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« Une Histoire birmane », sur les pas de George Orwell en Birmanie

Orwell a vécu longtemps en BirmanieOrwell a vécu longtemps en Birmanie

Durant les vacances d’été, LePetitJournal.com Birmanie publie à nouveau des articles plébiscités par les lecteurs. L’occasion de les découvrir ou de les relire.

 

Le George Orwell dont on a tous entendu parler, c’est celui de 1984 et de La ferme des animaux. Celui d’avant, qui n’était pas encore auteur mais officier dans la police coloniale britannique en Birmanie, est moins connu. Pourtant, c’est cette expérience qui a été sa source d’inspiration pour son premier roman, Une histoire birmane. Retour « chez Orwell »…

 

Né le 25 juin 1903 en Inde, George Orwell, de son vrai nom Eric Arthur Blair, est né à Motihari en Inde Britannique en 1903. Issu d’une famille bourgeoise qui doit sa prospérité à l'impérialisme britannique, Orwell suit une brillante scolarité en Grande-Bretagne au prestigieux collège d’Eton. Il s’oriente ensuite vers une carrière militaire et arrive en Birmanie, à Katha, en 1922, en tant que chef adjoint de la police impériale.

 

La ville, qui comptait 4 000 habitants il y a plus d’un siècle et 24 000 aujourd’hui, possède un grand nombre de bâtiments coloniaux en bois, dont l’un des plus connus est la maison où George Orwell aurait vécu et écrit Une Histoire birmane.  Pourtant il n’y a pas de documents attestant qu’il aurait habité dans ce logement.   De son titre original Burmese days, l’ouvrage d'Orwell paru en 1934 sans franc succès, est inspiré de son expérience en Birmanie. En début de livre, une ébauche de croquis laissée par l'auteur laisse à penser que l'action du roman se déroule à Katha, ville qu'Orwell a lui-même connue, même s'il s'agit sans doute d'un dessin destiné à mieux visualiser l'histoire.

 

Le personnage principal est Flory, fonctionnaire britannique affecté dans un village de haute-Birmanie, au Nord de Mandalay. Seule une poignée d’hommes blancs vivent dans le secteur, réunis au sein d’un club privé strictement interdit aux indigènes dans lequel Flory est obligé de supporter les mêmes conversations xénophobes depuis des années. Flory est un homme lucide et intellectuel. Il porte sur l’attitude britannique un regard critique, considérant les Anglais comme des négriers de la pire espèce (« Le fonctionnaire maintient le Birman à terre tandis que l’homme d’affaires lui fait les poches »). Mais Flory a un gros défaut : complexé depuis sa plus tendre enfance par une vilaine tâche de naissance lui recouvrant la moitié du visage, il est lâche et refuse la confrontation verbale avec ses compatriotes. Il se contente d’acquiescer vaguement depuis des années aux propos ouvertement racistes des autres membres du club, et tient en horreur sa propre lâcheté. La soupape de décompression de Flory, c’est son ami birman Veraswami, directeur et médecin en chef de la prison du district. Avec lui, il est libre d’exprimer le plus profond de sa pensée et expose avec ferveur son dégoût pour l’empire britannique. La situation est ubuesque : depuis des années qu’ils se connaissent, c’est le médecin birman qui tente de persuader le fonctionnaire britannique du bien-fondé de l’action des Anglais !

 

L’arrivée dans le village de la jeune et ravissante Elisabeth, 22 ans, nièce d’un des membres du club, qui vient de perdre ses parents en Europe, va chambouler le cœur de Flory. Se pourrait-il qu’Elisabeth puisse le comprendre et briser sa solitude qui lui pèse chaque jour d’avantage ? Il aura en tout cas bien du mal à lui ôter tous les préjugés dont elle est, elle aussi, imprégnée, et cela pourrait bien lui briser définitivement le cœur… Dans le même temps, le sombre U Po Kyin, petit fonctionnaire birman plein d’ambition, fomente un complot diabolique pour faire tomber son ennemi, le docteur Veraswami. Faire des mauvaises actions et prendre le risque de ressusciter en serpent ou en grenouille, U Po Kyin, pour le moment, n’en a cure. Quand il aura grimpé un à un tous les échelons, il aura alors le temps de racheter ses mauvaises actions passées en finançant la construction de multiples pagodes. En attendant, meurtres, diffamations, manipulations : U Po Kyin est prêt à tout pour faire tomber en disgrâce Versawami, au grand dam de son épouse qui le voit s’enfoncer jour après jour dans la haine et la perfidie.

L’amitié entre le docteur Veraswami et Flory survivra-t-elle aux intrigues de U Po Kyin? Flory parviendra-t-il à conquérir le cœur d’Elisabeth? Au-delà de l’histoire à proprement parler qui vous tiendra en haleine, c’est une véritable plongée dans l’empire colonial des années 1920.

 

A Katha, dans cette petite ville située sur les bords du fleuve Irrawaddy, la maison en bois de deux étages où aurait vécu Orwell, entourée d'un jardin tropical, est restée inoccupée pendant 16 ans. La maison menaça de s’écrouler il y a 5 ans, c’est alors que des artistes locaux lancèrent une campagne pour la rénover et en faire un musée, comme d'autres lieux de la ville évoqués dans le premier roman de l'écrivain. L’artiste birman à l’origine du projet souhaitait alors à l’époque restaurer tous les bâtiments qui apparaissent dans Une histoire birmane. Certains lieux emblématiques du livre ont échappé à l'oubli, comme le British Club transformé en coopérative, l'église anglicane, toujours en fonctionnement, ou le court de tennis, autrefois interdit à la population locale, qui a été rénové et compte maintenant une dizaine de membres. Il y a très peu d’habitants qui connaissent réellement George Orwell mais les touristes sont de plus en plus nombreux à venir dans la petite ville, attirés par les lieux décrits par l’auteur. Ce premier roman parle surtout de l’ennui des colons dans cette partie de l'empire britannique, d'où l'importance symbolique de lieux comme le club ou même le bar où les fonctionnaires britanniques venaient s'accouder, passant leur temps à boire et à mépriser les Birmans.

 

Cinq ans plus tard, en 1927, Eric Arthur Blair quitte la Birmanie profondément écœuré par le système colonial dont il fait un triste compte rendu dans Une histoire birmane. Il pensait que son expérience en Birmanie serait une aventure. En réalité, ces cinq années ne firent qu'amplifier sa solitude. Cet écrivain, un des plus influents du XXe siècle,  passera les vingt années suivantes à écrire sur cette expérience conflictuelle.

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Publié le 21 août 2019, mis à jour le 21 août 2019

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