Une recherche de l’ONG DKT Myanmar, qui se consacre aux questions de planning familial et de prévention du sida, montre une grande ignorance des Birmans en matière de sexualité. L’étude, intitulée « Les connaissances, attitudes et pratiques sexuelles en 2019 » repose sur un sondage auprès de 1 000 adultes célibataires de 18 à 45 ans interrogés entre décembre 2018 et janvier 2019 dans toute la Birmanie à l’exception des états Chin et Kayah. Si 96% des répondants considèrent qu’une éducation sexuelle formelle et encadrée est importante, ce sont seulement 89% qui estime que cette éducation doit être dispensée à l’école. Et parmi les 25% qui ont bénéficié d’une telle éducation sexuelle formelle, l’écrasante majorité sont des urbains. Les deux-tiers des personnes interrogées citent leurs amis, leurs voisins et internet comme principale source d’informations sur la sexualité, et très peu leurs parents ou famille.
L’étude met aussi à jour l’aspect oppressif sur les femmes de la culture birmane. Les filles qui ont des relations sexuelles prénuptiales montrent plus de regrets, de sentiments négatifs et de culpabilité que les garçons ; 97% des répondants jugent qu’une femme doit arriver vierge au mariage mais seulement 76% qu’il doit en être de même pour un homme ; et 59% disent qu’un garçon ne respectera pas une fille qui accepte d’avoir des relations sexuelles hors mariage avec lui. Encore plus inquiétant, la moitié des personnes interrogées affirment que « parfois un garçon est obligé de forcer une fille à avoir des relations sexuelles ».
Quand on en vient à la contraception et à la reproduction, les effets de l’ignorance frappent aussi. Ce sont 60% des répondants qui considèrent que la contraception est la responsabilité de la femme. Et la grande majorité personnes interrogées reconnaissent qu’elles sont mal à l’aise pour acheter un contraceptif. En revanche, 85% disent pouvoir facilement parler de contraception avec leur médecin. Et légère lumière dans les âges obscurs, les deux-tiers affirment que la contraception se décide en accord avec le ou la partenaire.
Enfin, preuve s’il en est besoin que l’éducation sexuelle formelle est une nécessité, la plupart des répondants ne savent pas à quelle étape de son cycle menstruel une femme peut tomber enceinte et un quart (!) pensent que c’est durant leurs règles que les femmes sont le plus fécondes…