Le 30 septembre, ce sont plus d’un millier de personnes qui ont défilé dans les rues de Monywa pour protester contre l’autorisation accordée à l’entreprise chinoise Myanmar Yang Tse Copper de procéder à des sondages dans la zone de Wazeintaung en vue d’une exploitation minière. La manifestation a été virulente, à tel point que les autorités locales ont finalement annulé le permis octroyé. « Nous n’avons rien contre l’exploitation minière et nous comprenons que celle-ci apporte de l’argent et des emplois. Ce que nous refusons ce sont les méthodes de cette entreprise chinoise, qui s’empare illégalement de terres agricoles, qui triche sur les indemnisations pour voler les habitants, qui ne respecte pas les lois sur l’environnement et donc pollue notre terre », explique l’un des protestataires.
Les manifestants reprochent d’une part au gouvernement local de n’avoir pas ouvert d’enquête publique et d’avoir signé le permis en catimini et d’autre part à la compagnie chinoise d’avoir déjà commencé ses sondages sans aucune autorisation et en bousculant les locaux, exactement le genre d’attitude que rejette la population. Myanmar Yang Tse Copper est une filiale de Wanbao Mining Copper, qui exploitent actuellement la mine de Letpadaung en collaboration avec le conglomérat de l’armée, Myanmar Economic Holdings, l’un des conglomérats pointés du doigt par les Nations-Unies comme étant un instrument de fraude et de malversations. La mine de Letpadaung est notoire pour les nombreux problèmes sociaux et environnementaux qu’elle a créés, sans aucun retour réel pour les habitants malgré les nombreuses promesses qui leur avaient été faites pour obtenir leur consentement a cette exploitation du sous-sol.
« Myanmar Yang Tse Copper exploite déjà deux mines dans la région, et ils polluent à tout va sans jamais rien nettoyer correctement après, malgré la loi, et ils expulsent les habitants sans payer toutes les indemnisations. Les gens ont déjà beaucoup souffert, pas la peine d’ouvrir une troisième mine dans ces conditions pour qu’ils souffrent encore plus », affirme un militant local. Le projet soumis par Myanmar Yang Tse Copper prévoit d’exploiter une zone de 460 kilomètres carrés, soit une superficie 100 fois supérieure à celle de la mine de Letpadaung, dont 325 kilomètres carrés couverts par des champs en exploitation, des villages et habitations et des centres religieux. D’ailleurs, le permis accordé dans un premier temps par le gouvernement local ne concernait que 80 kilomètres carrés, ce qui n’a manifestement pas arrêté l’entreprise. Selon les militants locaux, rien que les sondages correspondent à un investissement entre 6 à 10 millions de dollars et affecteraient plus de 120 villages et 80 000 personnes. Invitée à s’exprimer, Myanmar Yang Tse Copper a décliné.
La décision finale d’accorder ou non le permis de prospection et ensuite éventuellement d’exploitation revient désormais au gouvernement central de Nay Pyi Taw.