birmans, des messages ont circulé sur Facebook comme quoi de jeunes birmans ne seraient pas rentrés chez eux de l’école, puis d’autres messages ont alors affirmé que ces petits avaient été purement et simplement enlevés. Rien n’a été prouvé ni officiellement documenté mais le pouvoir performatif des mots est tel que, par exemple, le ministère régional de l’Education de la région de Magwé a préféré rendre public le 29 novembre dernier un avertissement aux établissements scolaires sous sa responsabilité, leur recommandant « de bien surveiller les enfants et de s’assurer qu’ils quittent l’école en toute sécurité ». Le 25 novembre en effet, dans la ville de Pakkoku, qui est dans la région de Magwé, un déséquilibré a essayé d’emmener un enfant de 8 ans à l’heure du déjeuner. Des adultes se sont interposés, la police est venue et tous ont pu constater que l’individu était mentalement déficient. Mais ce qui n’est qu’un incident isolé quoique grave et regrettable a contribué à alimenter encore un peu plus cette terrible rumeur qui persiste pour l’instant dans le pays. Mais qui n’est à ce jour qu’une rumeur !
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 3 décembre 2019
Publié le 3 décembre 2019, mis à jour le 3 décembre 2019
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